Cheminement intellectuel hors des sentiers battus

 

 Première étape  -  Sens, communication

 Les abeilles sont capables de signifier et de transmettre la "situation" des zones de nourriture par le biais de danses.

Ainsi, plus ces zones sont proches de la ruche plus la danse est frénétique, tandis que l'angle fait par l'axe de la danse avec la verticale, dépend des orientations "ruche - soleil" et " zone de nourriture - soleil".

Ce seul fait atteste avec force, le "réalisme" de processus de communication (de transfert de "sens") dans l’ensemble du phénomène de la vie.

 

L'homme utilise pour s'exprimer des moyens en rapport avec ses capacités qui d’ailleurs, peuvent être "actualisées" (rendues plus effectives) par l’éducation et la prise en compte des expériences vécues.

L’évolution de son langage depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, est particulièrement significative à cet égard :

le nouveau-né manifeste sa présence par des cris et des gestes simples,

l'enfant emploie des mots et de petites phrases,

l'adolescent, après avoir "digéré" toutes les complexités de sa langue, utilise des phrases plus élaborées et peut faire des discours, ...,

le savant a recourt à de subtiles formalisations.

 

Pourquoi les mots diversement rangés font-ils "sens" divers, s’interrogeait déjà Blaise Pascal (1623 – 1662), sans avoir jamais répondu ?,

une interrogation qui en appelle une autre tout aussi essentielle :

qu’en est-il de l'entité qui, "par" le biais de mots, de phrases, de formalisations, de directives, ..., signifie ?

 

Fait remarquable, bien que nous sachions signifier de manière consciente, l’accès au processus primordial qui permet le sens des lettres, des mots et des phrases, nous est interdit.

Par exemple, les physiciens développent des théories extrêmement ésotériques sans avoir accès aux moyens primordiaux qui leur permettent d’établir des corrélations entre le réel sensible et leurs représentations cérébrales (abstraites, virtuelles) des phénomènes.

 

Il existe donc des entendements intériorisés qui n’émergent pas de l’état de conscience, et l'"entendement conscient du sens" ne découle pas du seul usage de règles et de pratiques. 

 

D’ailleurs, nous le savons désormais, tout être, quel que soit son niveau de complexité, dans l’intériorité de son corps, est l’objet d’incessantes transmissions d’organisations de processus à effet biologique et de processus à effet comportemental, voire de processus à effet mortifère.

Songeons à la reconnaissance et à l’interprétation permanente des organisations de processus inscrites (mémorisées) sur l'ADN à l'aide de quelque 60.000 gènes ne nécessitant que quatre "bases atomo quantiques" distinctes  (Adénine, Cytosine, Guanine et Thymine).

Songeons également à la "spécialisation" des cellules ; cette spécialisation est corrélative d’organisations car les cellules originelles sont toutes semblables, et de prise en compte de directives (de "sens") puisqu’elles se fixent là où elles sont nécessaires et "demandées". 

 

Il n’y a donc aucune différence, quant aux causes primordiales, entre les divers langages des êtres, qu'ils soient d'expression consciente ou innée, et nous considérons même que certains de ces langages, extra sensoriels, permettent d’établir des relations planétaires intéressant l'ensemble de la biomasse.

 

Ainsi, le langage qui émerge de l’état de conscience est, et sera toujours, "extrêmement pauvre" vis-à-vis des langages nécessaires à la dynamique du phénomène de la vie, voire à la dynamique de l’univers.

Dès lors, rien n'est plus erroné que de considérer le langage, notamment l'écriture, comme des producteurs de transcendance.

Il en est de l'inverse, c'est parce que notre je (moi, ego, sujet, esprit) est d'ordre transcendant que nous pouvons avoir des activités abstraites et actualiser (exprimer) certaines par le langage.

Nuance !

 

 

Seconde étape  -  Des ondes électromagnétiques, vecteurs primordiaux du sens

 

 

Les biologistes constatent que les organisations de processus au niveau moléculaire, impérieusement nécessaires à la dynamique des êtres, ne sont pas affectées par les changements de modes de transmission.

En particulier, ces organisations de processus ne sont pas "altérées" lors de la "traversée" des synapses.

Plus précisément, le "sens" n’est aucunement modifié après passage des interfaces neuronales, et ce malgré différents vecteurs : molécules biochimiques ou signaux électriques,

fait essentiel prévu par Ariel G. Loewy (1925-2001)  et, aujourd'hui, unanimement reconnu.

 

En outre, contrairement à ce qui est communément admis, les états de la matière ne sont jamais en étroit contact, en particulier il n’y a jamais de contact absolu entre la peau et ce qui lui est extérieur.

La peau est en effet constituée de molécules, d'atomes et de particules (une cellule recèle quelque 1000 milliards d'atomes),

et tous ces éléments sont séparés par le vide quantique (pensez au vide cosmique).

 

Les vrais vecteurs des informations qui transitent par la peau sont donc des ondes électromagnétiques, les seules à traverser, les seules à pouvoir traverser le vide quantique ; rappelons que tout élément de la matière est singularisé par les ondes électromagnétiques qui lui sont inexorablement associées (tout état du réel vibre).

 

De plus, la redondance des récepteurs biologiques (leur grand nombre), ne sert pas uniquement à accroître la fiabilité des organes sensoriels.

Cette redondance permet également de "dépouiller" les perceptions sensorielles de certaines perturbations de caractère aléatoire.

En d'autres termes, la multiplication des points de détection permet d'amplifier le caractère "utile" des perceptions en éliminant, par mixage, quelques ondes électromagnétiques parasites de caractère aléatoire.

 

*

 

La vie nécessite l’individuation et l’interdépendance ;  au niveau élémentaire de notre corps, par exemple,

- l’individuation de toute cellule est assurée par une fine membrane perméable extrêmement flexible,

- l’interdépendance par des flux d’énergies, d’informations  et d’organisations de processus biologiques.

 

Que l’on puisse désormais transformer toute image en une suite de d’associations binaires ; 0 – 1 (c’est à  dire "activé – non activé", lorsqu’il s’agit du fonctionnement des neurones),

et qu’à chaque état constitutif de la matière, inerte et animée, soient inexorablement associés des trains d’ondes électromagnétiques,

jette un nouvel éclairage sur cette interdépendance et conduit même à postuler avec assurances, que des ondes électromagnétiques sont les vecteurs primordiaux de toute information, et plus généralement du "sens".

Que sont ces ondes électromagnétiques et où résident-elles ?

 

Aujourd'hui encore, les réponses à cette interrogation s'appuient, uniquement et hélas, sur des attendus scientifiques ignorant tout des causes primordiales.

D’ailleurs, Newton avait conscience de ce réductionnisme, s'étonnant notamment :

"que l'attraction doive être une propriété innée, inhérente et nécessaire de la matière de telle sorte qu'un corps puisse interagir avec un autre dans le vide sans que quelque chose d'autre y prenne part, grâce à quoi et à travers quoi leur action et leur force pourraient se transmettre de l'un à l'autre, me paraît une si grande absurdité .... ".

 

Selon Einstein :

"… par l’introduction de la notion de champ dans l’électrodynamique, Maxwell réussit à prédire l’existence d’ondes électromagnétiques dont l’identité fondamentale avec les ondes de la lumière était déjà indubitable à cause de l'égalité de la vitesse de propagation. Par-là l’optique fut, en principe, absorbée par l’électrodynamique. L’effet psychologique de ce succès considérable était que la notion de champ acquit, vis-à-vis du cadre mécanistique de la physique classique, une indépendance de plus en plus grande.

Mais on admettait néanmoins tout d’abord, comme chose qui va de soi, que les champs électromagnétiques doivent être interprétés comme des états de l’éther, et l’on déploya beaucoup de zèle pour expliquer ces états mécaniquement. C’est seulement après avoir échoué dans ces tentatives qu’on s’habitua lentement à renoncer à de telles interprétations mécaniques. Toujours cependant la conviction persistait que les champs électromagnétiques étaient des états de l’éther ; tel était l’état du problème au commencement de ce siècle (il  s’agit du XXe siècle)." (cf. La théorie de la relativité restreinte et générale).

Or il en est toujours ainsi !

 

En fait, pour les scientifiques les théories et les équations qui prennent en compte la notion de champ ne font que traduire et symboliser les potentialités de variation dans le temps et dans l'espace, de tel ou tel comportement, de telle ou telle propriété caractéristique d'un phénomène, afin de les rendre accessibles aux calculs.

 

Néanmoins, les récents travaux de divers chercheurs jettent de nouveaux éclairages sur le mystère qui entoure ces (les) ondes électromagnétiques, sans que l’on puisse, il est vrai, en cerner la nature.

Nous citerons par exemple, les expériences qui mettent en jeu la coagulation du plasma sanguin.

Très succinctement exprimé,

ces expériences qui s'appuient sur le fait que les particules, les atomes, les molécules vibrent, font appel à deux processus originaux :

- le premier consiste à plonger dans un champ électromagnétique, une éprouvette recelant de l'eau pure et une goutte d'un produit qui, soit favorise la coagulation du sang, soit l'annihile,

puis à enregistrer sous forme numérique les perturbations affectant, ipso facto, ce champ et le courant électrique qui le génère.

- suivant un second processus, de l'eau strictement pure est soumise à un champ électromagnétique modulé à l'aide de l'enregistrement précité (ce nouveau champ est bien évidemment semblable au champ dont les perturbations ont été numérisées).

 

Après quelque 20 minutes, constat remarquable, cette eau strictement pure se révèle "vecteur" de (marquée par) certains signaux à effet biologique émanant des produits actifs expérimentés.

Preuve en est : selon les produits utilisés, cette eau permet ou ralentit, voire annihile, la coagulation du sang.

 

Une révolution de notre compréhension du réel s’annonce donc, qui permettra de reconnaître l’univers comme un cybermonde où le "sens" est omniprésent,

avec tout ce qu'implique ce fait ; entre autres, l'interprétation et la prise en compte permanente de repères de valeur par une entité créatrice qui ne peut être que d'ordre transcendant, c'est-à-dire de caractère divin,

une entité qui d’ailleurs, se reconnaît en nous sous le couvert du je (moi, ego, esprit) et par le biais de l’état de conscience.

 

*

 

Considérons à ce propos, le patrimoine génétique.

Certes les scientifiques sont désormais capables de "formaliser" (de représenter) les structurations spatiales des molécules constituant l’ADN, et "commencent à connaître" l’impact de ces molécules sur le développement et le comportement des individus.

Mais alors, qu’en est-il du langage génétique proprement dit, de sa mémorisation et de ses vecteurs primordiaux ?

 

Puisqu’il est possible de numériser (et mémoriser) des informations et des interprétations de perceptions, donc du  "sens", et de les transmettre par le biais d’ondes électromagnétiques,

sachant,

- qu’il n’y a pas de contact physique absolu entre les états de la matière car les particules, les atomes et les molécules qui la constituent, sont séparés par le vide quantique,

- que des ondes électromagnétiques sont les vecteurs primordiaux du sens, car ce sont les seules entités capables de traverser les "vides".

- que des ondes électromagnétiques sont inexorablement associées à chaque constituant de la matière,

- que les directives génétiques à effets biologiques, ne sont pas altérées par la traversée des synapses, eux-mêmes formés de molécules (fait particulier et condition suffisante),

 

nous pouvons postuler avec assurance, que le langage génétique relève non seulement de l’interprétation des fréquences et des amplitudes de telles ondes, mais surtout de l’interprétation des interférences de celles-ci,

interférences qui sont fonction de positions spatiales et de nano distances,

à l’instar du langage humain qui nécessite l’interprétation de la position des lettres dans le mot, des mots dans la phrase et des phrases dans le discours. 

 

Dès lors, nous comprenons mieux,

et l’extrême richesse de ce langage bien qu’il n’ait comme "lettres de base" que quatre molécules azotées : Adénine, Cytosine, Guanine et Thymine,

et hélas, l’impossibilité de connaître, en clair, les informations et les directives qu’il permet de transmettre.

 

Néanmoins, ces faits essentiels montrent, à l’évidence, que les molécules qui sont médicalement actives, le sont, en premier lieu, en raison des informations et des organisations de processus qu’elles permettent de mémoriser et de diffuser par le moyen d’ondes électromagnétiques spécifiques.

En outre, sachant qu’il est désormais possible d’enregistrer certains flux d’interférences de ces ondes, il n’est pas déraisonnable de croire que de tels enregistrements trouveront très prochainement des applications en médecine.

 

 

Troisième étape  -  Le temps

 

 

Préalablement à toute quête des causes primordiales, il est en effet impératif de méditer à propos du temps.

Par exemple, si le temps est considéré comme une mystérieuse entité qui s'écoule,

ou comme un ensemble d'entre-deux (de durées) qui ne sont pas de l'espace et donc, qui sont  d’ordre transcendant,

l'univers peut apparaître, respectivement,

soit comme ayant eu un commencement (encore que !),

soit, comme nous le croyons, préexistant de toute éternité.

 

Faits remarquables,

- l'espace a la propriété de contenir le réel selon trois axes que nous distinguons a priori, trois directions privilégiées qui permettent de spécifier les dimensions volumiques ; tous les êtres d'ailleurs, reconnaissent, à leur manière, ce que nous appelons la longueur, la largeur et la hauteur,

- les repères temporels sont appréhendés grâce à des facultés qui permettent à tout être, plus exactement à l’entité créatrice qui anime tout être, d'estimer des entre-deux non spatiaux : les durées,

et ce, suivant des processus innés, ou innés et conscients chez l'homme,

- en outre, l'espace et le temps ne comportent aucune discontinuité.

Nous les "fragmentons" néanmoins, en évoluant dans l’espace.

Argumentons.

 

*

 

Depuis Kant (1724, 1804), le temps et l'espace seront compris comme des intuitions pures de la sensibilité hors de toute donnée empirique.

D'ailleurs, l'intelligentsia philosophique actuelle considère encore, la "saisie" de l'espace et du temps comme propre au seul genre humain ; "Le temps en soi est une absurdité ; il n'y a de temps que pour un être sentant" écrivait  Nietzsche (cf. Le Livre du philosophe, Etudes théoriques).

A vrai dire, suite aux travaux de Lorentz (1853, 1928) qui permirent à Einstein (1879, 1955) d'échafauder ses théories de la relativité restreinte et de la relativité générale,

le temps est uniquement reconnu et compris comme une entité indicible qui s’écoule inexorablement, mais qui peut être formalisée par un continuum de nombres (de durées).

 

Or les sciences de la vie conduisent à d’autres compréhensions, à condition toutefois de demeurer vigilants vis-à-vis  du discours scientifique notamment lorsque les biologistes nous disent que les rythmes biologiques sont ponctués par des structures moléculaires spécifiques, à la manière d'horloges.

En vérité, les rythmes biologiques ne sont pas ponctués par des structures moléculaires mais à  l'aide de ces structures car celles-ci sont des "outils" ; quelle qu'elle soit, de par sa seule  nature physique, une structure moléculaire ne peut pas reconnaître, juger, choisir,…,  in fine : décider et agir.

 

L’utilisation du temps, plus exactement, la prise en compte de durées n’est donc pas l’apanage de l’humain, et l'homme, évidemment, ne sait juger que des durées accédant à son entendement conscient.

En outre, si en regard des évolutions du réel, le "sens" (la direction) associé au temps est toujours représentatif d’un passage du passé au futur, il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit du "temps potentiel", en particulier du temps non actualisé qui caractérise  le domaine de l’abstraction.

Mentalement en effet, nous pouvons aisément nous extraire du futur (nous extraire d’anticipations), pour revenir dans le présent et dans le passé.

 

Mais alors,

qui juge et utilise les laps de temps impérieusement nécessaires à l'activité des cellules ?, qui juge les laps de temps qui demeurent associés aux comportements des particules, des atomes et des molécules ?

 

*

 

L’instant présent qui permet de diviser les actualisations du temps c'est-à-dire les durées, mais qui, lui-même, n'est pas divisible,

est également riche d’enseignements philosophiques et théologiques.

 

Constat remarquable, les instants ne sont pas affectés par les contraintes de la relativité,

et ne peuvent être rassemblés bout à bout pour former des laps de temps puisqu'ils n'ont pas de durée (sinon en eux, se mêleraient passé et futur).

En cela, l’instant est une référence absolue.

 

L'analyse du moment présent par saint Augustin, nous paraît dès lors très pertinente :

"Je sais qu'il n'y aurait ni, si rien ne se passait, temps passé, ni, si rien n'advenait, temps futur, ni, si rien n'existait, temps présent, ... Quant à un présent, toujours présent, qui ne s'en aille point en un passé, ce ne serait plus du temps, ce serait l'éternité. Si donc le présent, pour être du temps, ne devient présent qu'à cause qu'il s'en va en un passé, quel mode d'être lui attribuer, sa raison d'être étant qu'il cessera d'être, si bien que nous attribuons vraiment un être au temps qu'à cause qu'il tend à n'être pas" (cf. Confessions - Livre XI, 14).

 

Ainsi, le moment présent (l’instant) représentatif de l’éternité, se révèle omniprésent, impliqué en tout être, ipso facto, en tout état du réel.

D’ailleurs,

nous nous transformons sans cesse, physiquement, durant notre existence, mais nous continuons à demeurer identiques en étant toujours soi au sein d'un ego invariant,

et le je (moi, sujet, ego, esprit), bien que capable de transcender le corps (notre identité physique), de se déplacer dans l'espace et d'utiliser le temps, est constamment contraint de reconnaître, de juger, …, de choisir, dans le moment  présent, son seul référentiel absolu.

 

Le temps se révèle ainsi, un mystérieux moyen potentiel qui, après son actualisation sous le couvert de durées, permet d’inscrire les évolutions de l’univers dans des chronologies rigoureuses ; de par sa nature transcendante, il n’eut pas de commencement et n'aura pas de fin.

 

En outre, ne soyons pas étonnés par sa dichotomie exprimée par :

- le "temps actualisé" susceptible d'être objectivé par le moyen d'appareils de mesure ou se prêtant à des symbolisations et des équations,

- le "temps potentiel" susceptible d'être associé à tout phénomène physique ou à tout référentiel abstrait comme les imageries virtuelles, les concepts, les idées qui meublent le domaine de l’abstraction,

et réfutons, avec assurance, l'assertion selon laquelle le temps est seulement en nous et pour nous.

Kant nous excusera !

 

 

Quatrième étape  -  La relativité pour les philosophes et les théologiens.

 

 

Malgré l’impact de ses mythiques théories de la relativité, A. Einstein a néanmoins conduit à minimiser un fait essentiel :

tous nos jugements sont, eux aussi, de caractère relatif.

Méditons quelque peu à ce propos.

 

Nous jugeons en effet, par le moyen d’une multitude d’antonymes : lent- rapide, long - court, positif - négatif, …, bien – mal ; et nous ne sommes pas les seuls êtres dotés de ce pouvoir.

Tous les êtres utilisent des critères semblables aux nôtres, même si ces critères sont moins subtils, ce qui atteste d’ailleurs,  le réalisme (l’existence) de multiples niveaux d’entendement.

 

Par exemple si nous étions une "cellule" (ou un être élémentaire),

nous manifesterions quelques intentionnalités et objectifs comparables à ceux qui émergent de l'état de conscience. 

Pour "faire vivre" l'extraordinaire usine que nous serions :

nous percevrions notre environnement par des sens élémentaires, conserverions nos informations à l'aide de mémoires biologiques constituées de molécules, d'atomes, de particules, ...,

analyserions, gérerions et conduirions le développement de notre état d'être avec d’impérieux désirs comme pérenniser notre vie et accroître notre compréhension du "petit monde" qui nous entoure.

Pour cela, nous aurions donc la connaissance du "haut - bas", "devant - derrière", …, de l'"utile - nuisible",..., du "moi - non moi", de l'"ami - ennemi ", …, et disposerions de toutes les facultés nécessaires à notre dynamique de vie.

 

De même, :

 

- "végétal",

nous n'ignorerions pas les cycles solaires et lunaires,..., nous pressentirions les zones humides pour y enfoncer nos racines afin de puiser l'eau, ..., nous utiliserions les photons nécessaires aux extraordinaires activités de photosynthèse qui nous seraient propres ....

"Dionée" par exemple (dionaea muscipula, il s’agit d’une plante carnivore), nous saurions "sommer" (additionner) puisque nous ne réagirions aux perturbations que si celles-ci affectent au moins, deux de nos poils détecteurs, sommer de manière déjà subtile puisqu'il  faut que deux poils opposés soient touchés successivement,

 

- et "animal" ou un  "humanoïde", nous agirions suivant des modes dits instinctifs.

Certes, nous n'aurions, par rapport à l'humain, qu'une connaissance "amoindrie" des choses et des phénomènes, notamment en raison de capacités de mémorisation plus réduites,

néanmoins, disposant d'un système de valeur assez "élaboré", nous exprimerions des  émotions ; songeons aux animaux domestiques.

 

Ainsi, il apparaît clairement que tous les êtres ont un entendement du monde de caractère subordonné, adapté à leur niveau de complexité !

 

 

Cinquième étape  -  Niveaux d’entendement et état de conscience

 

 

Nous pouvons argumenter l’existence de niveaux d’entendement de caractère subordonné mais aussi interdépendants, en analysant les processus cérébraux mis en œuvre lors de la signification d’un mot (ou d’un nombre),

depuis ceux relatifs à la prise en compte de l’ensemble des traits qui forment le mot, à l’aide de neurones spécifiques (à l’aide de, et non pas par),

jusqu’à celui mystérieux où il y a don du sens,

en passant par ceux qui permettent d’estimer les grandeurs des lettres, …, les corrélations avec d’autres symboles, …, la position du mot dans la phrase, dans le discours, …, voire le rôle des blancs et des non-dits.

Les neurobiologistes sont d’ailleurs très prolixes à propos de cette chaîne de reconnaissances (donc d’entendement), néanmoins ils ne répondent jamais à l’incontournable interrogation :

qui signifie ?,

se satisfaisant de phraséologies du genre :

"… puisque certaines représentations de la scène visuelle réalisées par des processus corticaux de notre voie visuelle dorsale, opèrent à notre insu, sont capables de guider notre comportement moteur sans que nous en ayons conscience.",

comme si des processus étaient capables de juger, …, de choisir et décider !,

ce qui ne semble guère les gêner lorsqu’ils nous parlent de l’existence, désormais reconnue expérimentalement, d’un "inconscient intelligent", c'est-à-dire d’une vie mentale non-consciente.

 

Néanmoins, il admettent que tous les processus mentaux impliquent des traitements d’informations et de directives et que les fruits des activités du cerveau, qui n’accèdent pas à l’état de conscience, impliquent outre les structures cérébrales archaïques, des parties récentes du néocortex, montrant ainsi qu’il s’agit plus que d’un relationnel par chevauchement.

Il n’existe donc aucune différence, quant aux causes primordiales, entre les processus mentaux inconscients qui conduisent par exemple, à la création inconsciente (innée) des imageries du monde qui meublent notre domaine de l’abstraction, et les processus qui permettent les créations abstraites conscientes comme les concepts, les idées, les discours,   …, les théories.

Plus simplement dit, il n’existe pas de processus mentaux incontrôlés.

 

Gardons-nous cependant de certaines analyses diffusées par nombre de bio-philosophes, du genre :

 

- "L'instinct est une capacité innée d'un animal à acquérir un comportement typique de l'espèce dans des conditions appropriées de milieu et notamment au contact des parents et des congénères.

L'homme n'apprend pas vraiment à parler, pas plus que l'oiseau n'apprend à voler.

Ce savoir est déposé par ses gènes dans son cerveau et c'est le congénère qui lui révèle ce trésor.".

Or les gènes ne déposent rien ; en revanche, ils permettent que soient mémorisées des potentialités fruits d'incessantes activités de création d’ordre physique et d’ordre transcendant,

des potentialités qui peuvent ensuite être actualisées (devenir des réalités) par le biais des parents, des congénères, de l'éducation ou d’autres initiateurs et révélateurs comme les contraintes environnementales, ce qui est tout autre.

 

Citons également l’ambiguë notion d’inconscient cognitif qui fleurit actuellement ; en effet, toutes les activités mentales innées sont cognitives puisqu’elles présupposent la prise en compte de repères de valeur, en d’autres termes, elles nécessitent des entendements,

même celles qui sont nécessaires à la dynamique évolutive du corps (c’est notamment pourquoi elles sont d’une extrême diversité).

 

*

 

Le caractère évolutif de l’état de conscience est aussi attesté par le réalisme (l’existence) de proto états de conscience chez certains animaux évolués (chimpanzés, par exemple).

D’ailleurs, le bébé homme doit attendre quelque vingt mois pour se reconnaître dans un miroir.

Plus précisément, il faut environ un an et demi pour que le je (moi, ego, sujet, esprit) du bébé homme puisse reconnaître son corps parmi les imageries virtuelles construites, de manière innée, dans son domaine de l'abstraction.

L'expérience est devenue classique :

dès qu'il a conscience de son corps, un très jeune enfant maquillé à son insu, puis placé devant un miroir, tente d'ôter ce maquillage en intervenant non pas sur le verre du miroir, mais sur la partie maculée de son visage.

 

Mais alors,

sachant que tout niveau d’entendement présuppose d’être situé hors des éléments de la réalité (de soi en particulier) pour être en mesure de les reconnaître dans le cadre de références de valeur communes, voire universelles comme les durées, ces matérialisation du temps,

qu’est-ce qui caractérise vraiment l’état de conscience de l’homme moderne ?

Selon nous, la caractéristique essentielle est l’étendue des capacités d’abstraction avec corrélativement l’étendue de la plage des repères de valeur ; en effet, chez l’homme moderne cette plage comporte des valeurs dites morales qui le responsabilisent.

Nous sommes donc fort éloignés de la compréhension commune de l’état de conscience, prônée par les neurobiologistes qui d’ailleurs, ignorent superbement l’incontournable interrogation :

qu’elle est l’entité créatrice qui "agit" dans le cadre de repères de valeurs, car évidemment ce ne sont pas des lois, des processus mentaux ou les organes comme le cerveau qui jugent, coordonnent, … et décident ?!

 

D’autre part, comment certains processus d’entendement non-conscients (innés) peuvent-ils émerger de l’état de conscience (plus communément dit : comment peuvent-ils devenir conscients) ?,

sachant que ces fonctions cérébrales supérieures présupposent tout à la fois, des activités de l’ensemble du cerveau et des circonvolutions spécifiques du néocortex ; pensez à la faculté qui permet de compter.

 

Pour être crédibles les réponses doivent évidemment prendre en compte le fait que la création permanente est l’action fondatrice et régénératrice de l’univers, incommensurable chantier à jamais inachevé,

une création permanente qui implique des processus sine qua non de transfert et de mémorisation du "sens".

Après avoir longuement médité à ce propos, la mémorisation d’information et de directives, nous apparaît ainsi, l’un des processus clé qui permirent l’apparition de la vie et permettent les évolutions des êtres et des espèces.

Dès lors, nous comprenons mieux pourquoi il y eut, et il y a encore, accroissement des capacités mémoire de l’homme, en particulier par le biais de circonvolutions cérébrales,

accroissement de capacités mémoire qui s’accompagne de plus de potentialités pouvant être actualisées par le biais des expériences vécues et par l’éducation.

 

Hélas ces faits n’ont pas encore été l’objet de débats crédibles de la part des philosophes et des théologiens, ceux-ci ayant admis sans coup férir, la dérive funeste de l’entendement, colportée par les scientifiques et selon laquelle l’univers est régi, conduit, animé par des lois et des principes.

En réalité, dans l’univers, fruit d’incessantes créations et de continuels recommencements, il existe des comportements immuables et des voies d’évolution possibles que nous pouvons, en partie, représenter (formaliser) par des lois et des principes, ce qui est fort différent !

 

Qu’en est-il dès lors du phénomène de la vie ?

 

 

Sixième étape  -  Le phénomène de la vie

 

 

Sachant que nous évoluons dan un cybermonde où le "sens" est omniprésent,

puisque les molécules qui constituent le fondement de tous les êtres, sont des molécules carbonées et qu’en outre d’incessantes activités de mémorisation, de transmissions d'informations et d’organisations de processus se déroulent au niveau élémentaire du phénomène de la vie (en particulier dans les cellules),

comment ne pas postuler, avec assurance, que ce furent des développements fiables de "capacités mémoire" résultant de complexifications successives de molécules carbonées qui,

conduisant à des accroissements substantiels d'informations et d’organisations de processus dans de la matière spécifique contenant ces molécules et de l’eau,

permirent l'apparition de la vie.

 

Le phénomène de la vie est donc une potentialité universelle inexorablement actualisée si les conditions d'état d'une planète sont adéquates.

 

Quant aux évolutions des espèces, il est désormais évident qu’elles sont plus que des adaptations à l’environnement ; elles sont en premier lieu les fruits d’incessantes activités de création dans les cellules qui nécessitent de permanentes recherches de la nouveauté et se traduisent généralement, par des accroissements de complexité,

généralement car parfois des contraintes insurmontables apparaissent comme le montrent les voies évolutives sans issue (les voies mortes) et les voies évolutives mineures.

Par exemple, 80% des êtres multicellulaires, les arthropodes, malgré leur expansion particulièrement rapide, ne manifestèrent pas, au cours des âges, de tendance à la complexification nerveuse.

 

D’ailleurs,

- qu'en est-il des activités qui ne sont pas "fossilisables", notamment celles qui permettent de reconnaître, de juger, de choisir, d'anticiper, et qui s'expriment par des associations, des accords, des harmonies, des symbioses, ... ?,

- comment expliquer la "dynamique écervelée" du monde bactérien qui ignore le principe de base de l'évolution : chaque espèce progresse afin de tendre à la complexité de celle qui lui est immédiatement supérieure ?,

- comment comprendre l'apparente supériorité de certains êtres de "petites tailles" face aux aléas de la vie ?, 

- que présupposent les surcapacités acquises et cachées (potentielles), notamment les "sur aptitudes" pour réagir et pour se protéger ?,

- pourquoi la créativité (consciente) de nos lointains ancêtres, les premiers sapiens, était-elle si primaire alors qu’ils disposaient d'organes cérébraux et sensoriels comparables aux nôtres ?

 

Autant d’interrogations majeures et de faits qui nous ont conduits à reconnaître aux individus des lignées marquantes un "potentiel génétique" non seulement caractéristique de leur niveau de complexité mais aussi susceptible de s'accroître par le biais d'incessantes activités de création, d’ordre physique et d’ordre transcendant, jusqu'à parfois atteindre des seuils critiques suivis d’évolutions remarquables.

 

En outre, peut-on débattre de l’évolution des espèces en ignorant systématiquement le rôle essentiel de l’interprétation ?

Croyez-vous par exemple, que le processus relationnel entre les protéines et l'ARN (ou une partie de celui-ci) puisse se traduire et s'expliquer uniquement par des formalisations physico-chimico-mathématiques ?

Certes non, ne serait-ce que parce que les "directives" nécessaires à l'"édification" du corps, codées et mémorisées sur une molécule dont le poids n'excède guère "10 puissance moins 12" gr, doivent être interprétées (reconnues, jugées, …) comme le sont dans le langage humain, les lettres, les mots et les phrases.

 

Plus précisément, dans une recherche des causes primordiales, nous ne pouvons pas taire l'interprétation des caractéristiques des ondes électromagnétiques qui,

vecteur d’organisations de processus à effet biologique et de processus à effet comportemental,

émanent des particules, des atomes et des molécules constituant l'ADN et l'ARN, sous prétexte que ces processus n’émergent pas de l’état de conscience. 

 

Interprétation, par qui si ce n’est pas par une même entité opératrice qui juge et utilise des repères de valeur de caractère universel ?!

 

 

Septième étape  -  L’âme, identité spirituelle

 

 

Que nous manifestions simultanément des activités spécifiques de création dans deux domaines d’ordre différent : activités physiques comme celles qui nous permettent d’assumer le quotidien, et transcendantes, telles les concepts, les idées, …, les anticipations,

conduit à reconnaître que nous menons deux existences simultanées, celle physique inhérente au corps, et celle spirituelle, objet de fort peu de débats, bien que pressentie et exprimée il y a très longtemps par nos lointains ancêtres, sous le couvert de la notion d’âme, notion il est vrai, très ambiguë et qu’il convient de reformuler.

 

Exprimé différemment,

nous menons deux existences simultanées en interaction permanente :

-   l’une biophysique qu’exprime notre identité physique,

-   l’autre spirituelle qu’attestent les incessantes activités d’ordre transcendant qui se déroulent dans le domaine de l’abstraction.

 

ou encore,

nous vivons physiquement dans l’espace qui contient le réel,

et spirituellement dans un au-delà du réel dont le domaine de l’abstraction est l’expression singulière.

 

En outre, puisque tous les états du réel résultent d’actualisations de potentialités,

actualisations qui nécessitent des activités physiques et des activités transcendantes.

nous pouvons avancer que chaque chose et chaque être a son âme, à l’instar des nombreuses croyances qui émaillèrent et émaillent encore, l’histoire de l’humanité. 

Nous réservons cependant cette notion à l’homme pour mieux le distinguer, car l’homme est la seule structure en qui l’entité créatrice impliquée dans l’univers, se reconnaît sous le couvert du je (moi, ego, sujet, esprit).

 

*

 

Souvenons-nous.

En des temps préhistoriques, nos ancêtres tentèrent de localiser les pouvoirs utiles et les pouvoirs nuisibles qui leur semblaient émaner des êtres et des choses.

 

Ainsi, d’après les fossiles, au Néolithique (9000 ans av J.C.), le crâne était reconnu comme la "source" principale du pouvoir mystérieux qui agit en et par nous.

 

Beaucoup plus tard, pour les prêtres mésopotamiens (2.000 ans avant notre ère), voire pour les prêtres sumériens (-4.000 ans), tous observateurs privilégiés du comportement des êtres avant la mort puisque ordonnateurs des sacrifices d’animaux, et même d’hommes,

ce pouvoir était censé résider dans les viscères, plus précisément dans la vésicule biliaire.

 

En Egypte, probablement quelque 3.000 ans avant J.C., d’autres "spécificités" du pouvoir mystérieux manifesté par l’homme, sont reconnues émaner d’autres organes,

du cœur pour la connaissance et l’intelligence,

de la poitrine pour le courage,

du ventre pour les activités physiques.

 

Quant aux rédacteurs de la bible, influencés par les cultures environnantes, ils prescriront même :

 

"Seulement tu veilleras à ne pas manger le sang, car le sang, c’est l’âme ; tu ne mangeras donc pas l’âme avec la viande. Tu ne le mangeras pas mais tu le verseras par terre comme de l’eau." (cf. Dt. 12, 23-24).

 

A vrai dire, nous ne savons pas si l’expression c’est l’âme correspond aux concepts qui prévalaient en Israël six siècles avant J.C..

D’ailleurs, si l’on se réfère à la version espagnole de la Bible :

"Tan sólo ten cuidado de no comer la sangre, porque la sangre es la vida, y no comerás la vida con la carne. No la comas ; derrámala en tierra como el agua. " (cf. Dt. 12, 23-24),

le sang n’est point l’âme mais la vie !

Quel exégète répondra avec assurance ?

 

A la même époque, époque exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité, Pythagore (-572, -497) imaginera deux entités essentielles,

- l’une, le Phrenes (l’intelligence) sise dans le cerveau,

- une seconde, le Thumos (la partie active de l’âme) dans le cœur, 

entités considérées comme principes vitaux.

Nous parlons d’époque exceptionnelle car elle fut également celle des Lao-Tseu (-570, -490) et Confucius (-551,- 479).

 

Par la suite, Démocrite (-460, -370) privilégiera le cerveau où selon lui, réside l’intelligence tandis que Hippocrate (-460, -377) considèrera les principes vitaux comme véhiculés par l’air.

Courte digression : Démocrite, après avoir médité sur les fines particules qui composent la poussière, "proposa" la notion d’atome ; gardons-nous cependant des vulgarisations faciles qui tentent de nous faire croire qu’aux temps antiques, les Grecs connaissaient déjà cette structure intime de la matière, à l’instar de nos physiciens !

 

Nous allions oublier Platon :

".... ce qui produit le feu en lui donnant forme doit agir selon une raison (logos), que peut-il être d’autre qu’une âme, qui est capable de produire le feu, c’est à dire à la fois une vie et une raison formelle (logos), les deux étant  une seule et même chose.

C’est pourquoi aussi Platon dit que, dans chacun de ces éléments, il y a une âme, et ce terme d’âme, il ne l’entend pas autrement que comme une âme produisant précisément ce feu sensible." (cf. Plotin –Traité 38 – 11, 40).

 

Aristote (-384, -322), s’inspirant d’Hippocrate, verra dans les nerfs, les vecteurs au sein des corps, des principes vitaux contenus dans l’air,

les vecteurs de ce qu’il nomma entéléchie :

"Ce qui naturellement fait mouvoir le corps, qu’il nomme entéléchie, d’une autant froide invention que nulle autre, car il ne parle ni de l’essence, ni de l’origine, ni de la nature de l’âme, mais en remarque seulement l’effet. " (cf. Michel de Montaigne parlant d ‘Aristote – Essais, II, 12).

 

L’entéléchie est un concept que nous pouvons d’ailleurs rapporter à ceux :

- de substance selon Descartes,

- de monade qui simple, autonome, impénétrable, omniprésente, serait pour Leibniz (1646 – 1716), l’élément actif des êtres et des choses,

- d’entité créatrice d’ordre transcendant (de caractère divin), désormais crédible de par les récentes avancées scientifiques.

 

A vrai dire, en ces époques les connaissances étaient très primaires et une confusion extrême régnait à propos des pouvoirs inhérents aux phénomènes et aux êtres ; la notion de pneuma qui fit également école, l’atteste amplement.

 

Selon Erasistrate d’Alexandrie, médecin (-320 ?,-250), l’énergie vitale nécessaire au corps (pneuma zoticon) va au cœur grâce aux veines pulmonaires, tandis que l’énergie vitale nécessaire au psychisme (pneuma psychicon) rejoint le bulbe rachidien par l’intermédiaire des nerfs,

une théorie reprise et rénovée, bien plus tard, par Galien (131, 201).

 

Galien, médecin grec dont les avis firent autorité en Occident jusqu’au XVII ème siècle, désireux de  prendre en compte l’ensemble des fonctions animales et psychiques des êtres, imagina en effet un pneuma trine composé de :

-  un  pneuma physicon inhérent aux aliments et destiné au foie où résiderait le pouvoir qui anime le corps,

- un pneuma zoticon qui, véhiculé par les veines jusqu’au cœur, agirait comme médiateur entre le pouvoir animant le corps et le pouvoir des sentiments et des passions,

- un pneuma psychicon qui, transporté au cerveau par le sang, serait nécessaire à l’intelligence et aux facultés.

 

Comment ce pneuma pouvait-il être un et multiple ?

Galien s’abstint de le préciser ; il est cependant fort probable qu’il fut influencé par les platoniciens.

 

Citons aussi Philon d’Alexandrie (philosophe grec de confession juive, vers - 20, 45), pour qui, à l’instar des esséniens, la partie matérielle de l’âme est le sang, âme qu’il croyait  néanmoins composée d’air et de feu. (cf. Vie de Moïse – 1, 9).

Adepte de la métempsycose, Philon considèrera même l’espace qui nous environne, comme le séjour permanent des âmes avant leur incarnation, et imaginera dans les parties supérieures du ciel, le domaine des esprits.

 

Par la suite, quelques responsables religieux chrétiens, après avoir pris le contrôle des "sciences médicales", tenteront d’intégrer dans leurs croyances, des théories métaphysiques fondées sur l’étude des dissections,

tentatives osées qui conduiront les évêques, au synode de Reims en 1131, à  interdire, au haut clergé, la pratique de la médecine ; le pape Innocent III (1160, 1216) condamnera même les médecins qui œuvrent sans la présence d’un religieux.

 

Néanmoins :

- Léonard de Vinci (1452 - 1519), se référant aux dissections qu’il pratiquait couramment, en viendra à croire qu’il y a transformation de l’esprit vital provenant du cœur, en esprit animal, dans la partie inférieure du cerveau, le rete mirabilis,

- Berengario de Carpi (1460 ? – 1530 ?), de Bologne, considérera que l’esprit vital est transformé en esprit animal au contact des sécrétions ventriculaires,

- André Vésale (1514 - 1564), flamand, dit père de l’anatomie moderne, condamné par l’inquisition, tentera de montrer que les ventricules cérébraux sont destinés à la conservation des esprits animaux,

- André Césalpin (1519 - 1603), docteur et botaniste italien, parce que le cœur est le premier organe qui émerge de l’embryon, reconnaîtra en celui-ci, le siège de l’âme végétative,

- Van Helmont (1577 - 1644), médecin flamand, imaginera une entité immatérielle, l’archée, censée représenter l’âme sensitive en charge de toutes les fonctions du corps ; il la situera même au niveau de l’estomac.

 

Descartes (1596, 1650), lui aussi,  se fourvoiera :

"Mais, à mon jugement, ..., je dirai encore ici qu'il me semble que c'est une chose fort remarquable, qu'aucun mouvement ne peut se faire, soit dans le corps des bêtes, soit même dans les nôtres, si ces corps n'ont en eux tous les organes et instruments, par les moyens desquels ces mêmes mouvements pourraient aussi être accomplis dans une machine ; en sorte que, même dans nous, ce n'est pas l'esprit (ou l'âme) qui meut immédiatement les membres extérieurs, mais seulement il peut déterminer le cours de cette liqueur fort subtile, qu'on nomme les esprits animaux, laquelle, coulant continuellement du cœur par le cerveau dans les muscles, est cause de tous les mouvements de nos membres ...."(cf. Quatrième Réponse, 178).

 

A lui seul, ce cheminement rapide, montre à l’évidence, l’impact des connaissances dans le raisonnement philosophique, ipso facto, dans le débat théologique,

et en conséquence, combien certaines compréhensions erronées du monde condamnent, à jamais, nombre de discours, même énoncés par d’illustres personnages.

 

Denis Diderot (1713 - 1784) et Jean d’Alembert (1717 - 1783) en furent conscients et conclurent dans une Encyclopédie qui reprend l’ensemble des connaissances qui prévalaient à leur époque :

"Non seulement nous ne connaissons pas notre âme, ni la manière dont elle agit sur les organes matériels, mais, dans ces organes mêmes, nous ne pouvons apercevoir aucune disposition qui détermine l’un plutôt que l’autre à être le siège de l’âme.".

 

Il y aura encore quelques tentatives en vue de localiser l’âme et l’esprit, mais depuis le XIXème siècle et quant aux causes primordiales, les scientifiques avec leur compréhension mécaniste du monde, ont "enfermé" les philosophes et les théologiens dans une remarquable non-créativité.

 

Or, en ce début de troisième millénaire, une compréhension plus réaliste de la notion d’âme s’avère plus que jamais nécessaire compte tenu du désarroi de l’humanité et du manque de réponses crédibles apportées par l’intelligentsia aux problématiques essentielles.

 

*

 

Que pouvons-nous raisonnablement argumenter, aujourd'hui ?

 

Désormais les connaissances en biologie et en neurobiologie, permettent d’affirmer comme nous le disions précédemment, que nous évoluons dans un cybermonde, fruit d’incessantes créations et de perpétuels recommencements, où le "sens" est omniprésent, et qu’ainsi, il n’existe aucun abysse séparant la matière inerte de la matière animée.

 

Hélas, cette véritable "révolution conceptuelle" s'opère sous la houlette de seuls monistes et sans grandes réactions des spiritualistes qui paraissent se satisfaire du "simplisme" scientifique.

 

Citons ainsi, les monistes qui ignorent systématiquement la prise en compte permanente des repères de valeur qui permettent d’assurer la cohérence et la dynamique de tout état du réel, inerte ou animé, perturbé ou en apparent équilibre,

et ce par le moyen d’activités d’ordre transcendant.

 

Peut-on croire par exemple, que l'activité des cellules,

ces insondables et immenses usines où sont programmées et synthétisées en quelques milliardièmes de seconde, des multitudes d'enzymes dont les processus de fabrication échapperont toujours à notre entendement conscient,

recouvre d’heureux bricolages ?,

peut-on croire que l'activité des cellules se déroule sans intention primordiale, voire hors de tout dessein primordial ?

Bien évidemment non, un non sans appel.

 

Tous les phénomènes se révèlent  de caractère dual, ipso facto, l’identité des êtres.

Dès lors, la reconnaissance d’une nouvelle identité, l’identité spirituelle, s’impose, tandis que l’âme perd son ancestral statut d’opérateur.

 

Nous voici cependant fort éloigné de Descartes prônant notamment :

"Bien que l’âme soit jointe à tout le corps, il y a néanmoins en lui quelque partie en laquelle elle exerce ses fonctions plus particulièrement qu’en toutes les autres. Et on croit communément que cette partie est le cerveau ou peut être le cœur ; le cerveau, à cause que c’est à lui que se rapportent les organes des sens ; et le cœur, à cause que c’est comme en lui qu’on sent les passions." (cf. Les Passions de l’Âme – Première partie, article 31),

 

Désormais,

à l’instar du corps qui est le réceptacle (l’enveloppe) des cellules, elles-mêmes fruits d’activités biologiques (biophysiques),

l’âme peut être considérée comme le réceptacle abstrait, purement théorique et conventionnel, des activités d’ordre transcendant qui nous caractérisent.

En d’autres termes, le réceptacle théorique des activités transcendantes qui permettent d’être ce que nous sommes, peut être assimilé à une identité spirituelle communément dénommée âme.

 

Quant au "lieu d’être" (au royaume) de cette identité spirituelle, de cette âme, curieusement, il demeure inconnu des scientifiques, des philosophes et des théologiens ; c’est pourquoi nous l’avons spécifié par un vocable original : spacimplicatio (contraction des mots latins spatium et implicatio).

Il s’agit d’un domaine différent du banal espace,

un au-delà du réel, intemporel et transcendant, par le biais duquel, de toute éternité, une entité créatrice de caractère divin s’implique dans le monde,

un au-delà dont le domaine de l’abstraction est l’expression singulière.

 

Il est vrai, admettre l’implication permanente dans le monde d’un pouvoir transcendant (divin) et ce, par l’intermédiaire d’un domaine de transcendance différent de l’espace qui contient le réel, conduit à rejeter nombre de "vérités d’époques et de cultures" transmises de générations en générations et parfois, élevées au rang de dogme.

 

Il est vrai aussi que nous ne sommes plus à l’époque où l’on croyait, avec la plus grande assurance, que les idées qui, depuis toujours, ont été admises par tous, ne peuvent être que vraies (quod ab omnibus, quod ubique, quod semper).

 

L’entendement du monde conduit aujourd’hui à d’autres vérités, notamment à propos de la mort !

 

 

Huitième étape  -  La mort, devenir post-mortem

 

 

La mort se décline de nombreuses manières suivant qu’elle intéresse les galaxies, les étoiles, les planètes, les phylums des espèces, les êtres évolués, les êtres élémentaires, les cellules saines, les cellules tumorales, ....

Est-ce à dire que la mort anéantit tout ce qui fait vie ?

 

Reconsidérons la mort, plus précisément le phénomène de la mort, à la lumière des récentes avancées scientifiques et méditons tout d’abord, sur l’extrême variabilité des espérances de vie.

 

Ainsi, l’espérance de vie de certains insectes est de quelques jours, alors que celle d’une reine des fourmis peut atteindre trente années,

une souris vit environ deux ans, une chauve-souris trente,

la durée de vie de très nombreuses plantes se chiffre en mois, celle des oliviers en siècles,

des êtres élémentaires "endormis" depuis des millions d’années sont susceptibles de "renaître".

 

En outre, pourquoi nos équilibres psychiques ne sont-ils pas constamment perturbés alors que chaque jour, plus de cent milliards de nos cellules (sur les milliers de milliards qui constituent notre corps) se dédoublent,

que par seconde, plusieurs millions de cellules meurent,

et qu’à chaque instant, des milliards de particules atomiques quittent le corps et sont instantanément remplacées ?

 

Nous participons donc de phénomènes qualifiables de sacrificiels et nous sommes en permanence, reconstruits,

voire, nous ne pouvons vivre sans être sans cesse reconstruits, inexorable contrainte corrélative de la dynamique universelle !

 

A propos de ces faits, rapportons deux processus qui bien que banalisés par les biologistes, s’avèrent néanmoins riches d’enseignements.

 

Lorsque peu après la fécondation, le futur homme n’est constitué que d’un petit millier de cellules agglutinées, de manière subite, certaines de ces cellules, bien qu’encore saines, meurent et disparaissent (il s’agit du processus d’apoptose).

Les espaces libres ainsi produits, notamment celui situé au centre de cet agglomérat, permettent alors que commencent les premières migrations cellulaires impérieusement nécessaires à la poursuite de la gestation.

 

Autre fait qui interpelle, la disparition massive de cellules saines lors du développement de l’embryon, par le biais d’organisations de processus biologiques, mémorisées sur les  chromosomes à caractère sexuel X et Y.

Plus précisément, à un certain stade clé du développement de l’embryon, il  y a,

- soit "actualisation" (mise en œuvre) d’organisations de processus à effet mortifère propres au chromosome Y provenant du père,  et cela conduit à la disparition de la proto structure des organes génitaux féminin (canaux de Müller),

- soit "actualisation" d’organisations de processus à effet mortifère mémorisées sur les deux chromosomes X relevant de la mère, et cela entraîne la disparition de l’ébauche des organes génitaux masculins (canaux de Wolff).

 

Ainsi et plus généralement, en tout être, des cellules saines sont mises à mort non pas en raison de leur incapacité à survivre mais parce que leur rôle (leur spécialisation) est devenu inutile.

 

Curieusement les biologistes, les philosophes et les théologiens n’ont pas pris toute la mesure de ces faits essentiels.

Certes, les biologistes épiloguent actuellement sur le comportement d’enzymes qui, selon leurs dires, après avoir reconnu un repère moléculaire sur certaines protéines des cellules, s’y fixent et les découpent, entraînant lorsqu’il s’agit d’une protéine propre à l’enveloppe du noyau, la fragmentation de celui-ci et donc la mort de la cellule.

Mais est-ce aussi "simple" que le donne à entendre cette analyse scientifique ?

Non puisque ces enzymes singulières et ces protéines participent d’un programme évolutif mémorisé au niveau des gènes,

c’est à dire participent à l’actualisation de potentialités génétiques, par étapes inscrites dans des chronologies rigoureuses communes à l’espèce, voire au phénomène de la vie,

ce qui présuppose, impérativement, la prise en compte permanente de repères de valeur, en particulier de durées.

 

Par qui, si ce n’est pas par une même entité créatrice maître du "sens" ?,

et ce, en vue d’un objectif, voire d’un dessein primordial.

 

 

*

 

Mystérieusement donc, et sans nul doute désormais, le développement du phénomène de la vie, présuppose la maîtrise partielle de la mort et son utilisation.

 

Certes la mort de cellules peut résulter de variations importantes des équilibres physiques de l’environnement ou biophysiques du corps, mais aussi, selon de récents travaux, en raison d’oscillations anormales de ces équilibres,

ce qui sous-entend, là encore,

-  la perception des dites variations et oscillations,

- l’interprétation de ces perceptions par le moyen de repères de valeur de caractère relatif (constitués d’antonymes),

- l’élaboration et la diffusion d’organisations de processus à effet mortifère, notamment par le biais d’ondes électromagnétiques vecteurs primordiaux du "sens".

 

Il n’est donc pas déraisonnable de croire que les êtres disposent de structures biophysiques spécialisées appartenant au système immunitaire, qui permettent d’élaborer des processus à effet mortifère, en fonction de certaines expériences vécues mémorisées au niveau  génétique.

Vous l’avez noté, nous parlons de structures biophysiques qui permettent d’élaborer des processus et non de structures biophysiques qui élaborent, afin de ne pas occulter l’entité créatrice d’ordre transcendant, qui les conçoit et les utilise.

 

Ces processus mortifères permettent ainsi d’éliminer les cellules qui n’ont plus de rôle à jouer ou qui ne sont plus efficientes ; il en est d’ailleurs de même pour la majorité des cellules qui s’échappent accidentellement de l’organe auquel elles appartiennent ou qui ont acquis trop d’indépendance.

 

Considérons en outre les êtres comme les végétaux qui ne sont pas dotés d’un système immunitaire comme le nôtre ou comme celui des mammifères, des oiseaux et des poissons,

en particulier, qui ne disposent pas de lymphocytes T, ces cellules protectrices fruits d’incessantes recherches pour l’immunisation apparues depuis seulement 400 millions d’années.

 

Lorsque par exemple, les végétaux sont "attaqués", certains caractères de leurs agresseurs (les signatures des virus, des bactéries et des parasites comme disent les biologistes) sont détectés et comparés avec ceux  d’expériences vécues mémorisées au niveau génétique,

puis des stratégies sont élaborées et mises en œuvre, notamment celle qui permet d’anéantir prématurément les cellules infectées ou en passe de l’être (il s’agit en quelque sorte, d’une stratégie coupe-feu).

 

Ainsi, la "décision" de sacrifier des cellules encore valides et efficientes par le biais de processus spécifiques à effet mortifère, en vue de poursuivre le développement de l’individu et de pérenniser l’espèce, montre, à l’évidence, que la mise à mort est parfois un processus vital.

 

La mort exprime dès lors, le caractère sacrificiel de la dynamique universelle ; en cela elle ne peut être transgressée et s’il n’en était pas ainsi, le monde serait à jamais figé.

 

*

 

En conséquence, s’il y a vie post-mortem, nous le croyons, celle-ci ne peut être que d’ordre spirituel, que d’ordre transcendant, dans un au-delà du réel sensible (dans un au-delà du banal espace).

C’est pourquoi la vie après la mort n’implique aucunement la présence du corps ; en d’autres termes, la vie post-mortem ne présuppose pas la résurrection.

 

Nous voici fort éloignés des traditions religieuses monothéistes ; les évoquer ne conforterait guère plus ces analyses.

Notez cependant que l’étude de ces traditions montre que la croyance en la résurrection fut l’expression de logiques d’époques selon lesquelles la récompense divine promise aux justes, devait nécessairement inclure les jouissances corporelles (cette remarque vaut encore pour la majorité des croyants).

 

En outre, en ce début de troisième millénaire l’esprit objectif ne rejetant pas a priori l’ordre transcendant (l’état spirituel), ne peut plus croire en un paradis, ou un enfer, vécus après la résurrection du corps,

et il ne paraît guère utile de débattre du bien fondé de cette foi en s’aidant d’exégèses.

 

La dynamique évolutive de l’univers implique (présuppose) d’incessantes "naissances" et "morts" et de ce fait, il est impossible que, seulement sur terre, des corps spécifiques, ceux des hommes, échappent après une résurrection, et pour toujours, à cette contrainte inexorable.

 

Désormais, la compréhension de la spiritualité (des activités spirituelles) s’inscrit dans de nouveaux paradigmes.

D’ailleurs pour croire il faut raisonner, et vice versa ; plus communément dit :

il n’y a pas de foi sans raison, et de raison sans foi !

 

Notre vie spirituelle par exemple, attestée par les potentialités et les virtualités (concepts, idées, anticipations …)  qui meublent le domaine de l’abstraction, montre que durant l’existence, nous avons certes, un "pied" dans le réel, dans l’espace, mais aussi un "pied" dans l’intemporel ; souvenez-vous, le domaine de l’abstraction est intemporel puisque y cohabitent les expériences du passé, jugées dans le moment présent, afin de pouvoir vivre au quotidien et anticiper.

Pour le mystique moderne, la problématique de la résurrection ne se pose donc pas, car de par cette vie spirituelle, durant l’existence terrestre nous évoluons déjà, nous sommes déjà dans un au-delà du monde d’ordre transcendant.

 

Nous vous imaginons perplexes face à un tel discours.

Il est vrai, les problématiques posées par la "finalité" de la vie terrestre et par le "réalisme", ou non, d’une vie post-mortem, demeurent parmi les pierres d’achoppement majeures des philosophes et des théologiens.

Et cependant,

est-il raisonnable de croire que nous avons atteint l’exceptionnel niveau d’intelligence du monde qui nous caractérise, uniquement pour que durant quelques micro-moments dans l’histoire à jamais inachevée de l'univers, nous puissions coloniser la terre et améliorer nos conditions de vie matérielle ?

Sans nul doute, non.

 

Leibniz (1646 – 1716) pressentait déjà que "rien n’est sans raison" (nihil est sine ratione) et Spinoza parlait de "l’intelligence de la nécessité".

 

Compte tenu des incessantes activités de création qui se déroulent au tréfonds de nos cellules, dans le domaine quantique, fondement du réel, n’est-il pas raisonnable de croire que nous participons, à notre insu, à la conduite de la dynamique universelle ?

 

Mais alors, étant les fruits de l’implication du Divin dans le monde,

certains fruits des activités transcendantes qui caractérisent notre identité spirituelle, notre âme, ne perdurent-ils pas après la mort, transfigurés dans l’intemporel, transfigurés dans l’éternité ?

 

D’autre part, puisque l’homme est une expression du divin,

qu’en est-il de ce "Divin" contraint, en nous, d’œuvrer pour savoir et de chercher pour savoir davantage, et ainsi, qui est paradoxalement non-omnipotent ?

 

 

Neuvième étape  - Pouvoirs, forces et énergies

 

 

Il est vrai, nous pouvons parler de manière crédible, du pouvoir de caractère divin qui conduit l’univers, anime les êtres et se reconnaît en nous sous le couvert du je (moi, ego, sujet, esprit).

Encore faut-il avoir la plus juste compréhension possible, des concepts de pouvoir, de force, d’énergie !

 

En effet, ces concepts et leurs différentiations sont les fruits de longs cheminements intellectuels ; souvenons-nous.

L’homme utilisa tout d’abord l’effet dénommé chaleur pour le chauffage et la préparation de la nourriture ; corrélativement, les pouvoirs du feu furent reconnus comme relevant d’entités mystérieuses, et souvent compris comme purificateurs mais aussi parfois, perçus comme les expressions de forces maléfiques,

depuis les Perses qui saluaient tous les matins le feu du soleil levant,

les prêtresses de Vesta qui entretenaient le feu à Rome, …,

les Hindous et les Bouddhistes qui pratiquent la crémation des défunts, …,

en passant par la mythologie gréco-romaine avec notamment Didon, reine légendaire de Carthage, sœur de Pygmalion, qui, amoureuse d'Enée, se consumait de l'intérieur.

 

En fait, à l’instar des incessantes recherches de la nouveauté qui se déroulent dans nos (les) cellules, c’est le besoin d’œuvrer pour savoir et de chercher pour savoir davantage, qui incita nos ancêtres à développer les usages du feu,

puis beaucoup plus tard, à représenter et à quantifier les pouvoirs inhérents aux phénomènes, car certes les objets et les phénomènes existent indépendamment des nombres mais ils sont aussi jugés selon leur impact.

 

Par exemple, la nécessité de gérer le commerce de produits céréaliers en Mésopotamie à la fin du IVe millénaire av. J.-C., conduisit à l’apparition du langage des nombres et à son écriture ; parallèlement furent mesurés les volumes et les poids suivant des grandeurs de références, c’est pourquoi  les balances avaient déjà cours dans l’antiquité.

 

Autres exemples de quantification, le premier thermomètre qui donnait une lecture claire, fut inventé en 1654 par le grand duc de Toscane ; c’était un tube scellé avec un bulbe, qui fonctionnait à alcool et comportait 50 graduations. 

Ce furent ensuite Gabriel Fahrenheit (1686-1736) qui, en 1717, remplaça l'alcool par du mercure et fit correspondre la numérotation 32 de sa plage de référence (32°F), à la température de la glace fondante,

et Anders Celsius (1701-1744) et Carl von Linné (1707-1778) qui, en 1742/1745, définirent un nouveau  thermomètre à mercure marquant 0° pour la glace fondante et 100° pour l'eau bouillante au niveau de la mer.

 

*

 

Nous ne rappellerons pas toutes les étapes de ce cheminement qui débuta vraiment avec les penseurs antiques grecs comme Archimède de Syracuse (- 287 ?, - 212) qui, avant que la notion de force soit clairement exprimée, mit en évidence l’influence du volume et de la densité des objets lors de leur immersion dans l’eau (poussée d’Archimède) et l’importance du bras de levier lorsqu’il s’agit de soulever un corps.

Sachez cependant que bien avant notre ère, les Perses utilisaient la force des courants d’eau c'est à dire l’énergie hydraulique dans des norias qui servaient à irriguer leurs terres.

L’utilisation de la force du vent (l’énergie éolienne) date probablement de - 3.000 ans, avec les premiers bateaux à voile ; quant aux moulins à vent, ils apparurent chez les Perses, deux siècles avant  J. C.,  et ce n’est qu’au XIVème siècle, qu’ils fleurirent en Hollande.

 

Néanmoins,

même avec Simon Stevin (1548 ? – 1620), savant flamand qui montra que l’action d’un liquide dans un récipient (ce que nous appelons la pression) dépend seulement de la hauteur du liquide dans celui-ci et non de ses formes,

et Galilée (1564, 1642), qui commença à répondre aux problématiques posées par la "situation d’un objet" sur un plan incliné, et par la chute des corps,

la nature et la spécificité des forces demeuraient un mystère.

 

Ce mystère commença à se dissiper avec Isaac Newton (1643, 1727) ; dans ses Principes mathématiques de philosophie naturelle (Philosophiae Naturalis Principia Mathematica - 1687), ce savant présenta en effet les premières lois du mouvement de la mécanique classique, selon lesquelles par rapport à un système de référence :

- le comportement d’un objet, en repos ou en mouvement rectiligne uniforme, persiste tant que la somme des forces extérieures appliquées sur lui, est nulle,

- l'application d'une force "F" modifie le comportement d’un objet dans le temps, suivant une grandeur mesurable : l’accélération "γ", de telle sorte que  F = mγ ; m étant la masse déplacée,

- il y a toujours action et réaction, c’est à dire qu’à chaque force correspond une force égale et opposée.

 

Evidemment, quelques expressions ésotériques s’imposent pour différencier les concepts : force et énergie. 

Considérons le concept d’énergie particulièrement mis en évidence par Einstein (1879, 1955) qui, après avoir pris en compte les travaux de Lorentz, postula :

 

"l’énergie cinétique E d’un point matériel de masse m n’est pas donnée par l’équation : mv²/2,

mais par : mc²/(1 - v²/c²)½ ",

 

ou, lorsque cette expression est développée en série, par : mc² + mv²/2 + m(3/8)(v²/c)² + ...

 

Le troisième terme de la série et ceux qui suivent étant très petits (négligeables), il ne demeure donc que :

- mc² représentatif de l’énergie intrinsèque qui caractérise un corps de masse m, puisque mc² est indépendant de la vitesse,

- et mv²/2, équation de l’énergie cinétique utilisée en mécanique classique.

 

A l’équation désormais classique E = mc² nous préférons cependant l’équation E mc² qui permet de mieux exprimer le passage de l’état d’énergie physique potentielle à l’état d’énergie physique matérialisée, et vice-versa. 

Quid de E, cette énergie primordiale, intemporelle et sans dimension qui permet, en permanence, de régénérer le monde ?

La masse noire  de l’univers (l’énergie obscure) en est-elle une expression singulière ?

 

L’équation E = mc² ignore également (cela vaut d’ailleurs pour tous les discours) l’entité créatrice, d’ordre transcendant et maître du sens, qui, utilisant des lettres, des chiffres, …, et des repères de valeur, formalise, tout en se reconnaissant sous le couvert du moi (je, ego, sujet, esprit).

Cela n’a guère gêné, ne gêne guère les physiciens, nous l’admettons ; mais en ce qui concerne les philosophes et les théologiens ?!

 

 *

 

Désormais nous pouvons donc différencier les forces, de l’énergie.

 

Ainsi, il est admis que dans la matière inerte, il existe quatre forces fondamentales qui expriment quatre types d’interactions :

électrostatique, gravitationnelle, interaction forte (force nucléaire qui permet la cohésion des protons et des neutrons dans les noyaux atomiques) et interaction faible (interaction électrofaible ou vecteur qui permettrait d'échanger de l'énergie ?).

Mais il existe aussi d’autres types de forces comme les forces de pression, de frottement, élastiques, …,

sans oublier les forces psychiques fondamentalement différentes, chères aux neurobiologistes.

Ajoutons que les forces ne sont pas perceptibles en elles-mêmes, mais sont imaginées selon leurs effets,

et rappelons que les forces existent à l’état potentiel en tout point de l’univers, et sont "actualisées" en fonction des nécessités que requiert la dynamique des phénomènes.

 

Quant à l’énergie universelle (c'est-à-dire celle qui n’a pas de dimension), elle peut être actualisée (matérialisée) sous différents états interdépendants.

Par exemple, de l’énergie chimique présente dans un carburant, est transformée en énergie mécanique et en énergie thermique dans un moteur à explosion,

une interdépendance qui est formalisée par des lois de la thermodynamique.

Par le biais d’énergie électrique on peut également électrolyser des solutions aqueuses pour produire de l’énergie chimique ; on peut aussi stocker de l’énergie électrique sous forme d’énergie chimique dans les accumulateurs.

 

Pour l’histoire, ce fut le physicien français Edmond Becquerel (1820, 1891), qui découvrit l’effet photovoltaïque (la transformation partielle de la lumière du soleil en énergie électrique), en 1839. 

Cependant, la découverte de la radioactivité naturelle par Henri Becquerel (1852, 1908), en 1896,

plus précisément, la découverte de l’émission spontanée, sans apport d'énergie extérieure, de radiations par une substance inerte,

est celle qui ouvrit la voie à d’autres connaissances et exploitations plus subtiles de l'énergie.

 

Cependant, l’énergie nucléaire de fission dégagée par la désintégration du noyau de certains atomes instables, ne fut vraiment utilisée qu’à partir des années 1950, dans des centrales atomiques pour produire de l’électricité.

Actuellement, de nouveaux types de réacteurs produisant à la fois de l’énergie thermique et plus de matières fissiles qu'ils n'en consomment en transmutant des matières dites fertiles comme l'uranium 238 et le thorium (trois fois plus abondant que l'uranium),

sont à l’étude. 

Ces surgénérateurs dont l’approvisionnement en combustible serait alors garanti pour des milliers d’années, seront-ils prochainement adoptés ?

La question reste posée car tous les problèmes inhérents à la sécurité de leur fonctionnement, ne sont pas résolus.

Nous allions oublier la fusion nucléaire qui permet l’énergie des étoiles, mais aussi qui caractérise la bombe H (la bombe à hydrogène),

c'est-à-dire le processus par lequel des noyaux atomiques s'assemblent pour former des noyaux plus lourds en dégageant énormément d’énergie ; son utilisation pacifique est selon nous, une belle utopie.

 

 

Dixième étape  -  Les substratums du monde

 

 

Intéressons-nous maintenant aux forces et aux énergies psychiques car elles nous permettront de poursuivre notre cheminement intellectuel sur des voies quasiment vierges d’investigations philosophiques et théologiques.

 

Certes, des incitations, des forces et des énergies psychiques sont nécessaires aux actes (aux actions) de tout être. 

Tout être en effet, même élémentaire, dispose d’un domaine de l’abstraction où notamment s’effectuent des reconnaissances, …, des jugements, des choix, …, des recherches de la nouveauté …, des anticipations ; par exemple, les chiens rêvent et les rapaces ne fondent pas directement sur leurs proies, mais sur des points virtuels situés au croisement de trajectoires anticipées, les leur et celles de leurs futures victimes.

 

Ces incitations, ces forces et ces énergies psychiques relèvent-elles pour autant de l’Energie universelle ?

Nous ne le pensons pas car nous croyons qu’elles sont d’un ordre autre que celui : physique, qui  caractérise la matière,

et ce, bien que l’on puisse désormais et par exemple, enregistrer des flux électriques spécifiques émis par le cerveau d’un patient, et dépendants de ses volontés.

L’émission de cette énergie électrique présuppose en effet des organisations de processus où sont pris en compte des repères de valeur,

et toute organisation et toute reconnaissance de repères de valeur nécessite évidemment pour pouvoir en juger, un état de transcendance qui implique d’être au-delà du banal espace contenant la matière.

 

D’ailleurs, les créations mentales résident dans un champ d’informations qui, grand mystère, en raison de son ordre transcendant intéresse,

plus que le corps (le rayonnement de la personnalité humaine n’est-il pas perçu par les animaux ?),

plus que la biomasse,

pour le moins : le proche environnement cosmique.

 

Dès lors, l’homme n’est pas uniquement l’objet et le sujet du savoir comme le prônent actuellement nombre de philosophes ; c’est un extraordinaire pôle d’activités transcendantes qui intéressent l’univers,

ne serait-ce aussi parce que nous sommes, en permanence, construits et reconstruits par échanges de particules quantiques "vecteurs d’informations et de directives (donc de sens)".

 

Parler d’énergie de la pensée comme si cette dernière était un "opérateur" qui agit pour des raisons, des motifs, des buts, …, ou comme si la pensée était un "réservoir d’énergie", relève donc d’une dérive majeure de l’entendement. 

 

Nous développons, par le moyen du cerveau, des activités d’ordre transcendant qui permettent des constructions abstraites (mentales) comme les imageries virtuelles du monde, les concepts, les pensées, …, nuance !

 

C’est pourquoi nous considérons l’Energie psychique non pas comme une énergie singulière appartenant au monde des énergies physiques, mais comme une énergie potentielle spécifique inhérente à un ordre transcendant,

une énergie qui permet notamment les incessantes créations caractéristiques du phénomène de la vie.

 

Nous sommes cependant très éloignés des concepts d’énergie vitale et d’élan vital prônés par de nombreux philosophes (H. Bergson, …) et théologiens !  

 

*

 

Mais alors, que dire des origines, des sources  primordiales de ces deux natures d’énergies :  physique et transcendante (spirituelle) ?

 

Nous pouvons raisonnablement croire que ces sources sont des "Unitaires" parce qu’elles sont sans dimension et intemporelles ; il y aurait  ainsi :

- d’une part, l’Unitaire source primordiale des énergies physiques communément appelé Energie universelle d’où émergent les particules qui forment les atomes et les molécules (la matière) ; il s’agit donc de l’éternel substrat du monde,

- d’autre part, l’Unitaire source mère de l’entité créatrice non omnipotente qui, conduisant l’univers, se singularise en chaque être et se reconnaît en l’homme, sous le couvert du je (moi, ego, sujet, esprit).

 

Considérons, en premier lieu, l’Energie universelle, cet éternel substrat du monde.

Nous citerons deux grands Anciens :

 

"Si d'un verbe sonnant et de passage, tu as dit que fussent faits le ciel et la terre, il existait donc déjà, antérieure au ciel et à la terre, une matière créée, dont les vibrations, sujettes au temps, donnaient, au cours du temps, essor à cette voix",

"Oui, la matière brute du ciel et de la terre est une chose et le modelé du ciel et de la terre en est une autre. Tu (Dieu) les as faits, la matière absolument de rien et le modelé d’une matière privée de forme ; néanmoins tu les as faits d’un seul coup tous deux, en sorte qu’il y a eu de suite, sans nul interstice dans la durée, matière et forme. " (cf. saint Augustin - Confessions – Livre XI, 6 - Livre XIII, 33),

 

"Quand une perturbation se propage dans un milieu continu, elle a tendance naturelle à s'étaler en s'affaiblissant ...

De plus, si le milieu est vraiment continu, je veux dire, si, envisagé sous un aspect plus microscopique, il ne se résout pas à un agrégat de particules, on peut démontrer que les perturbations auront une tendance naturelle à se transformer en vibrations de plus en plus rapides s'exécutant à des échelles de plus en plus petites. La représentation purement continue des phénomènes naturels nous conduirait donc à prévoir la disparition de toutes individualités, la tendance vers un état homogène où l'énergie évoluerait vers des formes de plus en plus subtiles" (cf. L. De Broglie - Matière et Lumière –1937).

 

Mais alors, qu’en est-il du domaine subquantique, ce domaine toujours identique à lui-même, sans dimension, dont sourdent en permanence les états les plus élémentaires du réel ?

La question est toujours d’actualité ; par bonheur cependant, les recherches spatiales permettent d’avancer quelques bribes de réponse crédibles.

 

Considérons les flux cosmiques de type vortex ; nous savons que ceux-ci ne pourraient que décroître, voire disparaître, s'ils n'étaient pas engendrés en continu par une source d'énergie à grande échelle vierge de matière.

Quant aux galaxies à noyaux actifs (AGN : Active Galactic Nucleus), constituées de concentrations extrêmement compactes d’énergies,

elle ne seraient pas dues à des apports d’énergies provenant de leur environnement mais résulteraient de puissantes sources internes (il s'agit en particulier des noyaux répertoriés BL-Lacertae).

 

Le rayonnement gravitationnel est également riche d’enseignements.

Bien qu'envisagé dès 1916 par Einstein et ses collaborateurs lors de travaux théoriques sur les champs, ce rayonnement ne fut mis en évidence qu'à partir des années 1960 grâce au fabuleux développement des technologies de recherche, notamment grâce aux détecteurs très sophistiqués que sont le cylindre de Weber et les interféromètres laser.

Caractérisé par des fréquences allant de 10-6 à 1000 Hz, le rayonnement gravitationnel (les ondes gravitationnelles) correspond à une diminution de l'énergie interne ; en outre, les plus fortes marées cosmiques gravitationnelles n’expriment pas des forces importantes mais d'énormes transferts d'énergie par des évènements (des activités) quantiques ; c’est le cas lorsque les étoiles sont en phase vibratoire terminale, comme les supernovae qui s'effondrent.

Il n'est donc pas déraisonnable de considérer la réduction de masse de systèmes stellaires sous le couvert d'ondes de gravité (par exemple un trou noir engloutissant des étoiles par le biais d'ondes gravitationnelles),

comme un mode de désactualisation de la matière, en d'autres termes,

comme un retour des énergies matérialisées, à l'état sans dimension d'Energie universelle.

 

Nous sommes ainsi en présence d’un au-delà du monde, "situé" non pas à l’extérieur de l’incommensurable enveloppe censée circonscrire l’univers, mais au tréfonds des choses et des êtres.

Dès lors, comment ne pas imaginer dans le "recyclage" et l'"émergence", deux mystérieux processus qui, de toute éternité, permettent d'établir le monde dans sa dynamique et sa diversité ?

 

En conséquence, nous rejetons la théorie du Big-bang ; d’ailleurs l’analyse du rayonnement cosmique fossile qui résulte de la fabrication de certains noyaux atomiques (il s’agit de la nucléosynthèse qui requiert des températures de milliards de degrés), permet uniquement de conclure que dans le cosmos il y eut, il y a d’incommensurables explosions.

A l’appui de cette compréhension, citons aussi les expériences conduites par les chercheurs John C. Mather et George F. Smoot (Nobel de Physique 2006), à l’aide du  satellite COBE ; celui-ci a permis de découvrir que le rayonnement cosmique fossile est objet de fluctuations atteignant 1/30 millionième de degré Kelvin à 5 millionièmes près, entre deux points du ciel distants de plusieurs dizaines de degrés (résultats révélés en avril 1992).

En d’autres termes, ces fluctuations montrent que le rayonnement fossile n’est pas uniforme dans toutes les directions, et donc qu’il  est anisotrope et provient de plusieurs sources, invalidant ainsi nombre de théories scientifiques comme la théorie du Big-bang, la théorie des textures de David N.Spergel et la théorie des cordes cosmiques de Jeremiah P.Ostriker.

 

A vrai dire, quelques scientifiques commencent à subodorer un deuxième Big-bang ; mais alors, pourquoi deux Bangs et pas davantage ?,

d’autant plus que l’univers est éternel puisque son substratum : l’Energie universelle,

cet Unitaire de la matérialité comme nous le surnommons,

dont la "fractalisation" conduit aux différents états du réel,

est lui aussi, éternel car sans dimension et sans temporalité.

Dans l’univers de toute éternité, eurent, ont, auront lieu de multiples Bangs !

 

Il demeure cependant une incontournable interrogation :

pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? (cf. Leibniz -1646, 1716).

Naturellement, nous nous garderons de tenter de répondre !

 

Néanmoins, souvenons-nous de saint Augustin :

 

"Voici encore ce qu'un autre pourra dire : quand nous lisons, dans le Principe, Dieu a fait le ciel et la terre, ces mots : le ciel et la terre, signifient non pas l'ensemble de toutes les substances invisibles et visibles, achevées déjà et dotées de leurs formes, mais une ébauche encore privée de formes susceptible de prendre forme, mais une matière susceptible d'être créée, et - de fait, elle portait déjà en soi, sans ordre encore et sans nulle distinction de qualité ni de forme, ce que l'on nomme, aujourd'hui qu'ils se trouvent répartis chacun dans son ordre, le ciel et la terre, qui sont l'ensemble, l'un des créatures spirituelles, l'autre des créatures corporelles." (cf. Confessions - Livre XII - 17, 26).

 

 

*

 

Nous conclurons en essayant de "cerner" l’Unitaire (le Pouvoir unitaire) dont relève l’entité créatrice non omnipotente qui, conduisant l’univers, se singularise en chaque être et se reconnaît en l’homme, sous le couvert du je (moi, ego, sujet, esprit).

 

La problématique posée par la création et la conduite de l’univers est fort ancienne, nous le savons ; quant aux réponses apportées, elles furent bien évidemment exprimées en fonction des connaissances qui prévalaient ; ainsi :

 

- Platon différenciait nettement le monde sensible perçu par les sens, de celui, stable et immuable, révélé par ce qui est intelligible à tout humain quelle que soit sa culture, c’est à dire par ce qui est exprimé avec les idées en général, le beau et le bien en particulier.

Pour cet illustre ancêtre, les idées sont les causes de toute chose, et considérer le beau comme cause de la beauté revient à dire que les belles choses imitent l’idée du beau.

 

- Aristote pensait que la dynamique du monde présuppose une cause efficiente : un moteur, et une raison, un but final : le bien :

"Il y a donc aussi quelque chose qui le meut (le premier ciel qui est source du mouvement dans l’univers) et, puisque ce qui est mû et meut sont associés, il doit y avoir quelque chose qui meut sans être mû ..." (cf. Métaphysique – 1072, a 21).

 

- Quant à Plotin, il était convaincu que :

"S’il y a quelque chose d’antérieur à l’énergie qui est donnée, ce quelque chose transcende donc cette énergie et par conséquent transcende aussi la vie.",

" Mais de l'Un qui est le Bien, vient pour l'Esprit le Plusieurs. Car la puissance qu'il avait reçue, il n'a pu la retenir : il l'a donc fragmentée et, cette puissance, il l'a faite plusieurs ..."(cf. Traité 38 – 17, 10 - 15, 20).

 

Evidemment, l’univers n’est pas conduit par des lois et des principes mais par un Pouvoir créateur.

C’est pourquoi,

après avoir étudié les horizons de transcendance imaginés par Platon, Aristote et Plotin,

après avoir constaté que dans l’univers, il y a en permanence prise en compte de repères de valeur, notamment de durées ces intervalles qui ne sont pas de l’espace,

par analogie avec l’Energie universelle, cette Entité unitaire de la matérialité,

nous postulons avec assurance, le "réalisme" d’un Unitaire de la spiritualité, c'est-à-dire l’existence d'un Pouvoir unitaire de caractère divin, essence et source du pouvoir créateur impliqué dans le monde.

 

En ce début de troisième millénaire, les connaissances scientifiques et la maturation de pressentiments, de concepts et de logiques, ouvrent donc sur des cheminements intellectuels quasiment vierges d'investigations,

des cheminements originaux qui permettent notamment de découvrir qu’en tout homme, en tout être, en tout état du réel, cohabitent, potentiel et actualisé, physique et transcendant, temporel et éternel, attestant ainsi que l'univers est en relation permanente avec deux entités sans dimension, c’est à dire en relation avec deux sources mères éternelles.

 

Quelles sont les relations, plus exactement, les interactions entre ces deux sans forme, ces deux Unitaires, et l’univers ?

Là aussi, nous nous garderons de répondre mais rappellerons que quelques interactions physiques sont accessibles à l’expérimentation ; ce sont celles qui alimentent le discours scientifique,

et que d’autres plus subtiles, exprimées par les êtres évolués, attestent l’existence de liens abstraits et la prise en compte de références labellisées par le concept : "valeurs morales".

 

Sachant qu’il n’y a pas d’abysse structurel entre la matière inerte et la matière animée, nous imaginons aussi volontiers, des similitudes entre les forces physiques et les liens abstraits inhérents au domaine de l’abstraction,

ces liens qui permettent l’élaboration, la cohérence et l’adéquation avec le réel des constructions virtuelles (imageries cérébrales, concepts, …, idées, …),

ces liens dont les logiques sont les expressions singulières.

 

 

***

 

Nous voici au terme de ce cheminement intellectuel, hors des sentiers battus, au cours duquel nous avons essayé de développer de nouvelles compréhensions de monde et du sens de la vie,

compréhensions porteuses d’espérances crédibles car, osons le dire, en cette période de grave crise morale, les croyances (les fois) actuelles fondées sur d’ancestrales vérités d’époques, pour le plupart aujourd’hui obsolètes, ne permettent plus d’apaiser les angoisses de l’humanité.

Tentative utopique, direz-vous !

Qui sait ?

 

 

Paul  Moyne

www.paulmoyne.com