Fiches biographiques

Épicure


Préparé par Philippe Dénouésyl 

Sa vie

(341-270 av. J.-C.), philosophe grec, né sur l'île de Samos d'une famille athénienne. Il a été formé par son père, maître d'école, et par plusieurs philosophes, notamment par l'influence d'Aristote. À l'âge de dix-huit ans, il se rend à Athènes pour faire son service militaire. Après un séjour, il retrouve son père à Colophon où il commence à enseigner. Épicure fonde une école de philosophie à Mytilène, sur l'île de Lesbos, vers 311 . Deux ou trois années plus tard, il assuma la direction d'une école à Lampsacus. De retour à Athènes en 306, il s'y installa définitivement, professant sa doctrine à des disciples dévoués.  Des disciples venus de toute la Grèce et de l'Asie Mineure se rendirent à l'école d'Épicure, attirés autant par le charme de sa personnalité que par l'importance de son enseignement.

Ses Thèses

Épicure fut de sont temps un auteur prolifique. Sa biographie relatée par l'historien et biographe du IIIe siècle apr. J.-C., Diogène Laërce, dit qu'il laissa trois cents manuscrits, dont trente-sept traités sur la physique et de nombreux ouvrages sur l'amour, la justice, les dieux et d'autres sujets. La plupart des textes sont perdus, le temps les a balayé. Trois lettres et un nombre de courts fragments furent conservés dans la biographie de Diogène Laërce. Les principales sources d'information supplémentaires concernant les doctrines d'Épicure sont en fait dans les écrits des écrivains latins Cicéron, Sénèque, Plutarque et Lucrèce, dont le poème De rerum natura (De la nature) expose l'épicurisme.

 La pensée d'Epicure est fondée sur la quête du bonheur. Selon lui, le plaisir est le bien suprême et le but principal dans la vie. Les plaisirs intellectuels sont préférables aux plaisirs sensuels qui tendent à perturber la paix de l'esprit. Épicure enseigne que le vrai bonheur réside dans la sérénité résultant de la délivrance de la peur, à savoir de la crainte des dieux, de la mort et de la vie après la mort. Le dessein ultime de toute la pensée d'Epicure sur la nature est de délivrer l'homme de telles craintes.

La physique d'Épicure est atomiste. Elle revient en cela a sur la tradition des philosophes grecs Leucippe et Démocrite. Épicure se représente l'Univers comme infini et éternel et composé seulement de corps et d'espace. Parmi les corps, certains sont des composés, d'autres sont des atomes ou éléments stables et insécables, constitutifs des corps composés. Le monde, tel que l'œil humain le perçoit, résulte des tourbillons, collisions et agrégations de ces atomes dont chacun ne possède que forme, grandeur et poids.

En biologie, Épicure entrevoit la doctrine moderne de la sélection naturelle. Les forces de la Nature font naître des organismes vivant de types différents, seuls ceux qui sont capables de subvenir à leurs besoins et parviennent à survivre.

La psychologie épicurienne est résolument matérialiste. Elle affirme que les sensations sont causées par un flot continu de particules (ou «!simulacres!») que les corps émettent et qui affectent nos sens. Toutes les sensations sont fiables!; l'erreur ne surgit que lorsqu'elles sont incorrectement interprétées. L'âme est composée de fines particules distribuées à travers tout le corps. La dissolution du corps dans la mort, selon Épicure, mène à la dissolution de l'âme qui ne peut exister en dehors du corps!; la survie est donc impossible. Puisque la mort signifie l'extinction totale, elle n'a aucune signification, puisqu'elle n'est ni le plaisir et la douleur. Épicure faisait l'éloge de l'amitié qu'il préférait à l'amour car elle perturbe moins la vie quotidienne. Selon l'hédonisme qu'il enseignait, ce n'est que par la maîtrise de soi, la modération et le détachement que l'on peut atteindre la tranquillité qui est le vrai bonheur. Il est aussi assez surprenant que malgré son matérialisme, Épicure croyait en la liberté de la volonté. Il affirmait que les atomes sont libres et que, à l'occasion, ils peuvent se mouvoir d'eux-mêmes; ce qui fait que étrangement, sa position présente des similitudes avec le principe d'incertitude de la théorie quantique.

Épicure ne niait pas l'existence des dieux, mais il les voyaint très loins des hommes, il déclarait que, «êtres heureux et indestructibles» d'une puissance surnaturelle, ils n'intervenaient jamais dans les affaires de l'homme, bien qu'ils puissent prendre plaisir à contempler la vie des mortels lorsqu'ils sont vertueux. Le véritable esprit religieux revient pour lui à contempler la vie idéale des dieux suprêmes et invisibles, comme eux nous contemplent du plan céleste où ils résident. 

Il reste que l'épicurisme a été discrédité souvent en raison d'une confusion, qu'il entretient entre bonheur et plaisir. Dans l'antiquité, il était assimilé avec l'hédonisme grossièrement sensuel prôné par les cyrénaïques. Néanmoins, la philosophie épicurienne gagna nombre de disciples prestigieux, comme le grammairien grec Apollodore et, chez les romains, le poète Horace, l'écrivain Pline le Jeune, et surtout le poète Lucrèce. Le poème De rerum natura (De la nature) de Lucrèce constitue en fait la source principale de la connaissance de l'épicurisme. En tant qu'école établie, l'épicurisme disparaît au début du IVe siècle apr. J.-C. Il est renouvelé au XVIIe siècle par Pierre Gassendi. Depuis lors peut toujours être considéré comme une des doctrine de l'art de vivre les plus importante de la pensée occidentale. 

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