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Arthur Avalon      la dimension métaphysique des cinq sens


     La matière affecte le jiva de cinq manières différentes, éveillant chez lui les sensations d'odorat, de goût, de vue, de toucher et de température, enfin d'ouïe.

     Comme nous l'avons expliqué déjà, les tanmâtra son suprasensibles, étant des qualités abstraites, tandis que les sens perçoivent seulement leurs variations dans les objets particuliers. Ces objets sensibles particuliers dérivent des principes généraux ou "universaux".

     Du shabda tanmâtra et de ses combinaisons avec les autres tanmâtra naissent les bhûta grossiers (mahabhûta), qui, étant les objets, occupant une étendue physique, perceptibles par les sens, se rapprochent de la définition occidentale de la "matière" sensible distincte. Ces cinq mahâbhuta sont akâsha, (Ether), Vâyu, (l'air), Tejas (Feu), Apas (Eau) et Prithivî (Terre). Leur développement part du Tanmâtra d'une seule unité de ce qu'on appelle l'inertie (tamas) dans la matière sensible, chargée d'énergie (rajas) par l'accroissement graduel de la masse ou l'énergie est redistribuée. Le résultat est que chaque bhûtha est plus grossier que son prédécesseur, jusqu'à ce qu'on arrive à la Terre. Ces cinq bhûta n'ont rien de commun avec les "éléments" occidentaux; en vérité ce ne sont nullement des éléments, puisqu'ils sont produits par les tanmâtras. Considérés objectivement et dynamiquement, ils apparaissent comme cinq formes du mouvement (à partir d'akasha) dans lesquels se différencie prakriti. Ce sont : un mouvement libre en tous sens, rayonnant des lignes de force dans toutes les direction et symbolisé par les "cheveux de Shiva" qui produisent l'espace (akasha) dans lequel opèrent les autres forces; un mouvement transversal et un déplacement dans l'espace (vâyu); un mouvement vers le bas produisant la contraction (apas) ; et ce mouvement qui produit la cohésion, et donc le caractère obstructif en fait l'opposé de l'Ether libre dans lequel il existe et dont il sort, ainsi que les autres tattva. Le premier est perçu par l'ouïe en raison de sa qualité (guna) de son (shabda); le second par le toucher éprouvant résistance et température; le troisième par la vue, comme couleur, le quatrième par le goût, possédant la saveur; et le cinquième par l'odorat, ayant une odeur, produit par la matière, dans la mesure seulement où elle participe de l'état solide.

    La terre dure, stable, massive, est ce qui est senti, goûté et touché, et ce qui existe dans l'espace connu par l'ouïe, c'est-à-dire dans les sons qu'il contient. L'eau fluide est ce qui est goûté, vu et touché dans l'espace. Le feu est ce qui est vu et touché, c'est-à-dire éprouvé comme température dans l'espace. L'air est ce qui est senti de cette manière dans l'espace. Et le son entendu est ce par quoi est connue l'existence de l'Ether. Ces bhûta en se combinant, forment l'univers matériel. Tout objet en lui contenu, nous étant ainsi composé de tous les bhûta, nous lisons dans les Tantra que la forme, la couleur et le son se trouvent en correspondance, vérité d'une profonde signification rituelle. Ainsi, chaque son du langage ou de la musique a une forme correspondante".

Le Pouvoir du Serpent  Dervy, p. 73-75.

Indications de lecture:

Jiva, l'individualité vivante. Prakriti, la Nature. La théorie de namâ-rupa est esquissée dans le cours sur langage et réalité. Voir les autres textes d'Arthur Avalon sur le site. Sur la notion d'universel voir aussi les textes. Si les Eléments sont présent dans la pensée grecque, chez les présocratique et Aristote, l'interprétation qu'on en donne est peut être erronée. Ici, il y a un schéma dynamique de Manifestation de la Réalité depuis l'intériorité absolue vers  l'objectivation concrète dans les choses. C'est une Procession à partir de l'Absolu indifférencié. La physique raisonne à l'inverse en partant  de l'extérieur vers l'intérieur.


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