Philosophie et spiritualité


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François de Closet    la fuite dans l'objet et la dépendance technique


    "La rétroaction de la personne à la technique ne constitue pas une adaptation au sens que les civilisations avaient su donner à cette notion. C'est une fuite dans l'objet, un oubli de soi. C'est pourquoi les aptitudes propres de l'individu et du corps social pour affronter les situations diverses de la vie ne cessent de diminuer. Le progrès de l'assistance technique ne fait que compenser cet affaiblissement. Les télécommunications et l'audio-visuel compensent la dégradation des relations humaines et de la créativité personnelle, les nouvelles thérapeutiques compensent la moindre résistance de l'organisme, l'enrichissement générale compense l'incapacité de retrouver l'essentiel dans sa propre existence. Ainsi les outils du progrès deviennent-ils progressivement des prothèses. Et l'amélioration de ces dernières ne fait que traduire l'aggravation des infirmités.

     Car le recours technique agit à la façon d'une drogue. Il retient l'individu, mais il ne le satisfait pas. Pour éviter le manque, il faut sans cesse augmenter la dose. L'homme vit en état d'assistance permanente.

    Privé d'automobile, d'électricité, de moyens audio-visuels, de médecine moderne, le citoyen du XXième siècle s'effondre. il n'est plus capable de puiser dans ses ressources intérieures pour faire face. De même, la société en se maintient qu'à travers tous les réseaux de production et de services qu'elle assure à ses membres. L'adaptation naît de la dépendance, le besoin de l'infirmité".

     Le Bonheur en plus, Denoël, Paris, 1974, p. 61-62.

Texte proposé par Lauriane Jammeau


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