Document : Désir, détachement et sagesse
dans la Bhagavad Gita, ch; II,
voir aussi la traduction de J. M. Rivière édition Arché.
- Quand l’homme s’affranchit, ô fils de Prithâ, de tous les désirs
qui hantent l’esprit, qu’il trouve sa satisfaction en soi et par
soi, on dit qu’il est en possession de la sagesse.
- Sans trouble dans la souffrance, sans attrait du plaisir, libre
d’attachement, de colère et de crainte, l’ascète est en
possession de la lumière.
- Celui qui ne ressent aucune inclination, qui, d’aucun bien ni
d’aucun mal, ne conçoit ni joie ni révolte, celui-là est en
possession de la sagesse.
- Et lorsque, telle la tortue rentrant complètement ses membres, il
isole ses sens des objets sensibles, la sagesse en lui est vraiment
solide.
- Les objets des sens disparaissent pour l’âme qui n’en fait
pas son aliment ; la sensibilité reste. A son tour elle
disparaît pour qui a reconnu l’absolu.
- Malgré ses efforts, ô fil de Kuntî, même chez le sage, les
sens, toujours tyranniques, agissent violemment sur l’esprit.
- Il faut, les contenant tous, se concentrer, se fixer uniquement
sur son moi. Car qui tient ses sens sous son pouvoir, chez celui-là
la sagesse est vraiment solide.
- Si l’homme s’attarde à considérer les objets des sens,
l’attrait s’éveille en lui ; de l’attrait sort le désir ;
du désir naît la colère ;
- La colère produit l’égarement ; l’égarement, la défaillance
de la raison, le naufrage de la pensée. C’est la perte de
l’homme.
- Mais qui traverse le monde extérieur avec ses sens affranchis
d’attachement et de haine, dociles à sa volonté, celui-là, l’âme
disciplinée, aborde à la paix.
- Dans la paix il trouve la fin de toutes les souffrances ;
car, dans l’esprit pacifié, bien vite la vérité s’établit.
- Pas de vérité sans yoga ; sans yoga pas de méditations ;
mais pour qui ne médite pas, point de repos ; à qui n’a
point le repos d’où viendrait le bonheur ?
- De l’esprit qui leur obéit, le tumulte des sens emporte la
sagesse comme la tempête un vaisseau sur l’océan
- Celui, ô guerrier aux grands bras, de qui les sens sont
parfaitement dégagés des objets sensibles, chez celui-là, au
contraire, la sagesse est solide.
- Ce qui est nuit pour tous les êtres est, pour l’homme maître
de ses sens, le temps de l’éveil ; ce qui aux autres êtres
est la veille, est la nuit pour l’ascète qui voit.
- Comme l’océan où affluent les eaux, tout en s’en
remplissant, garde un équilibre immuable, de même celui en qui
affluent tous les désirs peut conserver le repos, non pas celui qui
cède à l’attrait du désir.
- L’homme qui, chassant tout désir, vit sans passion, sans
poursuites personnelles, sans égoïsme, celui-là entre dans le
repos.
- C’est là ô fil de Prithâ, s’établir en Brahman ; à
ce point, plus d’incertitude ; qui y est parvenu, fût-ce à
la dernière heure, atteint la délivrance en Brahman..
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