Chaque cataclysme apporte son lot de destructions. Et à chaque fois, on se demande ce qui aurait dû être fait pour l'éviter ou en limiter les dégâts. Certes, les famines et disettes ont marqué l'histoire de l'humanité, mais, depuis le xxe siècle, l'histoire était toute autre puisque, enfin, la planète produisait suffisamment pour nourrir cette humanité, pourtant plus nombreuse que jamais. Les analyses alarmistes, inspirées de Malthus, sur l'incapacité de nourrir le monde se sont succédé; elles se sont révélées fausses jusqu'à ce jour. La faim aujourd'hui est principalement liée à des problèmes d'accès à la nourriture et de répartition de celle-ci. Crises, guerres, inégalités, pauvreté sont en cause. Tout au long de ces pages, nous avons illustré ces éléments du contexte et devons admettre que, si nous n'y prenions pas garde, la situation nutritionnelle du monde pourrait s'avérer de nouveau cataclysmique au cours du XXIè. Assurer la sécurité alimentaire reste un défi majeur. À l'origine de cette tempête potentielle, la conjonction terrible de trois processus prévisibles. Tout d'abord se dessine une situation démographique jamais atteinte sur la planète. Cette situation va entraîner une demande en forte augmentation vis-à-vis de l'agriculture. Ensuite l'environnement. La « nature r, désormais très fortement dépendante et dans le même temps façonnée par les pratiques humaines, devra être gérée à la fois comme ni, système et un bien collectif aux ressources limitées et comme un milieu de production à préserver pour les génération futures, alors même que les sources d'énergies fossiles seront plus rares. Enfin le contexte climatique augmentera les incertitudes et les situations critiques liées à la conjonction malheureuse d'événements extrêmes tels que sécheresses, inondations ou encore incendies.

     Ces défis globaux seront moins difficiles à relever si les inégalités entre les zones du monde ont pu être réduites. Et pour cela,, l'agriculture est un moteur essentiel de développement qui doit permettre à de nombreuses zones du monde de sortir de la grande pauvreté. Émerge ainsi la conscience que l'agriculture n'est pas uniquement un secteur pourvoyeur de denrées alimentaires, mais qu'elle est embarquée dans un ensemble complexe de domaines en interaction qui oscillent entre crises, dégradations et contributions au développement durable: santé, énergie, emploi, richesse, stabilité politique, environnement tant local que global, etc. Elle se retrouve de fait au centre des grands équilibres mondiaux, sujette à toutes les tensions et cercles non vertueux générateurs d'instabilité, et, dans le même temps, interpellée pour empêcher le pire. Alors comment éviter ce cataclysme d'échelle mondiale? Certainement pas en restant sur la même route. Il faudra radicalement changer les comportements de chacun d'entre nous, comme au niveau collectif. Pour s'inscrire dans ces perspectives, les solutions de demain devront se démarquer des pratiques d'aujourd'hui.