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Byron Katie      exemple d'investigation


Mary : (lisant les affirmations qu'elle avait écrites dans son questionnaire) :
Je hais mon mari parce que tout en lui, même sa façon de respirer, me rend dingue. Ce qui me déçoit, c'est que je ne l'aime plus et que notre relation n'est qu'une mascarade. Je voudrais qu'il réussisse mieux, qu'il ne désire plus coucher avec moi, qu'il se mette en forme, qu'il ait une vie en dehors de moi et des enfants, qu'il ne me touche plus jamais et qu'il soit plus puissant. Mon mari ne devrait pas s'illusionner sur le fait qu'il excelle dans notre entreprise. Il devrait chercher plus de succès. Mon mari est une lavette, il a sans cesse des besoins et il est paresseux. Il se leurre. Il refuse de cesser de se mentir. Je refuse quant à moi de persister à jouer dans cette relation le rôle d'un imposteur.

Katie : C'est tout ? [Le public éclate de rire et Mary se joint à l'hilarité générale.] D'après ces rires, j'en conclus que vous avez exprimé ce que pensent tout bas plusieurs personnes ici présentes. Donc, commençons par le début et voyons si nous pouvons tirer au clair cette situation.

Mary :  Je hais mon mari parce que tout en lui me rend dingue, même sa manière de respirer.

Katie : Votre mari vous rend dingue - est-ce vrai? (Voici la première des question : est-ce vrai?)

Mary : oui.

Katie : d'accord. Donnez-moi un exemple. Il respire?

Mary : Quand nous faisons des téléconférences pour notre entreprise, je peux entendre sa respiration à l'autre bout du fil. ça me donne envie de hurler.

Katie : Donc, "sa respiration me rend dingue » - est-ce vrai ?

Mary  : Oui.

Katie : Êtes-vous absolument certaine que c'est vrai ? (La deuxième question Êtes-vous absolument certain que c'est vrai ?)

Mary : Oui !

Katie : Nous comprenons tous ça. J'apprends de votre bouche que c'est effectivement vrai en ce qui vous concerne. D'après mon expérience, ce ne peut pas être la respiration de votre mari qui vous rend dingue ; ce doit être vos propres pensées au sujet de sa respiration qui ont cet effet. Examinons donc ce point de plus près pour voir si c'est vrai. Que pensez-vous quand vous l'entendez respirer au bout du fil ?

Mary : Qu'il devrait s'apercevoir qu'il respire fort pendant une téléconférence.

Katie : Quelle réaction suscite en vous cette pensée ? (La troisième question : Quelle réaction suscite en vous cette pensée ?)

Mary" : J'ai l'impression de vouloir le tuer.

Katie : Qu'est-ce qui est plus douloureux ? La pensée que vous attachez à sa respiration ou sa respiration elle-même ?

Mary : La respiration est plus pénible. Je suis tout à fait à l'aise avec l'idée de vouloir le tuer. [Mary rit, l'auditoire aussi.]

Katie Vous pouvez conserver cette pensée. Voilà ce qui est merveilleux avec le Travail, vous pouvez conserver toutes vos idées.

Mary: Je n'ai jamais effectué  le Travail auparavant, je ne connais pas les réponses "justes".

Katie: Vos réponses sont parfaites. Ne répétez rien. Donc, il respire au téléphone et vous pensez qu'il devrait s'en apercevoir, mais ce n'est pas le cas. Quelle est la pensée qui suit ?

Mary : Cela fait jaillir toutes les pensées odieuses que j'ai à son sujet.

Katie : D'accord. Et il respire immanquablement. Il devrait cesser de faire ça dans l'appareil lors des téléconférences - qu'en est-il en réalité ? Le fait-il ?

Mary : Non. Je lui ai dit de cesser.

Katie : Et il continue. Voilà la réalité. Ce qui est vrai, c'est toujours ce qui se passe et non le scénario au sujet de ce qui devrait se passer. « Il devrait cesser de respirer dans l'appareil » - est-ce vrai ?

Mary :[rompant son silence] : Non, ce n'est pas vrai. Il le fait. Voilà ce qui est vrai. Voilà la réalité.

Katie  : Alors, comment réagissez-vous quand vous pensez qu'il doit cesser de respirer au téléphone mais qu'il ne le fait pas ?

Mary  : Comment je réagis ? Je veux m'enfuir. C'est désagréable parce que je sais que je veux me tirer de là mais que je n'en ferai rien.

Katie : Retournons à l'investigation, plutôt que d'aller plus loin dans le scénario, dans votre interprétation des faits. Voulez-vous vraiment découvrir la vérité ?

Mary : Oui.

Katie : D'accord. Il vaut mieux s'en tenir à une seule affirmation écrite à la fois. Voyez-vous une raison de vous défaire de cette idée qu'il devrait cesser de respirer au téléphone ? [Il s'agit d'une question supplémentaire que Katie pose parfois.] Pour ceux d'entre vous qui ne sont pas familiers avec le Travail et qui supposent que je demande à Mary de renoncer à son scénario, en termes clairs : c'est faux. Il ne s'agit pas de se débarrasser de nos pensées ni de les vaincre, de les améliorer. Rien de tout ça. Il s'agit simplement de saisir par vous-même le mécanisme interne de cause à effet. La question est donc seulement « Voyez-vous une raison de vous défaire de cette pensée ? »

Mary : Oui, j'en vois une. Les téléconférences seraient beaucoup plus agréables si je ne l'avais pas.

Katie : Voilà une excellente raison. Pouvez-vous songer à une raison qui ne provoque pas de stress dans le fait de conserver cette pensée, ce mensonge, à savoir qu'il devrait cesser de respirer au téléphone. [Une autre question complémentaire.]

Mary : Qui seriez-vous sans cette pensée ? [La quatrième question Qui seriez-vous sans cette pensée ?] Qui seriez-vous, pendant une téléconférence avec votre mari, si vous n'étiez pas en mesure d'avoir cette idée ?

Mary : Je serais beaucoup plus heureuse. Plus puissante. Je ne serais pas distraite.

Katie : Exactement, chérie ! C'est tout à fait ça. Ce n'est pas sa respiration qui est à l'origine de votre problème. Ce sont vos pensées au sujet de sa respiration, parce que vous ne les avez pas examinées pour voir si elles sont en contradiction avec la réalité du moment. Passons à l'affirmation suivante.

Mary : Je ne l'aime plus.

Katie : Est-ce vrai ?

Mary : Oui.

Katie : Bon d'accord. J'entends ce que vous dites. Et voulez-vous vraiment découvrir la vérité ?

Mary : Oui.

Katie : D'accord. Restez tranquille. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Vous ne l'aimez plus - est-ce vrai ? [Mary demeure silencieuse] Si vous deviez répondre en toute honnêteté par- oui ou par non, maintenant, et que vous deviez vivre le restant de vos jours avec cette réponse - vérité ou mensonge -, quelle serait votre réponse? Vous ne l'aimez plus - est-ce vrai ? [Il y a un long silence, puis Mary se met à pleurer.]

Mary : Non. Ce n'est pas vrai.

Katie : C'est une réponse très courageuse. Si nous répondons ainsi, si cette réponse est ce qui est effectivement vrai pour nous, nous sommes alors persuadés qu'il n'y a pas d'issue à la situation. « Est-ce vrai ? » n'est qu'une question ! Nous tremblons à l'idée de répondre honnêtement à une simple question parce que nous en voyons la portée éventuelle dans un avenir fictif. Nous croyons qu'il nous faut y remédier. Comment réagissez-vous quand vous accordez foi à l'idée que vous ne l'aimez plus ?

Mary : Ma vie devient une stupide charade.

Katie : Voyez-vous une raison de vous défaire de cette idée que vous ne l'aimez plus ? Et je ne vous demande pas d'y renoncer.

Mary : Oui, j'en vois une.

Katie : Y a-t-il une raison paisible de conserver cette pensée ?

Mary :  [après une longue pause] : J'ai l'impression que si je garde ce scénario, alors je peux l'empêcher de vouloir coucher avec moi continuellement.

Katie : Est-ce là une raison paisible ? Elle me semble stressante.

Mary : J'imagine qu'elle l'est.

Katie : Y a-t-il une raison paisible de conserver cette pensée ?

Mary : Oh, je vois. Non. Il n'y en a aucune.

Katie : Passionnant. Qui seriez-vous, auprès de votre mari, sans cette idée que vous ne l'aimez pas ?

Mary : Ce serait génial. Fabuleux. C'est exactement ce que je veux.

Katie: Si je comprends bien, avec cette idée, la situation est stressante, mais sans elle, c'est fabuleux. Donc, qu'est-ce que votre mari a à voir avec votre insatisfaction ? Nous ne faisons que constater ici. Donc "je n'aime plus mon mari" - inversez la.  [l'inversion suit les quatre questions].

Mary : J'aime mon mari.

Katie : Ressentez-le. Ça n'a rien a voir avec lui, n'est-ce pas ?

Mary : Non. Ça n'a vraiment rien à voir avec lui. J'aime vraiment mon mari et vous avez raison, ça n'a rien à voir avec lui.

Katie : Et parfois, vous êtes persuadée que vous le détestez, et ça n'a rien à voir non plus avec lui. Le pauvre ne fait que respirer. Votre scénario dit soit que vous l'aimez, soit que vous le détestez. Un mariage heureux ne requiert pas deux personnes, il n'en faut qu'une seule : vous ! Voilà une autre inversion.

Mary : je ne m'aime pas moi-même. C'est plausible.

Katie : Et vous supposez peut-être que si vous divorciez de lui, alors vous vous sentiriez mieux. Mais si vous n'avez pas investigué votre façon de penser, vous attacherez ces notions au prochain homme qui entrera dans votre vie. Nous ne nous attachons pas à des gens ou à des objets, mais bien à des concepts non investigués que nous tenons pour vrais sur l'instant. Jetons un coup d'oeil aux affirmations suivantes sur votre questionnaire...

Aimer ce qui est, Éditions Ariane, p. XVI et suivantes.

Indications de lecture:

cf. Leçon Sur les croyances inconscientes.


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