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Maurice Legueux   Karl Popper critique de la philosophie de l'histoire


     Popper ne s'est pas contenté de critiquer les fondements discutables ou les prétentions abusives de la philosophie de l'histoire, il est allé jusqu'à y repérer l'une des sources des totalitarismes du XXe siècle dans la mesure où la philosophie de l'histoire étroitement associée à la doctrine qu'il dénonçait sous le nom d'historicisme - aurait légitimé l'idée voulant que l'histoire soit régie par des lois inexorables. C'est ce qui l'a amené à dédicacer Misère de l'historicisme, ouvrage dans lequel il fustigeait les philosophies de l'histoire, à la mémoire des « innombrables hommes, femmes et enfants qui succombèrent, victimes de la croyance fasciste et communiste en des lois inexorables de la destinée historique.» Dans un « addendum » qu'il annexait à une édition ultérieure d'un autre livre d'inspiration analogue The Open Societies and Its Enemies rédigé au cours de la deuxième guerre mondiale, Popper justifiait même la charge à l'emporte pièce que, dans cet ouvrage, il avait menée contre Hegel et la vision hégélienne de l'histoire, en rappelant que ce livre constituait pour lui rien moins que son « effort de guerre' » . À la lumière d'une dénonciation aussi générale issue des milieux intellectuels les plus autorisés et les plus variés, il paraît raisonnable de penser que la tentation de scruter le devenir de l'Humanité à laquelle semblent avoir succombé tant de philosophes aux XVIIIe et XIXe siècles ne pouvait exercer beaucoup d'attrait sur les penseurs du XXe siècle. »
Actualité de la philosophie de l'histoire, Les Presses de l'Université Laval, Québec, 2001. p.6.

    


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