Document : Newton
L'espace comme absolu
L'espace absolu, de par sa nature, et sans relation
à quoi que ce soit d'extérieur, demeure toujours semblable et
immobile. (...) L'espace relatif est cette mesure ou dimension mobile
de l'espace absolu, laquelle tombe sous nos sens par sa relation au
corps, et que le vulgaire confond avec l'espace immobile (...). L'ordre
des parties de l'espace est aussi immuable que celui des parties du
temps ; car si les parties de l'espace sortaient de leur lieu, ce
seroit, si l'on peut s'exprimer ainsi, sortir d'elles-mêmes, les temps
& les espaces n'ont pas d'autres lieux qu'eux-mêmes, & ils
sont les lieux de toutes les choses. Tout est dans le temps, quant à
l'ordre de la succession : tout est dans l'espace, quant à l'ordre de
la situation. C'est là ce qui détermine leur essence, & il serait
absurde que les lieux primordiaux se mûssent. Ces lieux sont donc les
lieux absolus, & la seule translation de ces lieux fait les
mouvements absolus. Comme les parties de l'espace ne peuvent être vues
ni distinguées les unes des autres par nos sens, nous y suppléons par
des mesures sensibles. Ainsi nous déterminons les lieux par les
positions & les distances à quelque corps que nous regardons comme
immobile, & nous mesurons ensuite les mouvements des corps par
rapport à ces lieux ainsi déterminés : nous nous servons donc des
lieux & des mouvements relatifs à la place des lieux et des
mouvements absolus ; & il est à propos d'en user ainsi dans la vie
civile : mais dans les matières philosophiques, il faut faire
abstraction des sens ; car il se peut faire qu'il n'y ait aucun corps
véritablement en repos, auquel on puisse rapporter les lieux et les
mouvements.
Principes mathématiques de la philosophie naturelle,
trad. Marquise du Chatelet, Vol. I, pp. 8-10.
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