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Robert Ornstein     l'évolution de la conscience


Il n’existe aucun espoir de changement. Il n’y aura aucun futur, à moins que nous ne prenions notre esprit entre nos mains pour le faire évoluer dans la bonne direction.

L’ESPRIT, CETTE ENTITÉ VARIÉE QUE NOUS POURRIONS UN JOUR DIRIGER

Pendant des millénaires, les êtres humains ont été séduits par l’idée d’un “moi évolué” ou par des expériences mystiques. Il nous faut maintenant prendre conscience du fait que ces expériences comptent pour notre avenir et reconnaître qu’elles figurent en bonne place.

Nous pouvons remodeler nos esprits en changeant notre point de vue habituel. Le terme traditionnel destiné à contrôler notre moi en nous emparant de nous-mêmes est la volonté, terme qui n’a guère cours aujourd’hui. S’il existe une volonté, cette volonté réside dans le choix de l’humeur que nous décidons d’adopter. Le paradoxe de nos humeurs changeantes se résout ainsi: le contrôle de la conscience se manifeste peu chez la plupart des gens. Il nous appartient de la développer par l’observation de soi.

Le développement de la conscience se produit non dans une transe mystique éblouie, mais par une sélection consciente. Il s’agit de la troisième étape de l’Évolution. La sélection naturelle a commencé à l’aveuglette. La sélection neuronale, lors de nos premières années, s’opère selon un transfert plus ou moins automatique du monde dans l’esprit. La sélection de la conscience est la manière dont nous pouvons orienter notre évolution, en développant l’aptitude à choisir entre les variantes de notre esprit.

La conscience de notre individualité représentait un grand avantage lorsque les menaces qui jouaient sur notre survie pesaient sur l’existence de l’homme. Il était alors possible de localiser et d’isoler un animal ennemi et de l’utiliser pour se nourrir. Les nécessités de base pour la survie humaine ne sont plus de cet ordre, tout au moins dans le monde occidental. La plupart d’entre nous achètent aujourd’hui leur alimentation. Nous n’avons plus besoin de partir à la chasse lorsque nous avons faim. Nous vivons une époque où la nécessité d’une évolution de la conscience devient indispensable à l’ensemble de l’humanité, et non plus seulement pour quelques solitaires en train de jeûner et de prier dans un monastère au sommet de la colline. Les descriptions traditionnelles de l’humanité endormie ou aveugle, tel un automate, évoquent l’idée qu’en général, nous sommes prisonniers d’un pouvoir de sélection qui fonctionne selon une routine. Il existe un conflit entre les défenseurs de la raison et les tenants de l’intuition, entre les avocats et les danseurs, les généraux et les poètes. Je crois que nous devrions définir ces aptitudes comme autant d’aspects des milliers de formes de l’esprit, comme l’a dit Rumi (Djala-l Al-Di- n Al-Ru- mi-. Poète persan (1210-1273). Son Masnavi, qui expose la doctrine du Soufisme par des paraboles, est considéré comme un des chefs-d’oeuvre universels de la littérature mystique). Il existe un but beaucoup plus accessible, infiniment plus vital: organiser les différents “moi” humains et comprendre que ce qui est, d’une manière classique et quelque peu archaïque, désigné comme le “sacré” et le “profane” correspond en réalité à différents aspects de l’entité humaine.

Au lieu d’affirmer qu’il doit y avoir conflit ou un combat continuel, nous pourrions considerer la bande de “simplets” qui s’agite en nous comme autant de parts de l’esprit qui assument des rôles différents. Le plus rudimentaire, le moi “profane”, existe. Les humains partagent avec d’autres animaux cette nécessité biologique qu’est la survie: soif, faim, régulation de la température, colère et éveil. Mais les êtres humains ne vivent pas que de pain et de jeux; la relation entre les différents “moi”, ces “simplets”, est différente de ce que nous imaginons.

Les éléments qui nous composent ne sont pas balayés par une merveilleuse transformation. Nous abritons encore en nous le reste de nos “moi” évolués. Si l’ensemble de nos facultés a évolué dans le sens de la survie, nous devrions savoir que nos jugements seront toujours déformés: dès lors que le sexe et la famille constituent des priorités qui occupent une bonne part de notre esprit. Le système bâti afin de s’adapter à la survie - trouver de la nourriture, disposer d’une certaine sécurité, se coucher - explique pourquoi l’adaptation consciente peut sembler aller à l’encontre des esprits les plus évolués. La plupart des méthodes “mystiques” classiques s’astreignent à combattre les besoins physiques afin de relâcher l’emprise du corps sur l’esprit: une âme prisonnière d’une “cage mortelle”. D’innombrables tentatives ont tenté d’inciter l’esprit conscient à évoluer: les monastères préconisent l’abandon des désirs terrestres, insistant sur le jeûne et l’absence de stimulants. La diète, les chants, les privations: autant de moyens pour affaiblir les mouvements automatiques de l’esprit profondément reliés à l’adaptation biologique. Cette torture primaire n’est pas nécessaire.

En Turquie, au Moyen Âge, des disciples tournaient comme des toupies dans un cercle. Les Bouddhistes se concentrent sur la respiration. Les yogis fixent un mandala ou un vase en méditant sur une phrase dénuée de sens telle que: “Montrez-moi votre visage avant que vos parents se soient rencontrés”. Que peut être un état “sans esprit” ou de “mystérieuse obscurité”? Des méditations telles que celles-ci dirigent la conscience des événements de l’extérieur à des mouvements internes, afin de s’éloigner un instant de la coulée de la vie quotidienne et de stopper la routine. La plupart de ces techniques tendent à arracher l’aspirant-disciple à ses occupations habituelles. Lui ou elle s’assiéra seul ou avec un petit groupe en un lieu particulier, dans un coin retiré, parfois près d’une cascade.

L’observation de soi, comme le groupe neuronal qui renforce les connexions, développe la capacité de changer d’attitude. Des associations d’idées peuvent naître entre des actes volontaires et leurs conséquences. Grâce à l’observation sur soi, nous parvenons à discerner les composants de notre “bande de simplets”, même s’ils se présentent d’une manière contradictoire: agressifs, paresseux, automatiques, brillants, généreux, avides, etc. Cette prise de conscience peut conduire à affaiblir la sélection automatique des “simplets” qui se trouvaient en première ligne sur le devant de la scène, et mener à un renforcement de la sélection de la conscience.

Nous avons désespérément besoin d’être capables de transcender nos changements de position inconscients. L’intuition consciente est la faculté de sélectionner la part adéquate de l’esprit pour un travail donné. Cette capacité de percevoir instantanément et de prendre la direction du système mental, est le but rarement atteint du “développement conscient”.

Les problèmes de survie auxquels nous avons à faire face aujourd’hui, sont de nature collective plutôt qu’individuelle. Comment empêcher la destruction de notre planète, comment rendre compte et comprendre des idées, des doctrines et des personnes divergentes et variées qui ont leur propre “réalité”? Ce qui a été défini comme des perceptions spirituelles ou un état de conscience plus élevé, se réfère à une vue de la réalité où des actions individuelles se combinent selon un plan plus organisé.

Cela se manifeste par des expériences ordinaires. Les membres d’une équipe sportive créent une entité plus puissant que leurs efforts individuels. Il en va de même pour le personnel d’une société. Le concept de ces “niveaux” de la réalité humaine ne devrait pas paraître bizarre. Nous le reconnaissons d’une manière implicite lorsque nous affirmons: “J’admire cette équipe depuis vingt-cinq ans!”.

D’une manière similaire, il existe un autre niveau de compréhension d’une réalité dont chacun constitue un fragment. Nous ne devons pas détruire notre esprit, ni ces “simplets” qui s’agitent en nous, si nous désirons progresser. Nous avons besoin, grâce à l’observation de soi, d’appeler ou de rejeter les “simplets” dont nous avons besoin. Il n’est pas nécessaire de les brimer, mais seulement de choisir les bonnes recrues au moment où elles nous sont indispensables.

L’esprit manipule un enchaînement indiscipliné de “moi”, ce qui nous empêche de transcender cet ensemble évolué d’aspects de notre esprit destinés à un objectif particulier. Ce qui nous donne cette nature composite “mi-ange, mi-bête”.

Nous avons besoin d’assumer tous nos “moi”. Atteignant l’illumination, nous demeurerions la même personne et non une sorte d’ascète aseptisé en robe blanche. Nous devrions comprendre qu’il nous faut satisfaire bien des emplois du temps au même moment, et savoir quelles sont les routines mentales qui sont utiles à tout instant. Ainsi nous nous mobiliserions en entendant un bruit sourd, nous apprécierions un repas et nous jouirions de notre vie de famille, ce qui requiert une organisation différente de nos “moi”. Quelques “simplets” que nous pouvons un jour faire émerger, pourraient ne pas être “bien”, d’autres pourraient avoir des besoins conflictuels, mais les uns et les autres ont besoin d’être conduits consciemment dans une direction donnée.

Comprendre la nature automatique de notre système mental favorise une autre approche de l’avenir. Nous agissons tous d’une manière aussi peu relevée que n’importe qui et il nous reste assez peu de liberté de manoeuvre. Nous nous trouvons dans le moule de nos conduites antérieures pour la majeure partie de notre vie, quel que soit le degré de notre élévation d’esprit et l’intensité de notre désir de changement. Comment éliminer notre nature de base? C’est aussi impossible que de nous débarrasser de nos battements de coeur! Une fraction de l’humilité que l’on est supposé acquérir par l’ascétisme et par la négation de soi, peut être assimilée en étudiant les recherches les plus avancées sur les “simplets” variés et dissociés qui composent le “moi”.

Peu importe à quel point nous évaluons notre individualité: la plupart des humains fonctionnent par automatismes. Nos raisons d’agir suivent le même parcours. Chacun d’entre nous pense qu’il est unique, mais nous éprouvons les mêmes sentiments indicibles lorsque nous admirons l’aurore, lorsque nous tombons amoureux, lorsque nous tenons dans nos bras notre enfant pour la première fois, ou que nous perdons brusquement celui que nous aimons. Ces sensibilités forment le tissu vivant de notre esprit. Nous désirons tous plus que nous ne possédons, nous nous souvenons du bon vieux temps avec émotion, nous sommes abasourdis par un drame. Nous réagissons de la même manière. Nous nous mettons en colère d’une manière identique, nous vivons l’amour semblablement, nous détestons, nous percevons les couleurs et les formes de la même façon.

L’HUMANITÉ, CET ANIMAL

Si nous considérons l’humanité comme un animal, la vision change de celle à laquelle nous sommes habitués: la demande, les possibilités sont autres. L’animal humain - l’humanité prise comme un tout - a grandi plus de cinqcents fois depuis le temps de Moïse, et a développé sa puissance plusieurs millions de fois, mais la direction consciente de son pouvoir exponentiel ne s’est guère accrue. Comme tout organisme qui poursuit sa croissance, les facultés de l’humanité se sont développées selon différents régimes et à différentes époques. L’humanité s’est développée en taille, en force, elle a étendu sa domination mais non sa faculté de conscience.

Les groupes religieux n’ont pas besoin de s’attacher comme ils l’ont fait au long de l’histoire, au processus de l’adaptation biologique: fermes et production agricole, reproduction, hôtelleries, organisations sociales, services variés rendus à une communauté spécifique. Donner son avis sur qui épouser et comment se marier, comment organiser la société, comment considérer ses parents et amis, interfère avec le processus de l’évolution. Des chefs religieux proposent des idées telles que: “Dieu est en vous” pour justifier une existence bloquée par la pauvreté.

J’espère que nous sommes capables de commencer à unifier les aperçus du rationnel, de l’émotionnel, de l’intuitif et du spirituel. “Le royaume des cieux est au-dedans” et “Les Anges sont des facultés cachées dans l’esprit de l’homme”, représentent autant de manières de décrire cette unité. Développer la conscience signifie devenir conscient des différents “moi” qui coexistent à l’intérieur de nous-mêmes, se persuader de leur aveuglement tout en restant capables de discerner de plus vastes champs de perception.

Celui qui a le plus travaillé en adaptant la pensée spirituelle classique au monde moderne est le maître soufi afghan Idries Shah. En une trentaine de volumes (parmi ceux-ci : Les Soufis et l’Ésotérisme, Payot, Paris, 1972 (épuisé). Apprendre à Apprendre, Le Courrier du Livre, Paris, 1987. Sages d’Orient, Le Rocher, Paris, 1989. (N.D.L.R.), Shah a traduit et rédigé des histoires de la tradition soufie, en indiquant comment les différents niveaux d’esprit peuvent opérer, soulignant ainsi notre dilemme actuel.

Un certain nombre de ces récits met en scène le personnage de Nasrudin qui reflète l’humanité au miroir. Nasrudin(Les exploits de l’incomparable Mulla Nasrudin, Le Courrier du Livre, 1979, Paris. Les plaisanteries de l’incroyable Mulla Nasrudin, Le Courrier du Livre, 1982, Paris.(N.D.L.R.) nous permet de percevoir notre situation à travers la loupe de l’humour, rassemblant la plupart de nos connaissances sur l’inflexibilité de la conscience humaine normale et le besoin de changer de mode de pensée. Dans un récit que je cite souvent, Nasrudin prend l’avion d’un pays du Moyen-Orient jusqu’à Londres en compagnie de ses disciples. L’avion à quatre moteurs s’envole et le voyage se passe sans encombre. Brusquement, un moteur se décroche et le capitaine dit: “Ne vous en faites pas! Nous arriverons à Londres avec une demi-heure de retard”. Les passagers gardent leur calme. Lorsque le second moteur tombe, l’entourage de Nasrudin commence à se faire du souci. Le capitaine estime alors que l’avion aura deux heures de retard. Nasrudin les tranquillise: tout va bien. Lorsque le troisième moteur se détache de l’avion, le capitaine prévoit que l’avion, sérieusement endommagé, aura quelques heures de retard. Nasrudin qui, dans ce récit joue le rôle de la pensée conventionnelle, dit: “Prions, mes amis, pour que cet avion ne se casse pas la figure! Car si c’est le cas, nous serons là toute la journée”…

Jusqu’à une époque récente, ces contes étaient considérés sous un angle moral ou social ou au premier degré, destinés à distraire. Mais si on les juge comme une version moderne de la perspective de Rumi, ils servent de négatif aux différents “moi” qui coexistent en nous. Shah souligne que les constituants de base des systèmes spirituels ont été transférés sur l’économie moderne: sécurité, vie associative, contrôle des régimes, etc. On devrait s’inspirer des développements de la société moderne et, à une époque de spécialisation, se spécialiser sur l’essentiel. Nos contemporains, qui parviennent à se connaître soi-même, se libérent des structures du passé.

Accroître une perception instantanée prend paradoxalement du temps. Il s’agit d’un processus trop subtil pour les impatients qui veulent tout, tout de suite. Ce processus ne diffère pas d’un entraînement professionnel: on ne devient pas physicien nucléaire en observant simplement l’explosion des étoiles, et en le souhaitant. Ce métier réclame des années d’entraînement et d’efforts. Développer une faculté de l’esprit apparentée au langage n’est pas plus aisé.

C’est une procédure subtile et aussi difficile que de changer les “simplets” qui tiennent le devant de la scène de notre esprit et de suspendre nos moyens d’action habituels. Cette opération semble différente des concepts avancés par les Églises, les ashrams, etc., puisque cette évolution intérieure dépend plutôt d’une nouvelle adaptation de l’esprit que d’une hiérarchie de fonctions. Comprendre notre esprit et ses fonctionnements nous libère des différents compartiments de la société qui ont maintenu nos différents “moi” en prison. Nous avons besoin aujourd’hui d’accroître notre propre évolution, afin de passer des stades de l’Évolution qu’avait détectés Darwin à ceux que propose Rumi. Avec notre cerveau global, indépendant de notre enfance, nous contenons des champs de possibilités qui s’étendent au-delà du monde où nous sommes nés.

Il est vital en ce qui concerne les perspectives de notre vie, de changer. Nos esprits ont grandi avec l’idée que le monde était circonscrit à quelques kilomètres et par une poignée de gens. Notre monde actuel est occupé par six milliards d’êtres, par des voyages dans l’espace, des armes de destruction de masse, alors que nous appartenons à la même tribu et que nous allons partager le même destin.

Il existe d’innombrables projets techniques et sociaux proposés aux problèmes de la vie moderne et je ne rejette aucun d’entre eux. Nous avons besoin de toutes les régulations de la pollution, du contrôle des armes, des initiatives de paix, de technologie appropriée, du recyclage et du précyclage que nous pouvons inventer.

Mais c’est en comprenant notre système mental que nous découvrirons les clés pour ceux qui souhaitent des changements. Nous disposons d’extraordinaires aptitudes autant que de limitations accumulées durant des millions d’années. Au moins comprenons-nous mieux ce que sont nos limitations mentales. Parce que nous avons tellement changé le monde, nous avons besoin, en tant que société, d’apprendre à diriger de nouvelles formes d’adaptation consciente durant les périodes de la vie: pendant notre enfance, notre jeunesse, dans la société prise dans son ensemble, sur la planète, en esprit. Je ne peux prévoir ce que fera l’humanité, mais il est clair qu’à moins que nous ne comprenions nos racines qui plongent dans des mondes ancestraux, et notre adaptation à ce monde, nos adaptations sont inappropriées aujourd’hui.

Il n’existe aucun espoir de changement. Il n’y aura aucun futur, à moins que nous ne prenions notre esprit entre nos mains pour le faire évoluer dans la bonne direction.

L’esprit humain, dont les racines les plus profondes occupent d’anciennes routines qui obéissent à de simples signaux, a évolué pour faire face à des dangers tels que le tigre. Ce cerveau, aujourd’hui produit d’une expansion rapide, peut et doit s’adapter à l’intérieur, en se servant du pouvoir d’adaptation dont l’humanité a toujours disposé.

Pour prolonger l’oeuvre de ces spécialistes de l’évolution que sont Darwin et Rumi, cette perspective de l’esprit, a la capacité illimitée de se développer dans le champ du possible, en attendant de répondre aux nécéssités du nouveau monde que nous avons créé.

Travailler à l’évolution de la conscience en saisissant la complexité des myriades d’esprits qui coexistent en nous peut être plus facile, plus proche et plus libérateur que nous ne pourrions le croire.

Robert Ornstein
Président de l’Institut pour l’Étude de la Connaissance humaine, à Los Altos, Californie; médecin, spécialiste du cerveau. Il a publié dix-sept ouvrages dont: “La Psychologie de la Connaissance”.

Article paru dans La Revue Intemporelle des Humains Associés (numéro 6), extrait de Evolution of Consciousness, Prentice Hall Press, 1991. (Traduction de Thérèse de Saint Phalle)
http://www.humains-associes.org/No6/HA.No6.Ornstein.html

 


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