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La transformation de la conscience

Anne B.

   J'ai enfin compris que (pour moi) je dois choisir entre mon ego et ma conscience.
j'avais compris qu'aimer c'est rendre libre, mais comme vous dites, avec l'amour vient l'attachement et donc le désir, donc l'ego.

Philippe D.

   Il est assez paradoxal de formuler les choses ainsi. Remarquez bien : "j'ai", "je", "pour moi", "mon ego", "ma conscience". C'est comme si vous mettiez sur la Conscience les caractéristiques de l'ego, celui là même qui sans arrêt dit "moi", "moi". En même temps, vous comprenez qu'il a une différence de conscience entre vivre sous la coupe de l'ego et vivre en pleine conscience. Vous présentez cela comme un choix, mais le choix, c'est l'ego. Vivre dans la clarté de la conscience, c'est laisser tomber moi, moi et cela implique une disponibilité lucide au présent sans choix. Vous avez pressenti qu'il y a dans la Conscience vraie une auto-référence qui n'est pas celle de l'ego. C'est très juste. C'est même une intuition très profonde. Vous formulez cependant cela dans le langage de l'ego et ce n'est pas la même chose.

   Pour "comme vous le dites", nous rappelons que les interventions du forum sont indépendantes de toute autorité, y compris celle du cours de philosophie présent sur le site !

   Maintenant, sur le fond, oui aimer vraiment, c'est laisser libre et l'amour n'est pas l'attachement qui lui réduit en servitude. C'est une compréhension décisive et un saut radical de la conscience quand cela est vraiment compris.

Anne B.

   A force de chercher, j'ai bien vu qu'il y avait deux mondes: celui du " pouvoir", de la mort et de l'argent, du désir et de la violence ou de la séduction. Ce qui était recherché était quelque part le désir de survivre à soi-même: une oeuvre qui laisse trace. L'autre monde est celui de l'amour, de la vérité et de la liberté. Chaque fois que j'agis selon ma conscience ( celle qui est inscrite en moi) je me sens conforme à la vérité, je me sens libre, disponible aux autres.

rizieres_thaiPhilippe D.

   Je ne sais pas si vraiment il faut parler de "deux" mondes. Il n'y a qu'un seul Monde, et il y a des millions de fantasmes de chacun de ceux qui fabriquent leur propre monde. Dès qu'il y a "mon" monde "à moi", il y a l'appétit du pouvoir, le désir, la peur de la mort, la violence et la séduction, car tout cela est intégralement la projection de l'ego : la volonté de puissance de l'ego, le désir de posséder, l'agressivité de l'attachement, le désir de reconnaissance. Ils y a autant de "mondes" que d'ego fantasmant le monde. Quand le sens de l'ego s'efface, toutes les constructions tombent, et le Monde revient, simple, vivant, prodigieusement libre et toujours neuf. Ce qu'il a toujours été. Dans le Monde réel, la communication est infinie, elle est relation et cela est immédiatement présent dans la disponibilité.

Anne B.

   Même avec les miens, je suis en équilibre instable mais ce qu'ils m'ont permis de découvrir, c'est justement que l'amour sculpte, burine la personnalité et lui donne sa vraie dimension.

Philippe D.

   Dans l'état actuel des choses, presque toutes les relations sont en équilibre instable! Si vous regardez vos proches avec amour, alors vous changez votre regard sur les remarques qui tombent en flèche. Vous vous apercevez que les autres voient bien ce qui est est pour vous un angle mort de votre personnalité. C'est très instructif, à condition de ne pas se mettre à culpabiliser. L'amour aide la plante de la vraie personne à grandir, mais sans la contrainte d'un tuteur qui l'oblige à se tenir droit. La plante trouve sa vraie forme. Une éducation qui aiderait l'enfant à grandir dans l'amour l'entourerait de soins pour qu'il pousse en se trouvant lui-même.


Anne B.

   Je souhaite à chacun d'avoir le courage d'agir selon sa conscience, celle que la vie a mis en lui. Car nous naissons avec un potentiel que nous ne connaissons pas, la vie est éducatrice et nous mène par des chemins que nous n'apprécions pas forcément, nous sommes confrontés à des obstacles qui exigent de nous une vigilance toujours plus grande envers autrui. Car autrui est notre révélateur, c'est lui qui nous limite et nous conduit. Il suffit de faire confiance.

Philippe D.

  Agir selon sa conscience, cela veut dire conserver en permanence l'autoréférence. La Conscience est par nature auto-référente. Il faut peut-être un certain courage pour se décider enfin à vivre délibérément. Mais le courage est surtout nécessaire dans les obstacles, car pour être il n'est pas nécessaire de faire un effort. L'obstacle est une fine culture qui en effet provoque la lucidité à condition que l'expérience soit pleinement comprise. Sinon les obstacles vous casse et ne donnent aucune leçon.

   Autrui a une place particulière dans la transformation de la conscience. Parler de révélateur, est important. C'est ce que nous disions au sujets des angles morts de la personnalité. Parler de limite et de guide par contre ne va pas de soi. Au sens de la morale, autrui est représenté comme une personne  et voir dans l'autre une personne, c'est reconnaître une limite à ne pas franchir, la limite du respect. Bon d'accord. Pour le terme de guide il y a vraiment ambiguïté. Si je laisse l'autre prendre la barre sur moi, si je suis soumis, si je ne fais que subir, sous prétexte que l'autre est mon "guide", alors nous sommes en pleine aliénation. Et une aliénation très ordinaire. Le terme guide appliqué à autrui a un sens plus précis : l'autre me renvoie en permanence à la Conscience intime, à la présence vraie, il me renvoie à moi-même en me donnant toutes les occasions possibles pour mettre en écho tout ce qui est en moi à titre de noeuds, de blessures intimes, de plis entretenu par l'ego, de complaisance, de fuite ou de compensation.

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