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La transformation de la conscience

Damien L.

Vous croyez vraiment que la conscience peut se transformer? J'aimerai d'abord une définition de la conscience qui puisse me convaincre autant que vous.
Merci.

Serge C.

     Définir la conscience cela n'a pas tellement de sens, vous être dedans, comme le poisson est dans l'eau. Tous ce que vous connaissez apparaît dans la conscience, et vous savez très bien ce qui se passe quand cette conscience s'affaiblit et que vous tombez dans le sommeil. Dans l'état de veille, la conscience veut dire vigilance aux objets sur lesquels je porte mon attention. Je fais attention à bien garder la main de mon petit garçon au milieu de la rue. Je fais attention de ne pas rater une marche dans l'immeuble dans cet escalier un peu raide. Par la conscience, je suis aussi quelque peu présent à moi-même, quand je suis ouvert à ce qui se produit en moi. Cela s'appelle la lucidité.

     Maintenant, la conscience peut-elle se transformer? Est-ce que cela ne veut pas dire s'ouvrir d'avantage, dans le sens où je ne me sens plus séparé de toute choses? Puis-je avoir une attention qui s'étend de proche en proche? Puis-je être un peu plus éveillé que dans la seule sur-veillance des objets? Puis sortir des ornière de ma conscience habituelle?

Olga C.

     Il existe des animaux qui n'ont pas de cerveau, pas de système nerveux, même pas de corps : le micro-plancton, par exemple. Ils n'ont probablement ni pensée ni conscience, pourtant chacun d'eux existe, individu unique. Les animaux qu'on peut observer dans la nature naissent, grandissent, jouent, cherchent leur nourriture, arrangent leur habitat, se battent pour une femelle ou un bout de territoire, et finissent par mourir... Tous ces animaux, qu'ils aient ou non une conscience (conscience qu'ils vivent et de ce qu'ils font), peut-on dire que leur vie a un sens, un but ? peut-on dire qu'elle n'en a pas ? ni l'un ni l'autre : ils vivent, tout simplement, chacun selon leur nature. Ils ont chacun leur place dans la Nature, dans le grand cycle de la Vie. Pourquoi serait-ce différent pour nous autres humains ? Pourquoi faudrait-il que notre petite vie particulière d'individu unique aie un sens ? Quel est notre but dans la vie ? mais... vivre, voyons !
   Si je laisse de côté l'ego (=je veux être quelqu'un) et toutes mes questions existentielles (pourquoi ? comment ? est-ce que ? qu'est-ce que ?) et que je dépasse la peur affreuse de n'être rien ni personne dans l'univers, de n'avoir aucune utilité sinon d'être une partie d'un grand tout, sans importance, sans but ni avenir... alors je cesse de penser ma vie et je commence à vivre. Je suis, mais je ne suis personne, personnalité non définie, car je n'accorde pas d'importance à qui je suis : je suis une présence (une âme, une conscience ?) mais je ne la nomme pas, je ne lui donne pas d'étiquette (généreuse, éveillée ou paresseuse) pour ne pas la figer dans ce qu'elle est à l'instant où j'écris, et qu'elle n'est déjà plus maintenant... je me contente de vivre cette présence, de lui donner corps : je ressens, j'agis ou ne j'agis pas, à chaque instant selon ma nature profonde, selon cette présence plongée dans ce qu'offre la vie. Est-ce cela que vous appelez la transformation de la conscience ?
   Je me suis "transformée" il y a environ 1 mois, en changeant ma façon de voir, de concevoir la vie : la souffrance était telle et mon attitude tellement inadaptée, que j'ai soudain réalisé que je ne pouvais vraiment pas continuer comme avant. Maintenant, j'explore ma nouvelle vie... avec, pour être honnête, une petite peur d'être devenue folle, déconnectée de mes semblables (l'ego ne meurt jamais), mais tant pis, je ne me vois pas revenir en arrière.
   Qu'en pensez-vous ?

    Philippe D.

    Merci pour ce témoignage. Il est en droite ligne de ce que nous explorons ici. Le paradoxe effectivement, c'est que lorsque nous cessons de nous chercher, nous nous  trouvons, parce que la recherche est une exigence qui prescrit quelque chose par avance, une définition et que la présence est sans projection et sans définition. c'est un soulagement de lâcher le souci d'être quelqu'un en particulier pour défendre une identité. C'est la véritable liberté qui va aussi avec l'inconnu. Le sentiment d'inadaptation est naturel, mais passager. Il y a un moment où naît un sentiment étrange : celui d'être à la fois infiniment lointain des autres, parce qu'il n'est plus possible d'adhérer à le représentation habituelle et simultanément, le sentiment d'être infiniment proche de chacun, dans une intimité immédiate. Comme si on pouvait tout de suite prendre d'importe qui dans ses bras et qu'il n'y avait plus de distance réelle. Une totale solitude et une totale intimité en même temps. Être complètement dans le monde comme jamais on l'a été, et sentir aussi que l'on n'est pas de ce monde, comme on ne l'a jamais senti. Et c'est la même chose.

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