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La transformation de la conscience

Frédéric P.

    Bonjour. Je trouve qu'il manque un point de vue essentiel dans votre discussion, c'est celui (qui est notamment le mien) selon lequel la conscience n'existe peut-être pas. Je ne suis pas sur que cela renvoie a un contenu sensé, J'y vois en réalité un aporisme. "constat d'incarnation", je veux bien, "connaissance de mon existence", passe encore, mais "conscience" je ne vois pas ce que ça recoupe. peut-être n'est-ce qu'à moi que cette fameuse conscience manque, mais je ne vois qu'en moi que des processus qui tournent, des pensées qui s'agitent, des volontés qui s'expriment, mais ce sont les seules choses qui remplissent le temps d'éveil de mon cerveau. en ce moment, je suis le cours d'une pensée, qui ne fait que résulter de pensées passées, qui se confrontent à ce que je viens de lire sur ce forum, mais je ne vois pas qu'est-ce qu'il y aurait d'autre à l'oeuvre que cette pensée dans ma tête en ce moment. Mes actions sont entièrement guidées par des volontés qui s'affrontent et se confrontent dans ma tête, mais je n'en suis pas responsable. Je ne sais pas d'où naissent ces volontés, je sens juste quelque chose qui me pousse à agir dans tel ou tel sens, à réagir dans ce forum par exemple, mais je ne suis pas le créateur de cette volonté, c'est juste des processus inconscients (justement) qui ont aboutis à la décision de me faire agir dans ce sens. rien de plus. C'est comme lorsque j'avance parce qu'on m'a poussé dans le dos, là je ne vois pas ce qui me fais avancer, je le sens simplement, et mon action en résulte. Après, je pense que mes chats ont exactement le même système, qui les pousse à vouloir manger, jouer etc. je ne vois aucune différence avec moi. Me rendre compte de ce qui se passe en moi, c'est une illusion. Je ne me rend compte de rien du tout, je ne fais que sentir des pulsions, ou des pensées qui naissent dans un endroit que je ne vois pas. Je me sens triste, content, motivé, désireux etc., mais si c'est simplement ça être conscient, nombre d'animaux le sont également (ceux précisément susceptibles de ressentir ces sentiments). bref, je ne vois pas en quoi la "conscience" d'un sentiment se distingue du sentiment lui-même. Est-ce que c'est être capable de dire "ah, je ressent ceci ou cela"? mais le fait de le dire est simplement une pensée qui passe en revue l'état de mes propres émotions, et qui s'exprime en mots. Un simple "scan" de mon état. oui, je suis capable de dire si je ressens telle ou telle chose, mais je ne vois rien dans cette capacité de mesure rien de spécial, rien qui nous distinguerait absolument des autres animaux. De plus, gardons à l'esprit que nous n'avons pas toujours eu une telle capacité de mesure : à 1 an, je pense avoir été beaucoup moins capable de mesurer et d'analyser mes propres états affectifs qu'aujourd'hui. Pour autant, a part la quantité de mot disponible, l'habitude d'analyse, et une plus grande capacité à projeter des situations fictives à des fins d'anticipation, je ne vois pas de différence, pas qualitative en tout cas.
      Pour conclure je pense que la conscience n'est qu'une tentative supplémentaire de l'homme de conserver une vue anthropocentriste des choses, de continuer de se croire au centre de l'univers, d'avoir un sentiment de supériorité vis à vis des autres espèces, voir de ses congénères (se sentir plus "élevé", quelle absurdité). Il lui semble difficile de démordre de cette position, malgré les coups de boutoir reçu par les positions anthropocentristes de la part des sciences au fil des âges. Enfin c'est peut-être du à la position égocentriste avec laquelle on est, et dont on est de plus en plus obligé de se défaire au fur et à mesure de la vie (oui, finalement, les autres pensent aussi, ressentent aussi des émotions, il n'y a pas que moi...), mais qui continue à faire de la résistance sur un autre plan.
     Voila, c'était pour faire réagir un petit peu les intervenants sur la base du sujet, car il semble évident à beaucoup que la conscience existe et qu'elle est une propriété de l'homme.

Philippe D.

     Merci. Si on ne vous avait pas eu ici, il aurait fallu vous inventer!    
Dans votre intervention, il y a deux choses très différente. Je commence par la conclusion. Bien sûr, la prétention à vouloir placer l'homme au-dessus de toute l'univers est de la suffisance et tous les arguments utilisés à cette fin se dévalorisent par le seul fait qu'on les utilise à cette fin. Seulement, si vous aviez lu de près ce qui a été dit ici, vous auriez remarqué qu'il n'était pas du tout question de la conscience au sens seulement "humain". Il n'y a pas de différence essentielle entre la conscience présente en moi et la conscience qui présente dans mon chat... et même peut être dans la conscience présente au coeur de la matière. La conscience n'est pas le privilège de l'homme loin de là, mais il y a tout de même une forme de conscience originale en l'homme.

    C'est une drôle d'idée de vouloir séparer la conscience de ses manifestations : volonté, désirs, pensée etc. Tout ce qui apparaît, apparaît dans la conscience et ne peut pas s'en dissocier. Vouloir faire une distinction, c'est inventer à part une sorte d'entité bizarre, le fantôme de "la conscience" (on ne voit pas ce que cela veut dire). "Constat d'incarnation", "connaissance de mon existence", désir, peur, pensée, etc. Tout ce que vous voulez. C'est toujours de la conscience. Aduler la pulsion, se démettre de sa volonté et de ses responsabilités ne vous fait pas sortir un seul instant de la conscience. C'est parce que vous vous faite une idée saugrenue de la conscience que vous le la voyez pas.

     suite

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