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La transformation de la conscience

Oliver R.

Effectivement, il me vient à la lecture de votre réponse le sentiment d'un lien étroit entre l'ego et le langage.
Comment dire, .... l'ego naît d'un sentiment de séparation, d'unicité/séparée : je ne suis pas l'autre. Un sentiment vrai. Avec ou sans les mots, l'ego fait une personne qui se retrouve alors soit indéfinie, non nommée, ni définie, soit réduite à un objet, objet de la pensée et du langage, dans la réponse à cette question : qui suis-je ? Si la réponse est dans des mots : je suis gentil, je m'appelle untel etc... la névrose guette : en réalité nous ne saurions être contenus dans des mots, et vouloir s'y conformer conduit à l'autodestruction. Si la réponse est au delà des mots, et je sens qu'elle l'est, le langage est insuffisant. Au plus à la question qui suis-je, je pourrais répondre que je sens que je suis, et que j'ai de commun avec le reste de l'univers le fait d'être.
Je pense que remettre le langage à sa place est donc une étape nécessaire à la libération de la conscience. Nous avons tous étés martelés de phrases diverses dans notre enfance : tu es beau, tu es bête, tu es intelligent, tu peux mieux faire, tu devrais, etc... Prendre les mots pour des vérités, cela revient à se réduire soi-même à un objet dès qu'on se demande qui on est, c'est se priver de liberté, se priver de conscience. Il suffit d'avoir une conversation avec un "manipulateur", qui passé maître dans l'art de tourner le langage à son profit retourne vos arguments contre vous : les mots sont traîtres s'ils ne sont éclairés de la conscience de leur rôle, et l'on est facilement abusé si on n'y prend pas garde. Dans le Science et Avenir sur les paradoxe, un linguiste disait : en chaque mot il y a un paradoxe, un sens et un contre-sens. Ce qui fait la force d'une insulte qui blesse, c'est qu'on y croit, ou qu'on croit que les autres peuvent le croire, et qu'on puisse être réduit à la parole insultante dans l'image que les autres ont de nous. La blessure de l'ego est étroitement liée à la valeur de la représentation où le langage est maître. La personnalité "objet" d'une représentation est un rôle, un script, une image, qui a pour vocation la représentation. Représentation fière, orgueilleuse ou pitoyable, misérable.
     Si elle est le fruit de l'expression du sujet conscient, elle exprime la vérité et la vie, elle est inaltérable pour le sujet lui-même, mais possiblement aux yeux des autres, par la diffamation.
    Si elle est une construction de langage et de croyances accumulées, elle est fragile et demande à être défendue sans cesse dans un épuisant et incessant combat. Elle entraîne le sujet dans des comportements défensifs qui ne sont pas en correspondance avec les aspirations vitales. S'accrocher à la représentation c'est perdre sa vie à construire un château de cartes inutile.
     La correspondance entre le langage et l'ego souffrant est elle associée à leur principe même qui est la séparation ? Le langage catégorise les choses, et nomme différemment ce qui est différent. L'ego lié à la constatation de la limite du sujet semble naturellement porté à se construire dans le langage et la représentation pour matérialiser cette limite. Est ce par le mot que l'unicité de la personne devient représentation et "ego" ? J'ai bien du mal à préciser plus avant.... Mais la méditation semble abonder en ce sens, puisque l'évacuation des préoccupations mentales permet de goûter au sentiment de soi, le sentiment d'être, sans mots. C'est une pratique qui enseigne que la représentation mentale ne peut contenir (ni le langage communiquer) ce sentiment d'être. L'ego demande à être communiqué, alors que l'être demande à être ressenti.

    Je m'arrête là, c'est pas très structuré, mais en rediscutant plus tard, les idées se combineront mieux.

Philippe D.

     Vous avez très bien formulé l'opération de la dualité dans le langage.  Cesser de nommer le vécu et vivez-le entièrement, sans vous détacher. Ce qui en émerge est tout à fait nouveau, frais et n'est pas votre création. Étrangement, l'intelligence ressort régénérée de sa disparition dans la vacuité. Pas niée. La définition est un marquage des limites. Comme la marque sur le dos de l'esclave. Comme le marquage des bêtes au sein d'un troupeau. Elle a un rôle très important chez l'enfant qui va de fait se comparer très vite. Grâce à des définitions. "Moi je suis juif, mes copains sont musulmans". "Moi je suis petit, lui il est grand". "Moi, mes parents, ils ne sont pas riches"... Et tout cela agit en profondeur. Cela agit socialement en maintenant la séparation. Si nous sommes un peu attentifs, dans nos relations, c'est flagrant. Je ne rencontre que rarement une personne dans sa fragilité, dans ce qu'elle a d'unique, de vivant, de touchant. C'est toujours "un flic", "une vendeuse", "un adepte de ceci ou cela", "un patron" etc. Marquage. Marquage. Marquage des autres aux moyens des mots. Et avant cela, marquage de moi par moi-même. Il y a quelque chose de délirant dans le processus d'auto-définition. Il vous coupe de tout. Une tentative démentielle qui doit être vue pour ce qu'elle est. Une folie. Le soi n'est pas définissable. Vous n'êtes pas ce que vous pouvez définir. Tout ce que vous définissez n'est pas vous. Toute ce carnaval de définitions est une agitation mentale d'esprit inquiet.

     La méditation a un grand rôle : elle vous rend le silence qui précède tout contact. Elle vous rend la vie qui n'a pas encore été marquée. Sans mots. Eperduement sans tête, mais bien vivante, très vivante. Chaque fois que vous entrez en contact direct avec le ressenti, les mots disparaissent. Et vous vous accordez d'écouter dans le silence la voix de l'âme.

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