1, 2, 34, 5, 6page 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, ... liste des pages.


La transformation de la conscience

Irène B.

   Excusez moi encore de vous ennuyer avec ces histoires d'ego mais encore une fois c'est vrai ce que vous dites là. Je crois que si je recherche l'affrontement c'est justement pour savoir si j'existe vraiment et j'essaie peut-être de m'imposer, cela vient d'une souffrance qui remonte à mon enfance... j'entendais dire que je n'étais rien, que je ne valais rien etc... j'ai fini par croire tout ça. Plus tard, j'ai reproduit les mêmes schémas par mon mariage : d'après mon mari, il fallait que j'entre dans un moule, tout ce que je faisais n'était pas digne d'une femme "bien", je ne parlais pas toujours "comme il faut", enfin j'en passe.... j'ai toujours eu cette sensation d'étouffer...

Philippe D.

   Soyons clair, nous n'allons pas ici faire le travail d'un psychanalyste qui irait décortiquer votre enfance pour l'interpréter. Non, ce qui nous importe, c'est de comprendre le fonctionnement subtil de la conscience. De toute manière, le présent nous importe infiniment plus que le passé. Ce que tu dis là, en parlant de reproduire les mêmes schéma, c'est la répétition du modèle. Il y a eu des blessures dans le passé qui ont laissé des traces, comme des traits dans de la pierre. Ces traces émettent des conditionnements. Concrètement, cela signifie que chaque fois que des circonstances analogues reviennent dans le présent, par rapport à une blessure du passé, aussitôt l'ego va répéter le même comportement. Indéfiniment les mêmes réactions, les mêmes peurs, les mêmes angoisses qui reviennent, parce que les traces sont toujours là. Nous n'allons pas faire le procès de nos parents, ils ont fait ce qu'ils ont pu, par ignorance ils ont parfois marqué la conscience de leurs enfants. Tout cela, c'est du passé qui est définitivement parti. Ce qui reste est plus essentiel. La répétition du modèle n'est pas difficile à identifier, à mettre en lumière. Et c'est tout ce que nous pouvons faire. Elle se déroule à partir des émotions, d'une sorte de remous des vielles eaux du passé. On est troublé intérieurement, déstabilisé et aussitôt, on réagit en enclenchant un comportement mille fois répété pour essayer de retrouver une sécurité. Je pressens que l'on mets en doute ma valeur, au fond de moi, cela me trouble, cela vient résonner en écho avec "décidément, tu ne vaux vraiment rien" du passé. Alors, je réagit brutalement et je produis mon modèle d'insurgé pour reconquérir ma valeur personnelle qui a été blessée. L'étouffement, c'est la sensation d'avoir vécu avec l'idée constante d'être en dessous de ce que je devrais être. N'être jamais à la hauteur. Ce poids du devoir-être.

   Ce poids, il est temps de le poser définitivement. Je dépose mes valises du passé et je pars en sifflotant ! J'arrête de m'imposer un devoir-être. Stop. J'arrête de vouloir me changer de force. La bonne nouvelle c'est : "mais, vous être très bien comme vous êtes ! Pourquoi voulez-vous changer? Soyez vous-même flutte !! Il y a un travail très intéressant à mener dans la vigilance, c'est d'identifier le fonctionnement des émotions. Juste regarder, sans vouloir intervenir. A chaque fois que cela se produit, tout un arrière-fond remonte dont il est possible de prendre conscience. Le voir produit un relâchement, un lâcher prise.

Irène B.

   D'autre part, je suis animée d'une dualité profonde et j'en souffre : quelque chose me dit de faire telle ou telle chose et l'autre partie me dit le contraire ; j'arrive même à dire le contraire de ce que je pense parfois et je me dis que je suis une cinglée qui ne sait pas ce qu'elle veut. En fait, je crois que j'ai passé du temps à me chercher... en tout cas, ma maladie m'a permis de comprendre (comprendre ? est ce le terme exact) qu'après tout, mes défauts, c'était moi ! et que je n'avais pas à changer puisque je me sentais bien comme cela, même nulle, même disant n'importe quoi à n'importe qui et puis j'ai commencé à renvoyer l'image que les gens se faisaient de moi sur eux... du coup ça va mieux.

Philippe D.

   Cette dualité là est vraiment très spéciale. Le mot dualité ne convient pas tout à fait. Je prends une décision et j'argument à fond dans un sens. Puis, je m'arrête et j'ai une angoisse de me tromper et hop, j'argument à fond en sens inverse, pour la décision contraire ! Du coup, je ne sais plus du tout ou j'en suis ! c'est la confiance en soi qui manque au fond. Le Soi sait très bien ce qui est juste et très rapidement, avant que le mental ne se mettre en route. Le premier sentiment est juste parce qu'il coïncide avec Soi. Le renvoi d'image, c'est de la petite guerre personnelle. Il faut se camper droit devant ce genre de considération : en ai-je quoi que ce soit à foutre de ce que l'on pense de moi? Détruire l'image de soi, détruire l'image des autres, c'est déposer toutes les complications inventées par le mental. On se retrouve alors très simple, tout à fait joyeux, avec la sensation d'avoir déposé un poids énorme.

Irène B.

   Pour revenir à la communication, je ne pense pas que la télévision soit un instrument de communication, c'est un instrument de désinformation et d'aliénation mentale ; quand je pense communication, je pense "échange" mais j'arrête là, je suis atteinte de logorrhée chronique. En tous cas, en vous lisant, j'en ai appris beaucoup sur moi. Mais voyez vous, pourquoi est ce que je reviens toujours à moi ? "ego surdimensionné" ...

Philippe D.

   Pour liquider le souci de l'ego, il faut bien l'identifier clairement. Après tout,le souci de Soi est tout à fait recommandable! S'honorer Soi-même dignement, c'est s'aimer soi-même en toute simplicité. Par contre, se fabriquer une image et un personnage plaisant, c'est tout à fait autre chose. Trafic de l'ego.

Irène B.

   Avant de pouvoir faire quelque chose pour "les autres" il faut que j'aie réglé cette affaire là.... et puis toute ma vie, je me suis dispersée en oubliant l'essentiel, mais l'essentiel c'est quoi ? pourtant il me semble que je suis près du but...

Philippe D.

   Ok. Pour être vraiment utile à autrui, il faut pouvoir cesser de vouloir leur en imposer et sortir de toutes les complaisances narcissiques. Y compris la complaisance dans des soi-disant problèmes personnels. Une manière rusée qu'a l'ego d'attirer constamment l'attention sur lui. L'essentiel c'est quoi? L'essentiel c'est Soi ! C'est à dire tout de suite, ici, c'est à dire qu'il n'y a pas de but, mais seulement du Présence consciente. Quand le but c'est être, c'est tout de suite atteint. Les gens qui parlent de "but" en matière de spiritualité, on dirait tout de suite qu'il sont dans un vague. Le vague le plus complet. Et en plus ne prenant des grands airs.

Irène B.

   J'ai à peine fini de poser la question que je formule déjà les réponses, les réponses qui me conviennent bien sûr c'est plus confortable !

Philippe D.

   Les réponse convenues ne sont pas de bonnes réponses. Les réponse confortables sont des mauvaises réponses. Le confort, c'est l'ego. Il adore la sécurité. Il cherche tout le temps à se sécuriser, alors il aime les formulations douillettes qui ne mettent jamais l'accent sur son oeuvre. Or nous cherchons nous à traquer l'ego. Pas la fausse sécurité, pas le confort. Si nous voulons faire descendre un peu plus de présence dans notre vie, il faut s'habituer à la non-sécurité.

suite.

 philosophie.spiritualite@gmail.com page indexée.