Jean Anouilh
Antigone Éditions :
table ronde ; 1942
Thème : Justice
En plus des habituelles
problématiques liées au destin et à la liberté humaine, la pièce tragique de
Jean Anouilh, Antigone, soulève des questions relatives à la justice.
L'action de la pièce fait suite au conflit qui opposa Etéocle et Polynice,
les deux frères d'Antigone, tous deux désireux de s'emparer du pouvoir dans
la cité de Thèbes. Pour lutter contre son frère et assiéger la ville,
Polynice décide de faire appel à une armée étrangère. La lutte se clôt
finalement sur la mort des deux frères. Leur oncle Créon, à qui le pouvoir
revient, ordonne de préparer des funérailles somptueuses à Etéocle, le bon
frère, tandis qu'il interdit à quiconque d'ensevelir le corps de Polynice
qu'il condamne à pourrir au soleil, coupable à ses yeux de trahison. Il
annonce que celui qui tentera d'enterrer Polynice sera puni de mort. Malgré
cet avertissement, Antigone sort du palais pendant une nuit et recouvre le
corps de son frère de quelques poignées de terre symboliques. Antigone et
Créon défendent des positions radicalement opposées concernant la façon dont
le corps de Polynice doit être traité pourtant ils sont tous les deux animés
du sentiment d'agir justement.
I Antigone, la justice
commutative
Indifféremment des actes
commis par ces derniers, Antigone estime que ses deux frères ont droit à un
traitement semblable, en l'occurrence une sépulture décente. Par conséquent
Antigone avance malgré elle une égalité en droit inaltérable entre tous les
hommes, en tant qu'être humain. Elle applique une justice commutative qui
soutient que chaque homme a droit aux mêmes choses, indépendamment des choix
qu'il a pu effectuer. Elle considère la décision de son oncle Créon comme
contraire à la justice et à la morale.
II Créon, la justice
distributive
Pour Créon, c'est justement
la volonté d'Antigone d'accorder un même traitement aux deux frères qui va à
l'encontre de la morale. Pourquoi le "mauvais frère" qui a trahi la cité
aurait droit aux mêmes avantages que le "bon frère"? Créon exerce une
justice distributive, c'est à dire qu'il donne des avantages aux individus
en fonction de leurs mérites. Selon lui, ne pas punir le "mauvais frère"
serait une aberration et lui accorder un traitement semblable à celui du
"bon frère" dévaloriserait les vertus de ce dernier.
III Le mérite
Les deux protagonistes ont
donc la certitudes d'agir en vertu des lois de la justice et la morale.
Cependant leurs opinions opposées ouvrent la voie à une multitude de
questions. Chaque homme mérite-t-il le même traitement en tant qu'être
humain ou bien existe-t-il des différences de mérite entre les individus? Si
l'on considère avec Créon qu'il y a des différences de mérite entre les
hommes, comment déterminer ces différences? Nous sommes tentés de répondre
que le mérite ne peut concerner que les choix de la libre volonté de
l'individu (on ne peut, par exemple, dire de quelqu'un qu'il est méritant
parce qu'il est blond) ; mais il faudrait alors déterminer jusqu'à quel
point un choix a été libre. En réalité plus grande sera la liberté que nous
attribuerons à l'homme, plus significative sera la notion de mérite.
Pauline Raveau

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