Dans les années 2000 je mettais sur papier des leçons de philosophie pour donner à des étudiants salariés ne pouvant assister aux cours un contenu minimal à travailler. Il se trouve aussi que la rédaction de courts résumés à l’attention des classes de terminales était aussi une bonne alternative pour remplacer une prise de notes de plus en plus déficiente. Ainsi est né et s’est développé le site philosophie et spiritualité. C’était un énorme travail qui impliquait une lecture renouvelée des œuvres majeures ainsi que la recherches de documents annexes à joindre avec le dossier de chaque leçon.
        Il se trouve qu’en furetant sur le Web, je suis tombé par hasard à plusieurs reprises sur des textes de lectures parallèles intéressants, mais pas du tout académiques. J’entends, la lecture principale me porte vers les essais récents et plus anciens et les grandes œuvres. Ajoutons des textes spirituels à forte teneur philosophique comme les écrits de S. Aurobindo, J. Krishnamurti, S. Prajnanpad, Ramana Maharishi, Nisargadata Maharaj etc. Le site donne toutes les références à ce sujet. Mais toujours des références d’autorité, ce qui veut dire des noms que l’on peut citer d’auteurs reconnus.

        Mais à côté, il y a bien des textes dont l’autorité n’est pas reconnue, voire méprisée, mais qui sont très pertinents. Je me souviens d’une amie de Fac qui avait présenté un mémoire de maîtrise sur Spinoza et qui s’était attiré les reproches du jury pour avoir osé (!)  citer Ma Ananda Moyi. Vous vous rendez compte ! Une mystique ! Cela ne fait pas sérieux ! Il y a des références autorisées et d’autres qui sont bannies. L’université française n’a par exemple toujours pas intégré Shri Aurobindo (qui est pourtant de facture très occidentale) et Krishnamurti, pour n’en citer que deux. Ce qui est quand même assez fort de café quand on voit les études énormes menées en Angleterre et aux Etats-Unis.
       La publication sur le Web libère beaucoup de créativité, donc aussi l’écriture et la publication. Une bonne part des textes sur le Net sont mal rédigés, mal argumenté, voire d’une syntaxe maladroite, c’est vrai. Et ne parlons pas des traductions de l'anglais via Google. Souvent un massacre de l'original anglais. Il faut donc les reprendre et les reformuler. Il y a aussi des textes écrits correctement et visiblement inspirés, très fins d'un point de vue philosophique, mais très catalogués, que l’on ne peut pas citer. Toujours cette sottise de l’argument d’autorité. Trop de gens fonctionnent en regardant le messager sans prendre en compte le message. Et c'est bien connu, quand on ne veut pas entendre un message, on s'en prend au messager.

         J'ai laissé tout ce bazar de côté en restant ouvert, l'esprit libre, juste pour découvrir. C’est  donc de cette manière que j’ai pu mettre la main sur une littérature que j’ai commencé à collecter. D’abord par curiosité documentaire, mais très souvent titillé quand il s’agissait de thèmes spirituels.
       Dans le premier volume et les suivants, on trouvera par exemple des textes dit de canalisation. En anglais channeling. En bref, il s’agit de textes intuitifs qui viennent par médiumnité[1]. Nous sommes aujourd’hui très loin des tables tournantes et du oui-ja du XIXème. Les méthodes sont très différentes à ce que l’on a appelé médium du temps de Victor Hugo par exemple. A l'époque, la mode consistait à l’époque à essayer de contacter les esprits des défunts. Ce type de pratique existe encore, il existe des médiums[2] sérieux de ce type, mais le travail de channeling est très différent, il consiste à s’ouvrir à un niveau d'information plus élevé. En termes techniques, on dit l’astral inférieur et l’astral supérieur. Victor Hugo fréquentait l’astral inférieur. Si le channeling est intéressant, c’est justement parce qu’il opère au niveau de l’astral supérieur. Historiquement, il semble que la voie ait été ouverte dans les années 1960 à partir de Jane Roberts et ses canalisations de Seth. Il faut commencer par les lire, c'est très, très itnéressant. Jane Roberts[3] faisait clairement la différence entre ses propres textes et les livres sous la dictée de Seth pendant l’état de transe. Elle découvrait les textes recopiés par son mari en sortant de transe. Mais par la suite, il y a eu beaucoup d’autre channels avec du bon et du moins bon.  Mais on fait vite le tri. Et le contenu est très surprenant.
      On trouvera donc dans ces volumes des notes de lectures parallèles,  parfois mis en rapport avec  l’actualité. Il est souvent demandé sur le Net de citer intégralement l’article. Je n’ai pas respecté cette règle au début, car au début, je ne copiais qu’une phrase ou deux, un paragraphe avec un questionnement, mais rarement un article entier. Avec le temps, de plus en plus, il est apparu qu’il y avait aussi des redites fréquentes chez le même auteur, d’où ici et là quelques coupures quand un passage similaire était déjà sorti auparavant. Mais dans l’ensemble, cette compiraltion ne comporte aucune mutilation, reste très respectueuse. Ce qui est privilégié, c’est le sens, la clarté, la profondeur spirituelle, la provocation de l’intelligence devant des informations inédites, qui ne peuvent cependant pas être acceptées sans examen, mais méritent d'être rassemblées quelque part, y compris pour un examen ultérieur. C'est donc avant tout des notes de lecture regroupées, suspendues, en attente de vérification souvent.
       Jane Roberts a sous-titré un de ses volumes le matériau de Seth, gardons l’expression matériau pour désigner ce type d'information. N'en faisons pas un objet de croyance pour nourrir la crédulité. Juste des notes lues avec une ouverture d'esprit. L’objet de ces volumes est juste de partager quelques textes et de temps à autre, quelques réflexions qu’ils inspirent. Un matériau sur lequel on peut bosser à l'occasion, un matériau qui doit être abordé de manière lucide et autrement que dans une attitude de croyance. Encore une fois, c’est une question de sérieux et d’ouverture d’esprit en dehors de toute attitude dogmatique.
       Le texte est proposé simplement comme un partage d’information, destiné à un public motivé par ce genre d'enquête et pas à des spécialistes. Disons qu’il intéressera des chercheurs spirituels qui tentent d'y voir clair, qui apprécie les liens, les recoupements d’informations, des personnes qui ont une vision de la spiritualité qui n’est pas enfermée dans une religion ni même dans une seule tradition. Disons que d'un point de vue philosophique, la perspective la meilleure pour lire ces textes est évolutive. Dans la lignée de S. Aurobindo. Le monde est embarqué dans l’évolution et cette époque particulière dans laquelle nous vivons est tout à faite remarquable, car elle est une transition vers un nouvel état. Le monde tel que nous le connaissons s’en va et se dessine peu à peu les contours ce que nous pouvons appeler la Nouvelle Terre[4]. Pour l'instant, c'est trop tôt, le sens commun rejette en bloc ce type de littérature, mais dans quelques années, il est certain qu'on lui accordera de plus en plus d'attention.


[1] Pour plus d’explication voir Tuning in de David Thomas et Matthieux Klinck, éditions Mama.
[2] Voir le travail de Patricia Darré ou de Florence Hubert.
[3] Cf livres récemment traduits aux éditions Mama. Voir en particulier La nature de la réalité personnelle. Evénements collectifs et choix individuel, éditions de Mortagne.
[4] Ce titre est celui d’un livre remarquable d’Eckhart Tolle, mais on verra que dans ce livre, l’expression revient constamment.

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