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    Fiche de lecture
    Emmanuel Kant RESUME de la Préface de la 
    seconde édition de la Critique de la raison pure
 http://hansenlove.over-blog.com
 
 LES CHANGEMENTS DE LA SECONDE ÉDITION
 Les corrections apportées à la seconde édition de la "Critique de la raison 
    pure" concernent l'exposition, dans ses difficultés et son obscurité. Rien 
    n'a été changé aux propositions avancées et à leur démonstration, car la " 
    Critique de la Raison Pure" forme un système dans lequel tout se tient 
    (chaque partie existe en vue du tout et le tout en vue de chaque partie), et 
    tout changement produirait inévitablement des contradictions. Soucieux de 
    poursuivre son oeuvre, qui doit notamment conduire à une métaphysique de la 
    nature et une métaphysique des moeurs, l'auteur met ainsi un terme à son 
    travail sur la première de ses
 trois Critiques.
 
 COMMENT TROUVER LA VOIE SÛRE DE LA SCIENCE ?
 § 1. À quoi reconnaît-on que des connaissances rationnelles (mettant en 
    oeuvre des principes inhérents à la raison, qui ne sont donc pas tirés de 
    l'expérience) forment une véritable science ? L'auteur répond dans un 
    premier temps de manière négative les hésitations, les désaccords sont la 
    preuve qu'il s'agit encore de tâtonnements et non de « la voie sûre de la 
    science ». La réponse positive panse par l'examen de trois sciences 
    effectives : la logique, la mathématique et la physique.
 LA LOGIQUE
 § 2. La logique est apparemment un exemple positif de connaissance 
    rationnelle. Connue depuis Aristote, elle n'a pas subi de changements 
    notables et paraît quasiment achevée lorsqu'on la considère dans sa 
    limitation, en tant que science des règles de toute pensée qui vise à 
    établir le vrai, indépendamment du contenu particulier de cette pensée.
 § 3, Mais cette limitation spécifique, en vertu de laquelle la logique est 
    une science formelle et n'a pas d'objet hors d'elle, la raison n'y ayant 
    affaire qu'à elle-même, la met à part des autres sciences, qui visent la 
    connaissance d'objets. En ce sens, le cas de la logique n'est pas 
    exemplaire. La logique est certes rationnelle, mais elle n'est pas une 
    science à proprement parler, elle est le « vestibule » de la science.
 § 4. La science véritable est une connaissance en tant qu'elle a un objet 
    hors d'elle, avec lequel elle établit une relation, et elle est rationnelle 
    dans la mesure où cette relation s'établit à partir de ses propres principes 
    ou concepts, qui sont a priori, c'est-à-dire indépendants, en eux-mêmes, de 
    ce à quoi ils s'appliquent.
 LA MATHEMATIQUE ET LA LOGIQUE
 §5.Ces deux connaissances, dont nul ne peut contester qu'elles sont des 
    sciences, illustrent précisément cette caractérisation. Elles ont un objet 
    distinct de la raison (les figures eues nombres ; les phénomènes), qu'elles 
    déterminent de manière a priori. Elles pourraient donc apporter une réponse 
    à la question posée.
 Après une longue période de tâtonnements, la mathématique a trouvé la voie 
    sûre d'une science grâce à une révolution de sa manière de penser qui a été 
    le fait d'un seul homme. Celui-ci a compris qu'au lieu de vouloir 
    reconnaître les propriétés dans la figure géométrique qui se présente, il 
    fallait construire cette figure à partir des exigences de la pensée.
 Le tâtonnement de la physique a encore été beaucoup plus long, et la 
    révolution de la manière de penser y a été le fait de plusieurs hommes.
 § 8. L'exemple des récentes découvertes en physique (Galilée, Torrricelli, 
    Stahl) montre que la raison doit prendre les devants et interroger 
    l'expérience à partir de ses principes. Elle ne peut trouver dans la nature 
    que ce qu'elle y met elle-même à partir de son propre plan.
 LA METAPHYSIQUE
 § 9. À l'opposé de la mathématique et la physique, la métaphysique n'a pas 
    encore trouvé la voie sûre de la science. Connaissance rationnelle qui 
    veuttout saisir a priori, indépendamment de toute expérience, elle n'est 
    encore qu'un terrain de luttes sur lequel ses partisans s'affrontent sans 
    fin et sans succès.
 § 10. Les questions qu'elle poursuit sont de celles que l'homme doit 
    immanquablement se poser, alors qu'elle ne semble pas pouvoir y répondre. 
    Son échec est une mise en cause de la raison. Cette situation est-elle sans 
    remède ?
 LA REVOLUTION COPERNICIENNE
 § 11.
 L'exemple de la mathématique et de la physique peut conduire à une réponse 
    qui permettrait à la métaphysique de trouver la voie sûre d'une science. 
    Cette réponse prend son point de départ dans une hypothèse qui renverse 
    entièrement le présupposé fondamental d'après lequel la connaissance serait 
    le « reflet » ou la « copie », dans l'esprit, de ce qui existe hors de lui. 
    Au lieu que ce soit l'esprit qui se règle sur les choses, comme on l'admet 
    communément, ne seraient-ce pas les choses qui se règlent sur l'esprit ? Un 
    tel renversement est analogue à celui qu'a effectué l'astronome Copernic 
    confronté aux difficultés qui résultent de l'hypothèse selon laquelle les 
    étoiles tourneraient autour du spectateur supposé immobile, il se demanda si 
    ce ne serait pas plutôt le spectateur qui tournerait, les étoiles restant 
    immobiles. D'où l'idée d'une « révolution copernicienne », qui rend possible 
    une connaissance a priori.
 LA LIMITATION DU SAVOIR
 § 12.
 Ce renversement dans la conception de la connaissance a pour conséquence une 
    limitation essentielle de celle-ci. Les concepts a priori mettent en forme 
    des objets fournis par l'expérience, et c'est cette synthèse qui constitue 
    la connaissance. Dès lors, hors d u champ de l'expérience, il n'y a pas de 
    connaissance possible. Cette limitation paraît ruiner la métaphysique dans 
    sa prétention à connaître ce qui est au-de là de l'expérience (le 
    suprasensible : l'âme, la liberté, Dieu). La connaissance n'atteint que les 
    phénomènes (les choses telles qu'elles se manifestent dans l'expérience), 
    les choses en soi sont inconnaissables. Mais au-delà de ce qui est connu par 
    l'entendement, ce qui est pensé par la raison peut être mis au fondement de 
    la pratique.
 LA CRITIQUE
 § 13. La "Critique de la raison pure" a pour objet une révolution radicale 
    de la métaphysique. Elle est la méthode (chemin), non la science elle-même, 
    dont elle délimite cependant le système et les contours.
 § 14. Négative lorsqu'elle limite la connaissance spéculative, la Critique 
    est positive lorsqu'elle libère, du même coup, l'usage pratique de la raison 
    pure. La connaissance spéculative est limitée aux objets de l'expérience ; 
    les choses en soi ne peuvent être connues, mais elles peuvent être pensées. 
    Il est dès lors possible d'admettre que les phénomènes, objets de notre 
    connaissance, sont entièrement déterminés et qu'une chose en soi, que nous 
    pouvons penser mais jamais connaître, comme l'âme humaine par exemple, est 
    libre.
 § 15. La Critique n'est préjudiciable qu'aux prétentions des écoles, qui se 
    croyaient dépositaires de la connaissance des réalités suprasensibles ; 
    elles devront dorénavant se limiter à la culture des preuves de 
    l'immortalité de l'âme, de la liberté de la volonté et de l'existence de 
    Dieu auxquelles les hommes ont toujours été sensibles. La Critique mettra 
    fin aux querelles des métaphysiciens dès lors que les gouvernements 
    prendront soin de préserver sa liberté.
 § 16. Sans une Critique préalable du pouvoir de la raison, la démarche de 
    celle-ci prend la forme illégitime du dogmatisme. A partir de la Critique, 
    une métaphysique en tant que science devient possible, selon le procédé de 
    la démonstration rigoureuse à partir de principes a priori assurés.
 
 VOCABULAIRE
 A PRIORI/ A POSTERIORI
 Ces expressions latines signifient respectivement« en partant de ce qui 
    vient avant »et« en partant de ce qui vient après » ;elles ont alors un sens 
    temporel. A partir de Kart, ce sens devient logique en philosophie : est a 
    priori ce qui précède logiquement l'expérience et qui est donc indépendant 
    de celle-ci (les catégories et concepts purs de l'entendement, les formes de 
    la sensibilité, c'està-dire l'espace et le temps) mais constitue la 
    condition de notre appréhension de l'expérience. Est a posteriori ce qui 
    découle de l'expérience, en dépend et ne peut pas être établi autrement qu'à 
    partird'elle. L'apriori est formel et pur, l'a posteriori relève de 
    l'expérience. L'universel et le nécessaire sont la marque des concepts a 
    priori.
 CHOSE EN SOI/PHÉNOMÈNE
 La chose en soi désigne le réel tel qu'il est en lui-même, indépendamment de 
    toute connaissance qu'on en a. Le phénomène désigne le réel tel qu'il est 
    connu, tel qu'il est pour nous, c'est-à-dire tel qu'il se manifeste au sujet 
    connaissant : à la sensibilité qui appréhende le réel dans les formes a 
    priori de l'espace et du temps, et à l'entendement qui place les intuitions 
    ainsi formées sous les catégories et les
 concepts purs. La chose en soi nous est inconnaissable ; nous pouvons 
    seulement dire ce qu'elle n'est pas, qu'elle restreint les prétentions de la 
    connaissance sensible et qu'elle doit être nécessairement supposée au 
    fondement des phénomènes. Le phénomène est le réel non tel qu'il es' en soi, 
    mais par rapport à nous et notre pouvoir de connaître ; il est objet 
    d'expérience.
 CONCEPT
 Le concept est une représentation abstraite et générale, qui réuni des 
    caractéristiques propres à une classe d'objets. Il est une forme, ou règle 
    d'unification du divers, issue de l'entendement qui a besoin d'être 
    appliquée ô une matière pour constituer une connaissance effective ; cette 
    matière lui est fournie par la sensibilité au moyen des intuitions. Le 
    concept peut être pur, il appartienf alors à l'entendement et s'appelle une 
    catégorie s'il est premier (et non dérivé d'autres concepts purs) ;il peut 
    aussi être empirique, c'est-à-dire tiré de l'expérience à partir de 
    l'application à celle-ci de certains concepts purs.
 CRITIQUE
 La critique est l'examen des conditions de possibilité d'un usage légitime 
    de notre pouvoir de connaître ; elle est la connaissance de soi de la 
    raison. Elle doit instituer « un tribunal qui garantisse [la raison] dans 
    ses prétentions légitimes et puisse en retour condamner toutes ses 
    usurpations sans fondements, non pas d'une manière arbitraire, mais au nom 
    de ses lois éternelles et immuables. » (Critique de la raison pure, PUF, p. 
    7.) Elle est à cet égard une propédeutique (ou exercice préliminaire) à la 
    métaphysique en tant que recherche d'une connaissance pure a priori 
    (Critique de la raison pure, PUF, p. 563).
 DOGMATISME
 Le dogmatisme est la croyance en la toute-puissance de la raison, la 
    prétention de progresser par l'usage de la raison pure sans une critique 
    préalable du pouvoir de cette raison. En revanche, le « procédé dogmatique » 
    est la démarche démonstrative rigoureuse que doit adopter la science, en 
    s'appuyant sur des principes a priori sûrs.
 ENTENDEMENT
 L'entendement est le pouvoir d'unifier, au moyen de règles, les données 
    sensibles que la sensibilité fournit sous la forme des intuitions. Il 
    fournit, quant à lui, les concepts qui sont « vides » sans les intuitions, 
    tandis que les intuitions sont « aveugles » sans les concepts (Critique de 
    la raison pure). L'usage des catégories et des concepts qui en dépendent est 
    limité aux données sensibles, c'est-à-dire à l'expérience. L'entendement se 
    distingue de la raison, qui manifeste le besoin
 d'une unité plus haute en s'élevant par le moyen des idées et des principes 
    au-dessus de l'expérience, que ce soit pour élaborer l'unité de toutes les 
    connaissances (raison théorique) ou pour dire ce qui doit être (raison 
    pratique).
 INCONDITIONNÉ
 « Le principe propre de l'usage de la raison en général (dans son usage 
    logique) est de trouver, pour la connaissance conditionnée de l'entendement, 
    l'inconditionné qui en achèvera l'unité. » (Critique de la raison pure, PUF, 
    p. 259.)
 INTUITION
 L'intuition est la représentation immédiate d'un objet, qui nous le donne à 
    connaître, et constitue la matière de nos connaissances, à laquelle le 
    concept apporte la forme. « Des
 pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concept, aveugles. » 
    (Critique de la raison pure, PUF, p. 77.)
 LOGIQUE
 La logique est la science qui traite de la forme des raisonnements, 
    indépendamment de leurs contenus ou objets. On appelle validité la 
    conformité de ces raisonnements aux lois formelles de la pensée. Kant 
    distingue la logique (celle qu'il nomme simplement « logique » dans la 
    Préface de la seconde édition) et la logique transcendantale, qui établit la 
    possibilité d'une connaissance a priori des objets.
 MÉTAPHYSIQUE
 La métaphysique ou « philosophie première » est définie depuis Aristote 
    comme la connaissance des premières causes et des premiers principes. Or la 
    Critique de la raison pure conteste radicalement la possibilité même d'une 
    telle connaissance, c'est-à-dire d'une connaissance d'objets suprasensibles, 
    hors du champ de toute expérience possible, parce qu'elle excède les limites 
    de notre pouvoir de connaître que cette Critique s'efforce justement 
    d'établir. En ce sens, la métaphysique est pour Kant une entreprise vaine. 
    Mais cette même Critique veut rétablir en son vrai sens l'intention 
    métaphysique : elle est alors une connaissance rationnelle pure (en cela 
    elle se distingue de toute connaissance empirique), mais une connaissance de 
    principes rationnels déterminés (et en cela elle s'oppose à la logique, qui 
    est purement formelle). En tant que métaphysique de la nature, elle contient 
    les principes purs de la connaissance théorique de toutes choses ; en tant 
    que métaphysique des moeurs, elle contient les principes qui président à 
    l'usage pratique de la raison et qui sont alors indépendants de toute 
    anthropologie ou connaissance de l'homme, nécessairement établie à partir de 
    l'expérience. En ce sens positif, la métaphysique suppose la Critique, qui 
    seule la rend possible et qu'elle-même accomplit ou achève.
 PRATIQUE
 La pratique est le domaine de ce qui est possible par liberté. Ce terme 
    désigne donc le champ des actions humaines en tant qu'elles relèvent d'une 
    volonté qui peut être déterminée par la raison pratique sous la forme de la 
    loi morale.
 RAISON
 Dans son sens large, la raison est la faculté qui fournit des principes a 
    priori, d'une part pour la connaissance (raison théorique ou spéculative), 
    d'autre part pour l'action (raison pratique). Au sens étroit, dans lequel 
    elle se distingue de l'entendement, elle unifie les connaissances élaborées 
    par l'entendement.
 SCIENCE
 Toute science est un système de connaissances, par opposition à un simple 
    agrégat ; elle doit être ordonnée par des principes et liée par l'idée d'un 
    tout (idée qui ne se précise cependant qu'en cours de progression).
 SENSIBILITÉ
 La sensibilité est « la capacité de recevoir (réceptivité) des 
    représentations grâce à la manière dont nous sommes affectés par des objets. 
    » (Critique de la raison pure, PUF, p. 53.) La représentation que fournit la 
    sensibilité, qui se rapporte de manière immédiate aux objets, contrairement 
    aux concepts qui s'y rapportent de manière médiate, estune intuition. 
    L'intuition est déjà en elle-même une mise en forme du « pur divers » de la 
    sensation par la sensibilité, au moyen des formes a priori de la 
    sensibilité, l'espace et le temps, qui constituent l'« intuition pure » 
    lorsqu'on les considère indépendamment de tout objet empirique.
 SPÉCULATION/SPÉCULATIF
 La raison spéculative cherche à déterminer ce qui est, par opposition à ce 
    qui doit être, et qui est objet de la raison pratique. En un sens plus 
    restreint, la démarche spéculative est celle qui vise la connaissance 
    d'objets qui sont hors de l'expérience.
 
 FICHE REALISEE PAR OLE HANSEN-LOVE pour son Introduction à la Préface de la 
    Critique de la raison pure Hatier 2002
 
 Nota bene: l'ouvrage sera disponible dans son intégralité sur le site de 
    l'Académie de Grenoble
 
 
 
 
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