Pascal Lenain. Au fond, cela veut dire que la publicité rend idiot. La publicité s’adresse au consommateur. Elle le somme d’acheter. Le mieux, c’est qu’il con-somme sans réfléchir, qu’il ne soit surtout pas
lucide et intelligent. Bref, plus il est con, et mieux c'est. Ou encore, con-sot-matteur. Con pour le degré d’intelligence, sot pour la crédulité, mateur pour regarder les vitrines. Ce sera parfait pour les bénéfices des multinationales qui par ailleurs font fabriquer les tennis, les casquettes, les blousons dans des conditions par toujours très nettes dans les pays pauvres.
Gabriel Bounoure Peut 'on dire que notre génération ne descendra pas de le l'homo-sapiens mais de "l'homo-consumérus"? Lire Loués soient nos téléviseurs de Gilles Dal, intéressant, et aussi Nous sommes les enfants de personne de Jacques de Guillebon.
Frank Paris
Nous venons de lire votre texte sur la société de consommation, de ses
origines qui constituaient avant tout à répondre à des besoins. Mais au fil du
temps, du mercantilisme à outrance, des produits vantés et exhibés en
permanence sous nos yeux, c’est la société, comme vous le démontrez si bien,
qui est à la base de cette surconsommation. Mais alors, d’après la teneur
criante de votre texte, comment l’homme-à venir pourra-t’il se défaire de
cette tendance, quand on sait que la publicité est omniprésente et que les
plus jeunes d’entre-nous sont éduqués dès le départ à vivre uniquement de la
sorte ? Quel est votre point de vue ? Merci de nous éclairer à ce sujet.
Cordialement.
Nb : nous n'avons
pas pu nous empêcher à la lecture de votre texte, de faire un rapprochement
avec ce qui avait été prophétisé par St Jean dans son apocalypse :
Principalement lorsqu’il fait allusion au règne des marchands et de leurs
produits.
R.
Le rapprochement est pertinent. Voyez aussi ce que dit Shri Aurobindo dans Le Cycle humain, c'est très précis. Pour la première question, c'est
une prise de conscience collective massive. Nous sommes en train d'ouvrir les
yeux aujourd'hui dans une nouvelle lucidité. Il commence à y avoir un grand
nombre de gens qui ne sont plus dupes. Voyez sur le net Casseur de pub,
au Canada, le mouvement autour de la simplicité volontaire. La critique
de la publicité est très forte aujourd'hui. Dans les années 80 il n'y avait
rien de tout cela.
Delphine et
Frank Paris
Certes, à défaut de voir des politiciens plus cohérents, on peut se réjouir
d'entendre des réflexions plus profondes venant de la société civile sur la
notion de simplicité volontaire, ou sur la critique de la publicité. Bien
qu'en France, je constate que nous en soyons restés à la seule critique de la
publicité, sans apporter derrière un complément plus profond et spirituel de
retour à la simplicité de vie. Je me rappelle encore d'un débat pas si
lointain sur un forum, dont les sujets portaient sur "les marchands de
liberté", ou "oeuvrez-vous réellement pour une meilleure liberté humaine ?
Vous auriez du voir, malgré mes divers arguments, à quel point il est
difficile aujourd'hui de faire passer cette notion de simplicité humaine à
travers des témoignages. C'est pourquoi je pense que le conditionnement de
masse est au delà de la vision de publicité ou autre fantaisie. D'autres
facteurs sont à prendre en considération: L'éducation, le formatage, la notion
de compétition qui s'inculque même par voie parentale, complétée par
l'éducation occidentale d'aujourd'hui," matérialiste". Vous avancez dans votre
réponse, qu'il est encore possible pour l'homme, à un retour à la simplicité
de vie plus proche sans doute de l'homme modeste. Malheureusement tout va de
plus en plus vite, et cette machine infernale ne semble même plus vouloir
entendre des arguments davantage emprunts d'objectivité que de préférence. Et
malgré les événements faussement progressistes de la révolution Française, ou
de mai 68 pour le reste du monde, nos institutions modernes ne semblent pas
vouloir oeuvrer dans un sens moins mercantile. Alors il n'est pas étonnant que
pour tous ceux qui aspirent à autre chose, qu'ils ne puissent pas se faire
mieux entendre face à la réelle prédominance de l'esprit collectif et
matérialiste, et cela dans bon nombre de situations observables...
R.
Voyez le livre d'Edgar Morin Terre-Patrie, il est très symptomatique de
l'inquiétude à l'égard de la crise actuelle. Cela se résume à une formule que
bien des intellectuels répètent depuis des années: "on va droit dans le mur".
Voyez Albert Jacquard, J'accuse l'économie triomphante.
L'alternative existe vraiment, mais je vois mal comment nous pourrons éviter
une implosion de nos sociétés occidentales. Le conditionnement ambiant est
effectivement très puissant.
Sophie Reynaud
Comment opérer une désacralisation de l'hédonisme consumériste
-notamment chez les jeunes ? Comment arriver à créer un impact semblable à
celui de la pub, mais dans le sens inverse ?
R.
Soyez le changement que vous voulez voir apparaître dans le monde. Il existe à
ce sujet toute une littérature à partager, une connaissance à diffuser et même
des films.
Boris Cunha
La société de consommation ne conditionne pas les gens. La société, c'est plus
ou moins nous selon notre degré d'intégration. Ne nous sommes nous pas
conditionnés nous-mêmes??? Il est tellement plus facile de remettre la faute
sur des choses extérieures à nous. L'être humain a bâti une société à son
image (tout ce que véhiculent la télévision, la publicité, est notre propre
reflet). Que demande un enfant pour s'"épanouir"? Jouer, rêver, du confort, du
matérialisme..... Qu'offrent la société actuellement ou devrait-je dire plutôt
dire notre société (même si je suis totalement en marge lol) ?? Ne serait-ce
pas du confort, du rêve, du matérialisme? L'être humain ne serait-il pas
tomber dans ses propres pièges? car je vous rappelle qu'il est toujours
possible de vivre d'autre chose que de consommation. La consommation
n'épanouit pas. Consommer est une satisfaction éphémère, illusoire. Je pense
que la vrai question à l'heure actuelle est de savoir quand les gens
redeviendront-ils libres dans leurs têtes? Quand arrêteront-ils de vivre et de
penser comme des robots? Car le vrai bonheur, c'est de vivre libre. Le
téléphone portable, par exemple, est une merveilleuse invention. Mais ne vous
empêche-t-il pas de grandir, de devenir indépendant, de vous gérer totalement
et ainsi de vous aimer les uns les autres? Bref, je ne veux pas m'étaler vers
d'autres sujets ou d'autres exemples. Je pense que peu de gens, aujourd'hui,
s'interrogent sur eux-mêmes et sur ce qui les entourent. La minorité qui se
posent ce genre de questions ne vit pas avec la société de consommation.
Comment peut-on alors parler de conscience collective (expression relevée dans
cet article) ou même d'apogée de la culture occidentale?? S'il y avait une
réelle conscience collective, les choses auraient changer depuis belle
lurette, Pour moi, la société de consommation est la société de l'égo,
c'est-à-dire une société inconsciente, qui en est toujours au stade de
l'égoïsme, de la peur et de l'ignorance. La société de consommation est une
société de pur gaspillage. Des biens de consommation fabriqués pour ne pas
durer, des tonnes et des tonnes de déchets non-recyclés, un non-respect de
l'environnement. Où est la finalité dans tout ça? L'intérêt général n'est-il
pas plus important que le plaisir personnel? Quel est le prochain stade à la
révolution industrielle et technologique? Le bonheur ne serait-ils pas de
vivre simplement et librement? Et qui peut se vanter aujourd'hui d'être libre
de tout?
Céline Dura
Analyse REMARQUABLE!!! Vous pointez très exactement ce qui constitue l'essence
même de la société de consommation... Comme le rappelait souvent Jean
BAUDRILLARD, :...la publicité est au delà de vrai ou du faux, au delà du beau
ou du laid... elle fonctionne comme une prophétie (d'où sa "force"...) et
TRANSFORME UN ÉVÉNEMENT EN AVÈNEMENT..."
Philippe Paing
Je vous remercie pour ce texte éclairant. En effet, cette société de
consommation abêtissante a des répercussions dramatiques sur, non seulement
ceux qui s'en "réjouissent", mais surtout sur toute cette humanité des "pays
émergeant" qui se sacrifie à produire ces biens pour des conditions de vie et
de travail de misère. Quant aux pays pauvres, il sont littéralement pillés de
leurs matières premières et leurs peuples miséreux sont gouvernés par des
pions corrompus par ceux-là même qui défendent notre modèle occidental et
démocratique (=société de consommation!). Que sont les dégâts environnementaux
comparés aux dégâts infligés à l'âme de ces esclaves de cette société de
consommation. Il y a d'autres voies, et d'autres chants que ceux des sirènes
de la pub. Certains récupèrent dans les poubelles, achètent que de l'occasion,
des ressouceries proposent à bon marché des produits qui auraient du aller
dans des déchèteries, d'autres s'escriment à réparer des objets dont
l'obsolescence avait été programmée, des communautés cherchent d'autres
chemins, certains font leur jardin, etc. Il semble néanmoins que nous soyons à
l'aube d'une explosion de ce modèle de société du fait même de ce qui en a
produit l'expansion récente, à savoir la mondialisation et ses règles absurdes
et injustes (cf le fonctionnement de l'OMC, de la Banque Mondiale et du Fonds
Monétaire International en particulier sans compter le pouvoir de la finance
et des lobbies). Je ne vais pas développer mon argumentaire ici; mais il
semble assez évident les déséquilibres en termes de qualité de vie et de
richesse s’accroissent rapidement dans les pays du modèle occidental aussi et
que la cohésion sociale de ces systèmes soi-disant démocratiques ne sauraient
y survivre longtemps. Et j'ai bien peur que nous passions de la génération
"fils de pub" à celle de "fils de propagande". De tout cœur je souhaite que
l'avenir me contredise et que la lumière pénètre et lave l'âme des hommes.
Thierry Scharff
Je suis tombé par hasard sur votre leçon n° 119 sur la société de
consommation. Je l'ai trouvé très intéressante. Je suis pour ma part très
sensible à l'intrusion de la publicité dans notre vie de tous les jours. J'ai
crée un site portail sur les marques (www.annuaire-sites-officiels.com ) et
leurs moyens de consommation pour mettre en avant tout ce qui touche aux
marques, à ce qui a de bien, de moins bien et bien sûr de scandaleux. Je suis
à la recherche de personnes susceptibles de participer au lancement et à
l’évolution de ce portail.
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Avec la participation de Pascal Lenain, Gabriel Bounoure,
Frank et Delphine Paris, Sophie Reynaud, Boris Cunha, Céline Dura.
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