Textes philosophiques

Ramesh S. Balsekar       des montagnes et des rivières, trois stades de la compréhension


     Les bouddhistes ont un excellent raccourcis pour décrire à la fois la façon dont les éveillés voient le monde, et comment il en sont venu à cette vision. Ils disent que la compréhension se décline en trois stades: le premier correspond à la vision de l'individu impliqué; le deuxième comporte une certaine compréhension ; et enfin, il y a la compréhension totale.

     Tout d'abord, les montagnes et les rivières sont vues comme des montagnes et des rivières. Un sujet individuel identifié voit un objet. L'implication est totale. C'est ce que vit la personne ordinaire. Ensuite, les montagnes et les rivières ne sont plus vues comme des montagnes et des rivières. Les objets sont vus comme l'objectivation réfléchie du sujet. Ils sont perçus comme des objets illusoires dans la Conscience, donc irréels.

     Enfin, les montagnes et les rivières sont de nouveau vues comme des montagnes et des rivières. C'est-à-dire que l'éveil s'étant produit, elle sont connues comme étant la Conscience elle-même, se manifestant sous la forme de montagnes et de rivières. Le sujet et les objets ne sont pas vus comme étant séparés.

     Dans ce synopsis, les montagnes et les rivières signifient l'ensemble du monde, y compris toute sa population humaine. L'individu impliqué commence par voir des objets, en tant que sujet individuel voyant des objets. Il se considère comme une entité séparée regardant des objets autres. Le fait de voir d'autres objets ou événements provoque des réactions en lui, en tant qu'individu. Donc l'organisme individuel réagit à ce qui est vu.

     Au deuxième stade, quand est présente la compréhension que tout cela est un rêve irréel la vision change et on commence à voir qu'aucun événement n'a réellement d'importance. Pour cet individu, les événements sont irréels puisque, en tant que sujet, il transcende l'apparence. Cette apparence est quelque chose qui naît dans la Conscience. Quand la compréhension atteint ce niveau, l'individu y prend tellement plaisir qu'il a souvent du mal à la garder pour lui. "Tout cela est irréel!" va-t-il clamer sur tous les toits. Mais en fait, en essayant de dire aux autres que le monde est irréel, il cherche à changer le monde, à changer la perceptions autres. Il ne réalise pas que le changement doit venir de l'intérieur. Et ainsi, en voulant transformer le monde, il va son chemin et se crée des problèmes. Ces problèmes occasionnés par le deuxième stade ne s'apaiseront qu'au troisième.

     Au troisième stade, les objets ne sont vus ni par un individu, ni par un objet voyant un objet, ni par un sujet voyant un objet. On se rend compte que cela qui perçoit est à al fois cela qui a créé l'apparence et cela qui connaît l'apparence. Les deux ne sont qu'un. a ce stade, c'est la prise de conscience ultime, non seulement le monde est irréel, mais qu'une même temps, le monde est réel! Le monde est irréel en ce sens que sans la Conscience , il n'existerait pas. Il n'a aucune existence indépendante en propre. Le monde doit son existence au fait d'être connu dans la Conscience.

L’Appel de l’Être,  p. 284-285.

Indications de lecture:

    Rapprocher de Berkeley.

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