Textes philosophiques

David Hume     la justice par obligation et l'instinct naturel


    « Nos devoirs moraux sont de deux espèces. La première comprend ceux où nous sommes portés par un instinct naturel, par un penchant immédiat, qui agit en nous indépendamment de toute idée d’obligation, de toute vue relative, soit au bien public, soit au bien particulier. De cette sorte sont l’amour pour nos enfants, la reconnais sance envers nos bienfaiteurs, la compassion pour les infortunés. En réfléchissant aux avantages que la société retire de ces instincts, nous leur payons le juste tribut de l’approbation et de l’estime morale ; mais celui qui en est animé, sent leur pouvoir et leur influence antécédemment à toute réflexion. Les devoirs renfermés sous la seconde espèce ne sont point fondés sur cet instinct originaire ; nous nous recon naissons obligés de les pratiquer, après avoir considéré les besoins de la société humaine, et combien il est impossible qu’elle subsiste lorsque ces devoirs sont négligés. C’est ainsi que la justice, qui consiste à s’abs tenir du bien d’autrui, et la fidélité, qui consiste à tenir ses promesses, deviennent obligatoires et prennent de l’auto rité sur nous. Comme chacun d’entre nous a plus d’amour propre que d’amour pour ses semblables, nous sommes tous naturellement portés à faire autant d’acquisitions qu’il nous est possible ; il n’y a que l’expérience et la réflexion qui puissent nous arrêter, en nous montrant les pernicieux effets de cette licence, et la société prête à se dissoudre, si elle n’est pas réprimée. Ici donc, le penchant naturel est réfréné par le jugement et par la réflexion ».

 « Le contrat primitif », in Essais politiques, Vrin, 1972.

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