Textes philosophiques

David Hume  la sociabilité humaine


    « Après que les hommes ont découvert par l’expérience que leur égoïsme et leur générosité limitée, s’exerçant librement, les rendent totalement inaptes à la société, et qu’ils ont du même coup observé que la société est nécessaire pour satisfaire ces passions mêmes, ils sont naturellement conduits à se soumettre à la contraintes de règles telles qu’elles puissent en rendre le commerce plus sûr et plus commode. Ainsi, à s’imposer et à observer ces règles, aussi bien en général que dans chaque cas particulier, ils ne sont d’abord conduits que par l’intérêt, et ce motif est suffisamment fort et contraignant pour la première formation de la société. Mais quand la société est devenue nombreuses et a atteint les dimensions d’une tribu et ou d’une nation, cet intérêt est plus éloigné et les hommes ne perçoivent pas avec autant de facilité que dans une société plus étroite et plus resserrée, que la confusion et le désordre suivent toute transgression de ces règles. Néanmoins, bien que dans nos propres actions, nous puissions souvent perdre de vue cet intérêt que nous avons à maintenir l’ordre et suivre un intérêt moindre et plus immédiat, nous ne manquons jamais de remarquer le préjudice que nous subissons de l’injustice des autres, que ce soit d’une manière directe ou indirecte, puisqu’en ce cas nous ne sommes pas aveuglé par la passion ou influencés par quelque tentation contraire. Mieux, quand l’injustice est éloignée de nous au point de ne toucher notre intérêt d’aucune façon, elle nous déplaît encore, parce que nous la regardons comme préjudiciable à la société des hommes et pernicieuse pour tous ceux qui approchent la personne qui en est coupable.

Traité de la nature humaine, II, II, II, G.F. p. 100.

 

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