Textes philosophiques

Edgar Morin     l'écologie de l'action


    "L'écologie de l'action nous dit à la fois que de bonnes intentions peuvent aboutir à des effets détestables et de mauvaises intentions peuvent produire d'excellents effets, du moins dans l'immédiat (comme, par exemple, lorsque l'échec à Moscou du putsch restaurateur de 1991 permit d'abolir la dictature du parti communiste). donc, il faut également dialectiser le problème de la fin et des moyens, c'est-à-dire refuser de donner à l'un des termes lune domination certaine sur l'autre.

    L'écologie de l'action semble devoir inviter à l'inaction, en fonction de trois considérations: a) l'effet pervers (l'effet néfaste inattendu est plus important que l'effet bénéfique espéré); b) l'inanité de l'innovation (plus ça change, plus c'est la même chose), c) la mise en péril des acquis obtenus (on veut améliorer la société, mais on ne réussit qu'à supprimer des libertés et des sécurités). Il faut certes tenir compte de ces trois considérations, qui ne sont vérifiés de façon terrifiante dans la révolution bolchevique et ses suites. Mais elles n'ont pas valeur de certitude déterministe, et d'autre part l'absence d'innovation peut laisser libre cours aux processus de dépérissement, pourrissement, dégradation, et, de ce fait, être mortelle.

    L'écologie de l'action nous invite donc non pas à l'inaction, mais au pari qui reconnaît ses risques, et à la stratégie qui permet de modifier, voir d'annuler l'action entreprise. L'écologie de l'action nous incite à une dialectique entre l'idéel et le réel".

Terre-Patrie, ed. du Seuil, en collaboration avec Anne Brigitte Kern, p. 154.

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