Textes philosophiques

Edgar Morin             l'hominien et le chimpanzé


      L'hominien se distingue d'abord du chimpanzé, non par le poids du cerveau, ni probablement par ses aptitudes intellectuelles, mais par la locomotion bipède et la station verticale. Dès lors l'hominisation ne cessera de marcher sur ses pieds, comme le souligne avec vigueur Leroi-Gourhan (1964). La station debout est l'élément décisif qui va libérer la main de toute contrainte locomotrice. N'oublions pas ici de donner un coup de pouce : l'opposition du pouce, en accroissant la force et la précision de la préhension, va faire de la main un instrument polyvalent. Du coup le bipédisme ouvre la possibilité de l'évolution qui conduit à sapiens : la station debout libère la main, la main libère la mâchoire, la uerticalisation et la libération de la mâchoire libèrent la boite crânienne des contraintes mécaniques qui pesaient auparavant sur elle, et celle-ci devient apte à s'élargir en faveur d'un locataire plus ample. Mais un tel schéma (redressement anatomique --~ développement technologique -> libération crânienne) ne saurait être ni causal, ni linéaire. Il ne peut être que la résultante de l'intervention d'acteurs de tous ordres qui vont entrer en interaction.

 Le paradigme perdu. La nature humaine, Éditions du Seuil, 1973, coll. Points Essais, 1979.

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