Textes philosophiques

Eckhart Tolle    le bonheur, le malheur et la joie d'être


     Selon Bouddha, le bonheur est dukkha, un terme pali qui signifie « souffrance » ou « insatisfaction ». Il est inséparable de son contraire. Ceci veut donc dire que le bonheur et le malheur ne font qu'un. Seule l'illusion du temps les sépare. Raisonner ainsi n'est pas être négatif. C'est simplement reconnaître la nature des choses afin que vous ne couriez pas derrière une illusion le reste de votre vie. Cela ne sous-entend pas non plus que vous ne devriez plus apprécier les belles choses de la vie. Mais essayer de trouver en elles quelque chose qu'elles ne peuvent vous procurer une identité, un sentiment de permanence et de complétude - reste le moyen le plus sûr de connaître la frustration et la souffrance. L'industrie publicitaire entière et la société de consommation s'écrouleraient si tous les gens étaient réalises et ne cherchaient plus leur identité dans les objets. Plus vous cherchez le bonheur de cette manière, plus il vous échappera. Rien dans ce monde-ci ne vous satisfera, si ce n'est de façon temporaire et superficielle. Mais il vous faudra peut-être connaître de nombreuses déceptions avant de prendre conscience de cela. Les objets et les circonstances peuvent certes vous procurer du plaisir, mais certainement aussi de la souffrance. Ils peuvent sans doute vous apporter du plaisir, mais sûrement pas de la joie. En fait, il n'y a rien qui puisse vous donner un tel sentiment. La joie n'est provoquée par rien, car elle émane de l'intérieur comme étant la joie de l'Être. Elle fait fondamentalement partie de l'état de paix intérieure que l'on qualifie de paix divine. C'est votre état naturel inné et non pas quelque chose qu'il vous faut atteindre en jouant des coudes ou en vous démenant...

     Quand on n'offre aucune résistance à la vie, on se retrouve dans un état de grâce et de bien-être. Et cet état ne dépend plus des circonstances, bonnes ou mauvaises. Cela peut sembler presque paradoxal. Pourtant, lorsque vous êtes intérieurement libéré de votre dépendance à la forme, les conditions générales de votre vie, c'est-à-dire les formes extérieures, tendent à s'améliorer grandement. Les choses, les gens ou les circonstances dont vous pensiez avoir besoin pour être heureux vous arrivent sans que vous jouiez des coudes ou ayez à fournir d'efforts. Et aussi longtemps qu'ils sont là, vous êtes libre de les goûter et de les apprécier. Tout cela prendra fin bien sûr, les cycles viendront et iront, mais la peur de perdre ne sera plus là puisque la dépendance aura disparu. Et la vie se met alors à couler facilement.

      Le bonheur qui provient d'une source secondaire quelconque n'est jamais bien profond. Ce n'est qu'un pâle reflet de la joie de l'Être, de l'intense paix que vous trouvez en vous quand vous ne résistez plus. L'Être vous transporte au-delà des contraires polarisés du mental et vous libère de votre dépendance aux formes. Même si tout venait à s'écrouler et à être réduit en miettes autour de vous, vous sentiriez toujours ce profond noyau de paix intérieure. Vous ne seriez peut-être pas heureux, mais en paix.

Le Pouvoir du Moment présent, p. 47-48.

Indications de lecture:

Cf. La leçon sur les dimensions temporelles. Rapprocher de Saint Augustin.

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