Textes philosophiques

Cicéron  la perfection naturelle


    «Par où pourrions-nous mieux commencer que par notre mère commune, la nature? Tout ce qu'elle engendre, non seulement et tenant à elle par ses racines, doit par sa volonté être parfait en son genre : les arbres, les vignes et les végétaux plus humbles incapables de s'élever bien haut au-dessus du sol, sont, les uns, toujours verts, les autres, dépouillés pendant l'hiver, ont des feuilles grâce à la tiédeur du printemps ; et il n'en est pas qui n'ait assez de vie, grâce à un mouvement intérieur et aux semences contenus en lui, pour produire des fleurs, des fruits ou des baies ; en tous ces êtres tout arrive à la perfection autant qu'il est en eux et si nulle violence ne leur fait obstacle. (38) Plus facilement encore, les bêtes, que la nature a douées de sens, peuvent faire voir la force de la nature; car elle a voulu des bêtes qui nagent et habitent les eaux, des oiseaux qui jouissent librement du ciel, des bêtes rampantes, d'autres qui marchent, les unes solitaires, les autres rassemblées en troupeaux, les unes sauvages, les autres domestiques, certaines vivant dans des abris souterrains. Et chacune d'elles, gardant sa fonction propre et incapable de passer au genre de vie d'un animal d'espèce différente, persiste dans la loi de nature. Et comme chaque bête a été douée par la nature d'un trait particulier qu'elle conserve comme son bien propre et qui ne la quitte pas, de même l'homme a reçu un caractère particulier, mais bien supérieur, encore que le mot supérieur doive se dire des choses qui admettent quelque comparaison avec les autres. I Or l'âme de l'homme, parcelle détachée de l'intellect divin, n'est comparable à aucun être, sinon, s'il est permis de parler ainsi, à Dieu lui-même.  Si donc cette âme est cultivée, si l'on a dirigé son regard avec assez de soin pour qu'elle ne soit pas aveuglée par les erreurs, elle devient alors une intelligence parfaite, c'est-à-dire une raison achevée ; et si le bonheur appartient à tout être à qui rien ne manque et qui est en son genre accompli et complet, et si c'est là le propre de la vertu, il en résulte certainement que tous ceux qui possèdent la vertu sont heureux. En cela, je suis d'accord avec Brutus, c'est-à-dire avec Aristote, Xénocrate, Speusippe et Polémon. (40) Mais je trouve encore qu'ils possèdent le bonheur parfait. En effet que manque-t-il pour vivre heureux à l'homme qui est assuré de ses biens propres? Et comment celui qui n'en est pas assuré pourrait-il être heureux?

Le bonheur dépend de l'âme seule, Folio, p. 35-37. Folio.

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