Textes philosophiques

Ralph Waldo Emerson    le conformisme ennemi de la confiance en soi


    La vertu la plus prisée est le conformisme. Elle n'a qu'aversion pour la confiance en soi. Elle n'aime pas les réalités et les créateurs, mais les noms et les usages. Celui qui voudrait être un homme doit être non conformiste. Celui qui voudrait cueillir des lauriers immortels ne doit pas en être empêché au nom de la bonté, mais doit rechercher s'il s'agit vraiment de bonté. Rien, en définitive, n'est sacré, que l'intégrité de votre esprit. Donnez-vous l'absolution et vous recevrez les suffrages du monde...

     J'ai honte lorsque je pense à la facilité avec laquelle nous capitulons devant les insignes, les noms, l'importance des sociétés et les institutions mortes. Tout individu convenable et s'exprimant bien me touche et m'émeut bien plus qu'il ne convient. Je devrais me redresser, plein d'un élan vital et, en tous les cas, parler le langage cru de la vérité. Si la malignité et la vanité se parent du manteau de la philanthropie, faudra-t-il l'accepter?...

     Les vertus, d'après l'estimation courante, sont plutôt l'exception que la règle. Il y a l'homme et ses vertus. Les hommes font ce qui s'appelle une bonne action, comme un acte courageux et charitable, tout comme ils paieraient une amende pour se faire pardonner de ne s'être pas montrés à la promenade. Leurs œuvres sont comme une excuse ou des circonstances atténuantes à ce qu'est leur vie dans le monde. De même, malades et fous paient un prix de pension élevé. Leurs vertus sont des façons de faire pénitence. Je ne souhaite pas expier mais vivre. Ma vie existe pour elle-même et non pour la parade. Je préfère de beaucoup qu'elle existe sur un mode mineur afin d'être égale et authentique, plutôt que de briller d'un éclat instable. Je souhaite qu'elle soit douce et saine et n'ait nul besoin de régime ou de saignées. Je demande la preuve première de votre qualité d'homme et refuse ce transfert de l'individu à ses actes. Pour moi-même, que j'accomplisse ou rejette ces actions qui sont tenues pour excellentes, cela ne fait aucune différence. Si peu nombreux et si humbles que soient mes talents, j'existe réellement, et pour mon assurance ou celle de mes concitoyens, je n'ai besoin d'aucun autre témoignage.

     Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non pas ce que pensent les gens. Cette règle également ardue dans la vie pratique et la vie intellectuelle peut servir à mesurer toute la différence entre la grandeur et la bassesse. Elle est d'autant plus ardue que vous trouverez toujours des gens pour penser qu'ils savent ce qu'est votre devoir, mieux que vous ne le savez vous-même. Il est facile, étant dans le monde, de vivre selon l'opinion du monde; il est facile, dans la solitude, de vivre selon la nôtre, mais il a de la grandeur, celui qui au milieu de la foule garde avec une suavité parfaite l'indépendance de la solitude.

     La confiance en soi p90-93.

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