Textes philosophiques

 André Gorz    l'organisation scientifique du travail industriel


     "L'organisation scientifique du travail industriel a été l'effort constant de détacher le travail en tant que catégorie économique quantifiable de la personne vivante du travailleur. Cet effort a d'abord pris la forme d'une mécanisation non du travail, mais du travailleur lui-même: c'est-à-dire la forme de la contrainte au rendement par le rythme ou les cadences imposés. Le salaire au rendement, en effet, qui eût été la forme la plus rationnelle économiquement, c'est originellement révélé impraticable. Car pour les ouvriers de la fin du XVIIIè siècle, le "travail" était un savoir-faire intuitif intégré dans un rythme de vie ancestral et nul n'aurait eu l'idée d'intensifier et de prolonger son effort afin de gagner davantage. L'ouvrier "ne se demandait pas : combien puis-je gagner par jour si je fournis le plus de travail possible? Mais combien dois-je travailler pour gagner les 2,50 marks que je recevais jusqu'à présent et qui couvrent mes besoins courants".

     La répugnance des ouvrier à fournir jour après jour une journée de travail entière fût la cause principale de la faillite des première fabriques. LA bourgeoisie imputait cette répugnance à la "paresse" et à "l'indolence". Elle ne voyait d'autre moyen d'en venir à bout que de payer des salaires si faibles qu'il fallût peiner une bonne dizaine d'heures par jour tout au long de la semaine pour gagner sa subsistance" .

Métamorphoses du Travail, p.42-43. Folio, 1988.

Indications de lecture:

Voir la leçon Le sens du travail.  Citation insérée de Max Weber. Lire en relation avec ce texte La Barbarie de Michel Henry.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z

Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes| Textes philosophiques| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations
 
philosophie.spiritualite@gmail.com