C'est dire que cette fuite ne s'accomplit pas seulement sur le plan de l'idéologie, mais précisément sur le plan de la pratique. Les pratiques de la barbarie la portent toutes en elles comme leur naturant véritable en même temps que ce qui leur confère leur saisissante unité. Aucune, toutefois, ne l'exhibe de façon plus manifeste que la télévision. il peut sembler paradoxal de parler ici, sans autre introduction, des médias mis sur le même plan que la science pour cette raison qu'à travers l'ignorance et la grossièreté des premiers aussi bien que dans le savoir raffiné de la seconde, l'homme cherche ultimement à se démettre de lui-même, de sa vie transcendantale - ou plutôt, parce que cette vie subsiste dans les deux cas sous une même forme, cette de cette démission. Observons en premier lieu que la télévision appartient au monde de la technique, c'est-à-dire de la science, et cela non pas simplement parce qu'elle repose sur un "procédé technique". ce qui se montre en elle, c'est justement le fait que ce procédé a été mis en œuvre comme il a été inventé, abstraction faite de tout ce qui ne se réduirait pas à son être propre à l'ensemble des techniques qui le rendent possible- abstraction faite de la vie et de son éthique. Personne ne s'est demandé s'il pouvait être "bon" ou "mauvais" pour l'homme, c'est-à-dire conforme ou non à son auto-accroissement de la vie en lui, de réduire celle-ci à la condition d'un regard hébété devant quelque chose qui bouge.

         La télévision prend place dans le monde de la technique, elle a son principe dans l'auto-développement de celle-ci, dans son autonomie, qui fait dire qu'elle est un système, qu'il ne sert à rien d'en contester certaines manifestations, par exemple la télévision: c'est ce système comme tel qu'il convient de remettre en question."