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Michael Hudson       remarques sur la situation actuelle de la dette


    Ni les banques, ni les autorités publiques (et ni les intellectuels traditionnels d’ailleurs)  n’ont su calculer la capacité réelle que l’économie avait de payer, à savoir payer sans engendrer un rétrécissement économique.  Au travers de leurs médias et groupes de réflexion, ils ont réussi à convaincre les populations que la manière la plus rapide pour devenir riche était d’emprunter de l’argent pour acheter des biens immobiliers, des actions et obligations à des prix exorbitants, prix enflés par les crédits bancaires, et d’inverser ainsi progressivement l’impôt sur le revenu instauré au siècle dernier.

      Pour être tout à fait franc et direct, disons que la résultante en est une économie pourrie dont l’objectif est de déstabiliser les procédures de contrôle public et de faire passer le pouvoir de planification de l’État dans les mains de la haute finance, le tout en affirmant que cela serait plus efficace que la régulation publique.  La planification gouvernementale et les impôts sont alors accusés de mener à « la servitude », comme si « les marchés libres » contrôlés par les banquiers, à qui ont aurait laissé une marge de manœuvre pour agir de façon inconsciente, n’étaient pas régis par des intérêts particuliers qui relèvent plus alors de l’oligarchie que de la démocratie.  On demande aux gouvernements de renflouer les dettes contractées non pas pour défendre un pays, pris dans un conflit militaire comme autrefois, mais pour bénéficier à la couche de la population la plus riche, tout en en faisant peser le poids sur le contribuable.

     Le refus de prendre en compte les souhaits exprimés lors des votes fait que la dette nationale qui en résulte se retrouve sur un terrain instable, politiquement mais aussi juridiquement.  Les dettes imposées de fait par un gouvernement ou par une agence financière étrangère et ce malgré une forte opposition populaire, peuvent s’avérer aussi mince que celle des Habsburgs ou d’un quelconque autre despote en son temps ; manquant d’une validation venant du peuple, elles peuvent disparaître avec le régime qui les aura contractées.  Les nouveaux gouvernements peuvent de façon tout à fait démocratique subordonner le secteur bancaire et financier au service de l’économie, et non l’inverse.

Indications de lecture:

Ancien économiste à Wall Street. Professeur Chercheur distingué de l’Université de Missouri, à Kansas City, USA, il est l’auteur de nombreux livres, notamment Super Imperialism: The Economic Strategy of American Empire (new ed., Pluto Press, 2002) et Trade, Development and Foreign Debt: A History of Theories of Polarization v. Convergence in the World.


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