Textes philosophiques

Hans Jonas   l'aliénation de la Nature, l'avilissement de l'animal


    " La monotonie des océans de blés par exemple ans le Middle-west américain, sillonnés de moissonneuses isolées, saupoudrés contre les parasites par des avions, offre comme "nature" aussi peu de "patrie" (avec bien moins de relations sociales) que le complexe industriel le fait comme "culture". Ici la "surnaturalisation" est en plein cours et elle se manifeste comme dénaturation. "Humanisation de la nature"? tout au contraire, l'aliénation, non seulement par rapport à elle-même, mais même par rapport à l'homme. Et davantage encore si nous passions  de l'exemple végétal à l'exemple animal, aux usines de couvaison et d'oeufs qui alimentent aujourd'hui les supermarchés, en comparaison desquelles le poulailler rural avec son coq a presque l'allure d'un jardin zoologique! L'avilissement ultime d'organismes doués de sens, capables de mouvement, sensibles et pleins d'énergie vitale, réduits à l'état de machines à pondre et de machine à viande, privés d'environnement, enfermés à vie, artificiellement éclairés, alimentés automatiquement, n'a presque rien en commun avec la nature, et il ne saurait être question d'"ouverture" ni de "proximité" à l'égard de l'homme. Il en va de même des prisons d'engraissement pour la fabrication de la viande de boeuf et ainsi de suite...

     Le paradoxe que Bloch ne voit pas est que c'est justement la nature non changée par l'homme et non exploitée, al nature "sauvage" qui est la nature "humaine" à savoir celle qui parle à l'homme et que celle qui lui es totalement soumise est la nature inhumaine tout court".

Le Principe Responsabilité, Champ Flammarion, 1990, p. 400.

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