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Quentin Meillasoux     la pensée ne sort pas d'elle-même


        La pensée ne [saurait] discriminer entre les propriétés du monde qui ressortent à notre relation à celui-ci, et les propriétés d’un monde “en soi”, subsistant en lui-même indifféremment au rapport que nous entretenons avec lui. (...) La pensée ne sauraitsortir d’elle-même pour comparer le monde “en soi” au monde “pour nous”, et ainsi discriminer ce qui est dû à notre rapport au monde et ce qui n’appartient qu’au monde. Une telle entreprise est en effet autocontradictoire: au moment où nous pensons que telle propriété appartient au monde en soi — nous le pensons, précisément, et une telle propriété se révèle donc elle-même essentiellement liée à la pensée que nous pouvons en avoir. Nous ne pouvons nous faire une représentation de l’en soi sans qu’il devienne un “pour-nous” ou, comme le dit plaisamment Hegel, nous ne pouvons “surprendre” l’objet “par-derrière”, en sorte de savoir ce qu’il serait en lui-même: ce qui signifie que nous ne pouvons rien connaître qui soit au-delà de notre relation au monde. 

Après la finitude, Seuil, 2006 

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