Textes philosophiques

Plotin    La pensée et l'Absolu


   « Si l'Absolu indivisible devait lui-même énoncer ce qu'il est, il devrait dire ce qu'il n'est pas; il serait alors multiple, afin d'être un. De plus, lorsqu'il dit "je suis ceci", ou bien ceci  désignera quelque chose de différent de lui, et alors il mentira; ou bien ceci sera un accident pour lui, et il énoncera plusieurs choses de lui; ou alors il devra dire : je suis, je suis et : moi, moi. - Et s'il était seulement deux choses et s'il disait: moi et ceci? Alors il est nécessairement multiple; il a des éléments différents; il a les caractères par quoi ils diffèrent; il a un nombre; il a bien d'autres choses encore.

    Il faut donc qu'un être qui pense saisisse une chose et puis une autre, et que ce qui est pensé, puisqu'on y pense un à un, présente de la variété. Sans quoi il n'y a pas de pensée, mais une sorte de contact et de toucher ineffable et inintelligent antérieur à l'intelligence, quand elle n'est pas encore née, et qu'il a touché sans pensée. L'être pensant lui-même ne doit pas rester un être simple, et d'autant moins qu'il se pense lui-même: car c'est la se dédoubler, même s'il n'énonce pas formellement ce qu'il a dans l'esprit.

    De plus, l'absolu indivisible n'aura aucune curiosité de lui-même, qu'apprendrait-il, à penser? Son être lui appartient avant toute pensée. La connaissance est une espèce de désir, et une découverte qui met fin à une recherche. Ce qui est absolument sans différence  reste immobile par rapport à soi-même; il n'a rien à chercher sur soi-même: mais ce qui se développe, est multiple".

Les Ennéades V, 3, Belles-Lettres, p. 63.

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