Textes philosophiques

Vidyaranya     objets et constructions mentales


26 (objection) Les objets (perçus lorsqu'on est sous l'emprise d'une) illusion, ou bien en rêve, ou encore lorsqu'on imagine ou qu'on se remémore quelque chose, sont faits d'étoffe mentale; mais il n'en va pas de même pour les objets sensibles perçus dans l'état vigile de la conscience.

27. Soit, ce fait a été reconnu par les auteurs du commentaire (aux Yoga-sutra); dans cet état (vigile) de la conscience, (l'esprit est modifié) par les objets sensibles, en ce qu'il prend la forme de celui avec lequel il entre en contact.

28. De même que le cuivre (en fusion) versé dans un moule adopte la forme de ce dernier, de même il est certain que l'esprit, en pénétrant les objets, devient semblable à eux.

29. Ou bien de même que la lumière solaire, révélatrice des objets, épouse les contours de ceux qu'elle illumine, de même l'esprit, de par sa capacité à manifester tous les objets, prend la forme de ceux qu'il perçoit.

30. (le processus cognitif est le suivant:) une vibration se produit dans notre organe mental; elle s'extériorise; entrant en contact avec un objet sensible, elle épouse la forme de ce dernier.

31. Cela étant, il y a deux sortes d'objets. Prenons l'exemple de la cruche: il y a celle qui est faite d'argile, mais il y a aussi celle qui est perçue mentalement; la cruche matérielle est celle qui est mesurable, tandis que l'objet mental est vu ) la lumière de la Conscience-Témoin.

32. Par la méthode de co-présence et co-absence (on constate que) ce sont les objets mentaux qui causent notre servitude; car lorsqu'ils sont présents, plaisirs et douleur le sont également, et lorsqu'ils sont absents, aucune de ces deux émotions n'est là.

33. Quand il rêve ou quand il évoque des souvenirs, l'homme, malgré l'absence des objets extérieurs, est lié (au couple plaisir/douleur); par contre, dans des états comme le samadhi, le sommeil sans rêve et l'évanouissement, même en présence des objets extérieurs, il n'est pas lié.

34. Imaginons un père, dont le fils est parti pour une région lointaine (d'où il n'envoie aucune nouvelle); si le père ajoute foi aux propos d'un menteur qui lui affirme que le garçon est mort, il s'affligera, bien que son fils soit, en réalité, toujours vivant.

35. Au contraire, si le fils était réellement mort, mais que la nouvelle n'en fût point parvenue au père, ce dernier ne s'affligerait pas; c'est donc bien notre univers mental, et lui seul,qui cause notre servitude à tous.

Etre, conscience, félicité, la Pançadasi, traduction Annie Cahn-Fung, préface de Michel Hulin, L'originel, 2006, p.59-60.

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