Textes philosophiques

Mohhamad Yunus      doctrine du capitalisme


     - une vie meilleure pour les peuples du monde ainsi qu'une réduction des souffrances liées aux inégalités passe par une croissance économique soutenue ;
- la croissance économique vient uniquement d'investissements en capital réalisés sur des marchés concurrentiels ;
- les investisseurs sont exclusivement attirés par les entreprises gérées de façon à maximiser la rentabilité du capital ;
- la rentabilité du capital ne peut être maximisée que par des entreprises faisant de la maximisation du profit leur unique objectif.
      Cette logique nous ramène à une conclusion antérieure : l'être humain est une créature unidimensionnelle dont l'unique source de bonheur, de satisfaction et de motivation est l'argent. La maximisation du profit est donc tout.

     Présentée en ces termes, cette logique est irréfutable. Mais quand nous regardons le monde réel, les résultats obtenus sont loin d'être satisfaisants. Les entreprises des pays développés maximisent leurs profits, les ressources sont gaspillées, l'environnement est pillé et les générations futures doivent s'attendre à un avenir morose. A mesure que la philosophie capitaliste se répand, les nations en développement comme la Chine et l'Inde connaissent une croissance de leurs propres classes d'hommes d'affaires qui s'emploierait à maximiser leurs profits, tout comme le font leurs, modèles d'Amérique du Nord et d'Europe. Il en résulte que des centaines de milliers de personnes sons malades et meurent prématurément à cause de la pollution, et que le problème du changement climatique s'approche rapidement du point de non-retour.

     Il y a apparemment une erreur dans cette logique irréfutable  de croissance incontrôlée. Songeons aux conséquences sur les ressources naturelles qu'a cette philosophie. S'il est juste et bon que, les entreprises maximisent leurs profits à tout prix, comment se comporteront-elles à l'égard des ressources ? Elles vont évidemment suivre le précepte - "Premier arrivé, premier servi. » Quiconque a l'argent ou le pouvoir (sous la forme d'un soutien militaire) pour s'emparer des ressources et les contrôler le fera. Ces ressources pourront être utilisées pour soutenir les entreprises qui maximisent le profit de leurs propriétaires, qui sont les seuls à pouvoir déterminer légitimement la manière dont les ressources seront réparties.

      Ce qui précède correspond très exactement à la manière dont sont couramment contrôlés et utilisés le pétrole, le gaz, le charbon, les terres agricoles, les poissons, les arbres, les minerais et même l'eau. Dans la plupart des cas, les entreprises privées exercent leur contrôle à leur unique discrétion. Dans d'autres cas, les entreprises collaborent avec leurs gouvernements. Il n'y a pratiquement jamais de siège autour de la table pour la population dont la vie dépend du partage des ressources. Si l'on se fonde sur la logique capitaliste, pourquoi tenir compte de ces gens? En quoi leurs besoins contribuent-ils à la maximisation du profit ? Ce système où la spoliation permet aux nations et aux entreprises de contrôler les ressources et de les utiliser pour maximiser leur profit immédiat perdurerait probablement si la vie sur terre ne se rapprochait pas d'une situation de crise. Alors que les ressources non renouvelables continuent de se réduire -- parce que leur exploitation se poursuit - et que les dangers liés au changement climatique se font plus présents, les plus ardents capitalistes doivent accepter le fait que la seule poursuite du profit n'est plus un principe au nom duquel on peut se passer de politiques environnementales. Comment les milliardaires pourront-ils profiter de leur richesse si l'air est trop dangereux à respirer ?

Vers un nouveau Capitalisme, poche, 2008, p.321-323.

   


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