Textes philosophiques

Shri Aurobindo     l’être véritablement moral n’a pas besoin d’un système de peines et de récompenses


     "L’être véritablement moral n’a pas besoin d’un système de peines et de récompenses pour suivre le sentier du bien et s’écarter du sentier du mal ; la vertu est pour lui sa propre récompense, et le péché apporte avec lui son propre châtiment en ce qu’il le fait déchoir de la loi de sa propre nature ; c’est là le véritable critère de toute éthique. Au contraire un système de récompense et de cnitîments dévalue immédiatement le bien sur le plan éthique, transforme la vertu en égoïsme, en un marchandage commercial sur la base de l'intérêt personnel, et remplace, par un mobile plus vil, le juste mobile qui nous pousse à nous abstenir du mal. Les humains ont érigé cette loi des récompenses et des châtiments comme nécessité sociale pour empêcher les actions qui nuisent à la communauté et encourager celles qui lui sont utiles. Mais vouloir faire de cet expédient humain une loi générale de la Nature cosmique, ou une loi de l’Être suprême, ou la loi suprême de l’existence, est une transposition de valeur douteuse. Il est certes humain, mais il est aussi puéril, de vouloir imposer les critères étroits et insuffisants de notre propre Ignorance aux opérations plus vastes et plus complexes de la Nature cosmique, ou à l’action de la Sagesse suprême et du Bien suprême, qui nous attire ou nous élève vers Lui par une puissance spirituelle œuvrant lentement en nous à travers notre être intérieur, et non pas par une loi de tentations et de contraintes agissant sur notre nature vitale extérieure. Si l’âme traverse dans son évolution une expérience complexe, aux multiples facettes, toute loi de Karma ou de rétribution pour les actions ou le déploiement d’énergies, doit aussi être complexe si elle doit cadrer dans cette expérience ; elle ne peut pas avoir une contexture simple et exiguë, ni une incidence rigide et unilatérale...En tout cas, les réactions de la Nature ne sont pas par essence destinées à servir de récompenses ou de punitions, ce n’est pas là leur valeur fondamentale — qui serait plutôt une valeur inhérente de relations naturelles et, dans la mesure où elles affectent l’évolution spirituelle, une valeur déterminée par les leçons que l’âme puise dans son expérience au cours de sa formation cosmique. Si nous touchons du feu, il nous brûle, mais dans ce rapport de cause à effet n’entre aucun principe de châtiment, c’est une leçon sur les relations, une leçon de l'expérience. De même, dans tous les rapports de la Nature avec nous, il y a une relation entre les choses et une leçon correspondante donnée par l’expérience".

 La Vie divine, III, Albin-Michel, p. 235.

Indications de lecture:

cf. Philosophie de la Morale, ch. I et IV.

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