Textes philosophiques

Shri Aurobindo     l'ignorance ne crée rien de neuf


     «Ce que nous appelons l’Ignorance ne crée pas quelque chose de nouveau et d’absolument faux, mais ne fait que déformer la Vérité. L’Ignorance est le Mental séparé en connaissance de sa source de connaissance et donnant une fausse rigidité, une apparence erronée d’opposition et de conflit au jeu harmonieux de la Vérité suprême en sa manifestation universelle. L’erreur fondamentale du Mental est donc cette perte de la connaissance de soi, par quoi l’âne individuelle conçoit son individualité comme un fait séparé et non comme une forme de l’Unité, et se fait le centre de son propre univers, au lieu de se connaître comme étant une concentration de l’universel. De cette erreur originelle, toutes ses ignorances et limitations particulières sont des résultats contingents. Car, ne. considérant le flux des choses que tel qu'il coule sur lui et à travers lui, il fait une limitation d'être qui produit une limitation de conscience et par conséquent de connaissance, une limitation de force consciente et de volonté et par conséquent de pouvoir, une limitation de jouissance de soi et par conséquent de félicité. Comme il n’est conscient des choses et ne les connaît que telles qu’elles se présentent à son individualité, il tombe dans une ignorance du reste et par conséquent dans une conception erronée de cela même qu’il semble connaître : car, puisque tout l’être est interdépendant, la connaissance du tout ou de l’essence est nécessaire à la connaissance juste de la partie. D’où un élément d’erreur en toute connaissance humaine. De même, notre volonté, ignorante du reste de la volonté totale, tombe nécessairement dans une erreur de fonctionnement, dans une incapacité, une impuissance plus ou moins grandes ; la félicité que l’âme trouve en soi et dans les choses, méconnaissant la béatitude du Tout et impuissante à maîtriser son monde par manque de volonté et de connaissance, devient nécessairement incapable du délice de posséder, et par conséquent tombe dans la souffrance. L’ignorance de soi est donc la racine de toute la perversité de notre existence, et cette perversité se fortifie dans la limitation de soi, l’égoïsme qui est la forme prie par cette ignorance de soi".

La Vie divine, I, Albin-Michel, p. 228.

Indications de lecture:

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