Textes philosophiques

Georges Gusdorf       sur la toxicomanie


    "L'exemple des toxicomanies, qui sont surtout des maladies de la volonté, fait assez bien comprendre le sens de la faiblesse. Un homme, incapable de faire face à une situation déprimante ou intolérable, cherche le salut dans la fuite. Grâce à l'alcool, à l'opium, à la morphine, il obtient une rémission passagère ; sa personnalité humiliée lui apparaît embellie, exaltée ; toutes ses facultés se trouvent portées à un degré supérieur. Les problèmes sont résolus, les obstacles surmontés, dans cette euphorie qui procure comme une illumination, une transfiguration des horizons personnels. Seulement le séjour au paradis artificiel est de courte durée : dès [45] que l'action physiologique du stimulant cesse de se faire sentir, la retombée se produit, et la situation initiale paraît d'autant plus intolérable qu'elle contraste avec la fausse splendeur du paradis perdu. Il faut à nouveau boire, ou fumer l'opium ; et la poursuite de la drogue devient bientôt l'unique préoccupation de celui qui s'est abandonné à elle. L'accoutumance de l'organisme au produit toxique double le désir psychologique et moral d'une véritable faim biologique : privé de l'excitant familier, l'intoxiqué se débat dans une effrayante agonie. Désormais fasciné par la préoccupation de l'unique chose qui lui soit nécessaire, il paraît excentré par rapport à lui-même et comme désorbité. Toutes les valeurs morales ou spirituelles cessent de compter. Des personnalités parfois brillantes sombrent en de telles déchéances.".

La vertu de force. P.U.F. 1967, p. 44-45.

Indications de lecture:

 Cf.

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