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        Lori Ann      l'esprit vide et le coeur plein


 Il  y a quatre mois je suis tombée par dessus bord d'une identité appelée Lori Ann, dans une douce chute libre où chaque instant qui se déroule se révèle comme mon amant. Parfois, cet amant est rude, me guidant durement, me giflant telle une garce avec le chaos et le changement. D'autres fois mon amant m’embrasse tendrement avec la beauté de ce qui est ici, depuis une lune pleine délicieuse à un chiot endormi étendu sur mon lit.

Aujourd'hui, mon ami pédiatre bénévole en Afrique m"a envoyé la photo d'un garçon qu'il a soigné dans un foyer pour enfants handicapés. Il a suffit de regarder le visage de ce garçon et mon amant était là, m’ouvrant à moi-même, sous la forme de cet autre au bout du monde. Ce cœur a fondu - non pas dans la pitié, mais dans l'adoration - à la beauté stupéfiante de la déformation de ce garçon contrastant avec la lumière délicate dans ses yeux. C'est le cœur de Dieu, cette vérité des pleurs face à la perfection de ce qui est, sans avoir besoin de changer quoi que ce soit.

Je ne dis pas que l'action humanitaire n'est pas parfaite aussi. Ce que je pointe c’est que cette tendance humaine à étiqueter ce qui surgit à chaque instant (comme bon ou mauvais) a quitté mon monde. Ce qui reste est une acceptation profonde de tout cela, de toute expression, ici, dans ce jeu de Dieu.

Je vous invite à regarder de nouveau le visage de cet enfant. Quand vous regardez, notez les pensées et les sentiments qui viennent. Maintenant, notez: êtes-vous d'accord avec votre propre réponse? Dans votre monde la colère est-elle autorisée autant que le bonheur et la tristesse, avec plaisir? Mon expérience fût, en m'éveillant, que lorsque la perception de bon et mauvais s’efface, la paix et une joie acausale apparaissent. Ceci, tout comme l'immobilité, est notre véritable nature. Tout le reste est une erreur d'identité résultant de l'illusion d’une personnalité individuelle.

Cet amant-dieu qui m'a séduite hors du rêve de soi (je suis les pensées de Lori Ann, ses sentiments et ses croyances) est parfois appelé par certains genres de Zen le non-soi. Pourtant, cette étiquette réduit l'intégralité de sa vraie nature que d'autres ont appelé la vigilance, la présence, la conscience ou la source. En fait, cela fait des jours maintenant, que je recherche d'un moyen d'exprimer ce sentiment que l'image non-soi est comme un dessin humoristique plutôt qu’une peinture réaliste. Ou, peut-être c'est un peu comme une tête sans cœur, ce non-soi en lui-même. Comme le maître d’Advaita Ramesh Balsekar l’a écrit: “La vérité définitive ne peut être acceptée que si l'esprit est vide du« moi »et le cœur est plein d'amour."

La nuit dernière je suis tombée sur ma copie fripée de "Autobiographie d'un Yogi", un livre que j'ai lu il y a plus de 25 ans. Et là, soulignée à l'encre noire, était la citation qui me hantait alors, et encore maintenant. Dans le milieu de la réalisation du soi Paramahansa Yogananda entend ces paroles: «Les relativités de la vie et de la mort appartiennent au rêve cosmique. Voici ton soi sans rêve, éveillé, mon enfant, réveille-toi!"

Pendant que je lisais cela, j'essayais de substituer mentalement "Voici ton soi sans rêve". L'ensemble du mouvement du non-soi aime à parler en négation - il n'y a personne ici, le néant, pas ceci, pas cela. Je ne suis jamais sûre qu’ils n’aient égaré leur "je” quotidien (sous le coussin du canapé par exemple) et n'aient pas encore réaliser l'immensité de vrai soi. Ou s’ils sont vraiment en train de passer un délicieux moment dans l'immensité, en le nommant juste le quelque peu stérile "non-soi."

Vous voyez, dans cette citation de Paramahansa ce qui ressort également est le cœur plein que Ramesh mentionne comme essentiel, évident dans l'affectueux "mon enfant". Les poètes-mystiques comme Rumi, Hafiz, Mira et autres, tous laissent jaillir un amour sincère pour un Bien-Aimé divin qui les aime en retour avec une tendresse féroce. Ce Dieu / Source / Celui que nous sommes vraiment tous a une qualité chérissante que le vide "non-soi" ne capture pas tout à fait. Lorsque le paradoxe d'un Dieu-Soi à la fois vide et plein n'est pas adopté, une réalisation complète de soi est-elle possible?

On peut faire valoir que, en prétendant être un soi-vaste-infini d'amour appelé Conscience, le mental égoïque a trouvé un point d’appui nouveau et s’est amélioré. Mais il peut aussi faire valoir que la foule de "Je suis Non-Soi"  joue le même jeu. S'il y a un test décisif pour la réalisation de soi authentique, il se pourrait que, peu importe dans quel camp vous plantez votre tente de l’illumination, vous vivez à partir d'un lieu d'acceptation inconditionnelle. Cette acceptation comprend l'accueil de chaque autre tente dans le camping spirituel, et même l'acceptation de votre agacement face la tente du strident non-soi à la porte à côté.

Ce que je pointe ici sont les deux faces d'une même pièce. Sur la première face est la voie de la sagesse / tête (Jnana) et sur l'autre, le chemin de la dévotion / cœur (Bhakti). Même s’il y a deux côtés, la pièce elle-même est toujours une. L'esprit vide de «moi» est inextricablement lié au cœur plein d'amour, et tous deux sont des aspects de l’ineffable Grand-Quel que soit.

Donc je suppose que si je regarde de près, l'acceptation parfaite est ici dans cet amant-à-double-visages - un dieu qui démontre, à travers la compréhension radicale que je ne suis rien et qui, dans une pure dévotion, révèle que Je suis tout ce qui est.

La Conscience est ici! (Et il n'y a personne à la maison)

Lori Ann

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