Textes philosophiques

Naomi Klein   fétichisme mathématique et néolibéralisme


       "C'est l'amour des chiffres et des systèmes qui attira Friedman vers les sciences économiques. Dans son autobiographie, il dit avoir été converti lorsqu'un professeur de géométrie inscrivit le théorème de Pythagore au tableau noir et qu'ensuite, impressionné par son élégance, il cita des vers du poème de John Keats intitulé Ode sur une urne grecque : « "Beauté, c'est Vérité, Vérité, c'est Beauté" - voilà tout/Ce que vous savez sur terre, tout ce qu'il vous faut savoir. » Friedman transmit sa passion d'un splendide système universel à des générations d'économistes - en même temps qu'une aspiration à la simplicité, à l'élégance et à la rigueur. Comme toute foi intégriste, la science économique prônée par l'école de Chicago forme, pour ses tenants, une boucle fermée. La prémisse de départ, c'est que le libre marché est un système scientifique parfait dans lequel des particuliers, agissant dans leur propre intérêt, créent pour tous le plus d'avantages possibles. Il s'ensuit inéluctablement que toute défaillance - inflation élevée ou chômage en hausse spectaculaire - vient du fait que le marché n'est pas entièrement libre. Des ingérences, des distorsions sont forcément à l'oeuvre. La solution de l'école de Chicago est toujours la même : une application plus rigoureuse et plus complète des principes de base".

La Stratégie du Choc, p. 69.

Indications de lecture:

cf. la leçon Le pouvoir et les puissances de l'argent.

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