Textes philosophiques

Platon   agir sur le coup de la colère


 « Il est évident que, lorsque vous parlez de l'âme, vous dites et entendez dire aux autres qu'il y a en elle soit une affection, soit une partie de sa nature, qui est la colère, chose irritable et difficile à combattre, et qui fait de nombreux ravages par une violence irréfléchie. » « J'appelle carrément injustice la tyrannie qu'exercent sur l'âme la colère, la crainte, le plaisir, le chagrin, l'envie et les autres passions, qu'elles lèsent ou non autrui. « Si quelqu'un tue de sa main une personne libre et que le meurtre ait été commis par colère, il faut d'abord ici distinguer deux cas. On agit par colère, lorsque, brusquement et sans dessein prémédité de tuer, on fait périr quelqu'un en le frappant ou par quelque violence semblable, sous le coup d'une colère subite, et qu'on se repent tout de suite de ce qu'on a fait. On agit aussi par colère, lorsque, insulté par quelqu'un en paroles ou par des actes outrageants, on en poursuit la vengeance et qu'on le tue ensuite délibérément, sans se repentir de son action. Il faut donc, semble-t-il, reconnaître deux espèces de meurtres, qui ont l'un et l'autre la colère pour principe et qu'on peut dire avec juste raison tenir le milieu entre le volontaire et l'involontaire, dont l'une et l'autre est une image. Celui qui garde son ressentiment et ne se venge pas brusquement et sur-le-champ, mais plus tard et de dessein formé, ressemble au meurtrier volontaire, tandis que celui qui, au lieu de couver sa colère, s'y abandonne sur-le-champ sans préméditation ressemble au meurtrier involontaire, quoique son acte ne soit pas tout à fait involontaire, mais soit l'image d'un acte involontaire. C'est pourquoi il est difficile de distinguer si les meurtres produits par la colère sont volontaires, ou s'il faut en classer quelques-uns dans la loi comme involontaires. Le mieux et le plus vrai c'est d'admettre que les deux en sont une image et d'en reconnaître deux espèces distinctes, selon qu'ils sont prémédités ou non, et d'infliger à ceux qui ont agi avec préméditation et colère tout à la fois les châtiments les plus rigoureux, et des châtiments plus doux à ceux qui ont agi sans préméditation par un mouvement soudain ; car ce qui ressemble à un mal plus grand doit être puni plus rigoureusement, à un mal plus petit, plus légèrement. C'est aussi ce que nous devons faire dans nos lois".

 Lois, IX.

Indications de lecture:

    

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