Textes philosophiques 
  John R.  Searle    Le principe d'exprimabilité  
  
          
    Le principe selon lequel tout ce que 
	l'on peut vouloir signifier peut être dit, et que j'appellerai "principe 
	d'exprimabilité", est un principe important (...). 
	Il nous arrive bien souvent de vouloir en dire 
	plus que nous ne disons effectivement. Si l'on me demande "Est-ce que vous 
	allez au cinéma ce soir", je peux répondre "oui", mais il est bien évident, 
	d'après le contexte, que ce que je veux signifier, c'est bien : "oui, je 
	vais au cinéma ce soir", et non pas "oui, il fait beau", ou "oui, 
	l'important, c'est la rose". De la même façon, je pourrais dire "je 
	viendrai", entendant donner par là une promesse que je viendrai, come cela 
	serait le cas dans la phrase : " je promets de venir" où j'exprime 
	littéralement ce que je veux signifier. Dans des exemples de ce genre, même 
	si je ne dis pas exactement tout ce que j'entends signifier, il reste que 
	j'ai toujours la possibilité de le faire ; et si jamais mon interlocuteur 
	risque de ne pas me comprendre, je peux toujours me servir de cette 
	possibilité. Mais il arrive bien souvent que je sois incapable d'exprimer 
	exactement ce que j'entends signifier, quand bien même je le voudrais, et 
	cela, soit parce que je ne maîtrise pas assez la langue dans laquelle je 
	m'exprime (si je parle en espagnol par exemple), soit au pire, que la langue 
	que j'utilise n'a pas les mots ou les tournures qui me seraient nécessaires. 
	Cependant, même si je me trouve dans l'un ou l'autre de ces deux cas, 
	c'est-à-dire, dans l'impossibilité de fait de dire exactement ce que je veux 
	signifier, je peux toujours, en principe, surmonter cette impossibilité. Je 
	peux, en principe donc sinon en fait, améliorer ma connaisance de la langue 
	ou bien, procédé plus radical, si, quelle que soit la langue utilisée, elle 
	est inadéquate pour l'usage que je veux en faire ou simplement ne dispose 
	pas des moyens qui me seraient nécessaires, je peux, toujours en principe, 
	enrichir cette langue en y introduisant de nouveaux termes ou de nouvelles 
	tournures. Toute langue dispose d'un ensemble fini de mots et de 
	constructions syntaxiques au moyen desquels nous pouvons nous exprimer, mais 
	si une langue donnée, ou même toute langue quelle qu'elle soit, oppose à 
	l'exprimable une limite supérieure, s'il y a des pensées qu'elle ne permet 
	pas d'exprimer, c'est là un fait contingent, et non une vérité nécessaire. 
  Les actes de langage, trad. 
  Hélène Pauchard, Hermann, 1972, p. 55-57 
  
    Indications de lecture:
  
      
  
	    
	  
	  
    
      
        A,
         B,
         C,
         D,
         E,
         F,
         G,
         H, I,
         
        J,
         K,
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         T, U,
         
        V,
         
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        Z.  
   
  
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