Textes philosophiques

Eric Barret    la pure admiration coiffe la métaphysique


    La pure admiration coiffe la métaphysique. Évidemment, il ne faut pas dire cela à des métaphysiciens… Dans un moment de clarté, on est obligé de renoncer à tout savoir. Tout savoir s’avère être une forme d’agitation. Il n’y a rien que l’on puisse savoir. C’est là le seul savoir accessible. La disponibilité découle de cette évidence.

Pour la personnalité, vivre dans un non-savoir est une terreur absolue, mais du point de vue de la créativité c’est la liberté absolue. Quand vous vous rendez compte que vous n’avez rien à devenir, vous pouvez tout devenir ; plus aucune barrière, plus aucun empêchement. Mais tant que l’on veut devenir quelque chose, on vit dans une prison.

Tout est à notre disposition, toute l’extraordinaire fantaisie du monde. On la refuse parce que l’on veut être Napoléon. On veut savoir. On veut posséder. Tant que l’on possède quelque chose, on ne possède rien. Quand on se rend compte que l’on ne possède rien, alors on peut dire — et ce n’est pas un concept — que l’on possède tout. Tout ce que l’on voit est à nous.

Quand vous avez un objet d’art et que vous pensez que vous avez l’objet d’art, vous n’avez rien ! Quand vous savez que, profondément, vous n’avez rien, tous les objets d’art que vous rencontrez sont les vôtres. Vous allez une fois au Metropolitan Museum et vous regardez un merveilleux bronze népalais. Il est à vous à jamais et il ne sera jamais aux gens du musée. Il vit avec vous, il est avec vous. Celui-là est vraiment à vous. Mais ce n’est pas un souvenir, c’est une résonance. Si la vie fait que vous le mettez sur votre cheminée, vous devez lui assurer un confort maximum. Mais vous n’en êtes que le gestionnaire, pas le propriétaire.

Si l’on se prend pour un facteur, on n’est qu’un facteur. Mais si vous vous rendez compte que vous n’avez pas de coloration proprement dite, alors lorsque vous rencontrez un banquier, sur un certain plan vous êtes aussi un banquier, et lorsque vous rencontrez un policier et que vous écoutez, vous êtes également un policier. Tout ce que l’on rencontre, on le partage. à certains moments, on exerce certains métiers plus précis que d’autres, mais tout ce que l’on rencontre, on l’est profondément.

La personnalité, l’ego sont trop mièvres ; ils se contentent de trop peu. Il ne suffit pas d’avoir quelques pièces, il faut tout avoir. Tant que l’on n’a pas tout, on sent que l’on n’a rien. Tant que l’on a un projet, une identité, quoi que ce soit que l’on peut appeler « mien », on se sent pauvre. Quand je n’ai pas la prétention d’être autre chose que ce qui se présente dans l’instant, toute la perception est mienne.

Il n’est pas dit que physiquement, psychologiquement, certaines situations ne sont pas plus faciles que d’autres. Mais, même dans les situations qui nous sont moins familières, on peut trouver une profonde sympathie, une profonde résonance.

C’est l’essence de la démarche tantrique. Tout ce qui se présente est à moi ; pas dans un sens personnel ou psychologique, mais profondément. Tout ce qui se présente est ma résonance. Il n’y a rien qui me soit étranger. C’est cela, le tantrisme.

De l'abandon, Les deux Océan.

Indications de lecture:

Eric Barret est disciple de Jean Klein.

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