Textes philosophiques

Victor Cousin      la réflexion comme acte libre


    «Le MOI se manifeste en deux circonstances remarquables. Pour qu'il soit à ses propres yeux il faut qu'il agisse ; son action est la condition nécessaire de son aperception; mais cette action s'accomplit d'abord sans que le moi prévoie son résultat et y consente ; ou elle s'accomplit parce que le moi y consent, et qu'il en connaît les conséquences. L'action spontanée et l'action réfléchie ou volontaire sont les deux actions intérieures que me découvre la conscience; on ne peut négliger l'une ou l'autre de ces actions, sans mutiler une des deux parties de cette force intérieure qui est le moi. Le moi est l'apparition de l'esprit à lui-même, par son activité redoublée en elle-même et retournant à elle-même, c'est-à-dire dans la conscience. La conscience n'est pas une faculté qui aperçoit d'un côté ce qui se passe de l'autre ; il n'y a pas une scène isolée où se passent les événements de la vie intellectuelle, et vis-à-vis, quelqu'un dans le parterre qui les contemple ; ici, pour ainsi dire, le parterre est sur la scène ; la conscience de la vie est la vie même, car il n'y a vraiment de vie qu'autant qu'elle se manifeste et s'aperçoit. La réflexion est éminemnent libre. La spontanéité n'est pas non plus aveugle ni fatale; seulement elle n'est pas précédée de la réflexion. Le moi est une force continue dans son exercice, et qui tantôt marche en avant, tantôt rentre en elle-même et s'y constitue un nouveau point de départ, un point d'appui pour son développement ultérieur. La vie est une action, et la vie n'est bien à nous qu'autant que l'action nous appartient, et que nous nous l'approprions par la liberté ; la liberté est le plus haut degré de la vie, et la liberté n'appartient qu'à la réflexion, car il n'y a pas de liberté sans choix, sans comparaison et délibération, c'est-à-dire sans réflexion. La réflexion, mère de la liberté et fille de la liberté, est un acte libre qui produit des actes libres. Au sein de l'activité spontanée du moi, et de cette autre activité dont nous n'avons point parlé encore, qui ne vient pas du moi, qui fait effort an contraire pour agir sur lui et l'envelopper dans son action fatale ; la réflexion, au milieu de ce monde de forces qui la combattent et qui l'entraînent, s'arrête, et, selon une expression célèbre, se pose elle-même. La réflexion ou le MOI libre, est un point d'arrêt dans l'infini. Fichte l'appelle un choc contre l'activité infinie.

Indications de lecture:

Cf. Leçon La nature du sujet conscient.

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