Textes philosophiques

Fichte       contrat d'union


    "Pour que la condition du contrat de protection soit remplie avec assurance et non pas de façon simplement problématique, il faut qu’au moment même du contrat, et en même temps que lui, soit établie une puissance protectrice à laquelle tous participent de fait dès l’instant qu’ils concluent le contrat. Comment cette puissance protectrice est-elle établie ? Au moment où chacun s’engage à fournir une protection aux autres, chacun le fait en vertu de la possibilité d’une attaque dont personne ne peut savoir ni d’où elle viendra, ni quand elle se produira, ni surtout qui elle touchera. Celui auquel chacun promet protection est donc une personne totalement indéterminée et chacun s’engage dans l’incertitude la plus totale quant au fait de savoir qui bénéficiera de la protection, la possibilité n’étant pas exclue que ce soit justement lui-même. Cette indétermination, ce flottement du concept de « qui est à protéger » produit en chacun non pas seulement la représentation vague d’un ensemble dont il est membre, mais la compréhension de son appartenance effective à un « tout réel ». Ne sachant qui au juste et en particulier il s’engage à protéger, c’est en réalité au tout lui-même qu’il fait cette promesse et c’est ce tout qu’il s’engage à protéger, faisant surgir ce tout dans l’engagement même de le protéger.

La question ne se pose donc plus de savoir s’il le fera puisque la contribution positive en quoi consiste la protection est déjà donnée au moment même où elle est promise. De plus, la puissance contraignante, garantissant que chacun fournira la protection si besoin est, est établie puisqu’elle n’est rien d’autre que le tout lui-même, c’est-à-dire la communauté ou le peuple.

Le contrat de protection ainsi compris fait du contrat social un contrat d’union : cette transformation n’est pas seulement verbale ou terminologique dans la mesure où elle implique une certaine relativisation de l’individualisme possessif moderne auquel Fichte peut sembler se rattacher tant qu’on s’en tient au seul contrat de propriété. Le contrat de protection a pour conséquence en effet que l’incapacité où des citoyens pourraient se trouver D’assurer leur subsistance en usant de leur biens (c’est-à-dire en travaillant) leur donne un droit à exiger la protection et le secours des autres. L’Etat peut donc prélever sur la propriété une part permettant d’apporter un secours et une aide à ceux que leur travail ne suffit plus à faire vivre. On voit en quoi le contrat fichtéen jette les bases de l’Etat social moderne.

Indications de lecture:

Cf.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.


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