Textes philosophiques

Goethe  lecture de Spinoza


     "J'avais reçu en moi la personnalité et la doctrine d'un homme extraordinaire, d'une manière incomplète, il est vrai, et comme à la dérobée, mais j'en éprouvais déjà de remarquables effets. Cet esprit, qui exerçait sur moi une action si décidée, et qui devait avoir sur ma manière de penser une si grande influence, c'était Spinoza. En effet, après avoir cherché vainement dans le monde entier un moyen de culture pour ma nature étrange, je finis par tomber sur l'Ethique de ce philosophe. Ce que j'ai pu tirer de cet ouvrage, ce que j'ai pu y mettre du mien, je ne saurai en rendre compte ; mais j'y trouvais l'apaisement de mes passions ; une grande et libre perspective sur le monde sensible et le mode moral semblait s'ouvrir devant moi (...) Au reste, on ne peut non plus méconnaître ici qu'à proprement parler les plus intimes unions résultent des contrastes. Le calme de Spinoza, qui apaisait tout, contrastait avec mon élan, qui remuait tout ; sa méthode mathématique était l'opposé de mon exposition poétique, et c'était cette méthode régulière, jugée impropre aux matières morales, qui faisait de moi son disciple passionné, son admirateur le plus prononcé (...) Je m'adonnai à cette lecture, et je crus, portant mes regards en moi-même, n'avoir jamais eu une vue aussi claire du monde."

 Mémoires, traduction de Jacques Porchat, Paris, Hachette, 1893, p. 537 et 572).

Indications de lecture

 

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