Textes philosophiques

 Paul Gosselin    la tolérance selon les relativistes


   À qui veut l'entendre, nos sociétés postmodernes prônent la tolérance. Tolérance des points de vue et tolérance des pulsions. Toute censure est proscrite. Il est interdit d'interdire… Les anthropologues et les ethnologues furent les premiers dans la mêlée. Le terme technique approprié en sciences sociales quant à cette question est le relativisme culturel. Ce concept, qui eut son apogée avant la Seconde Guerre mondiale, implique le rejet, par principe, d'une imposition de valeurs (occidentales généralement) d’un groupe sur des individus d’un autre groupe (ainsi que sur les groupes plus marginaux en Occident). Ceci implique donc que, dans leur contexte culturel d’origine, tous les codes juridiques et les systèmes éthiques se valent. Aucune nation ou peuple ne saurait prétendre posséder un concept du bien et du mal qui soit absolu, universel ou supérieur aux autres. Cette attitude s'applique évidemment aux activités coloniales de l’Occident au xviiie et xixe siècles ainsi qu’aux groupes missionnaires qui cherchent à avancer la cause du christianisme, mais rien, sur le plan logique, n'empêche d’étendre ce principe à d’autres présupposés. Avec de tels présupposés, l'anthropologue qui fait du terrain dans une tribu au fond de la jungle est sensé s'abstenir aussi de tout jugement de valeur sur les règles d'interaction entre individus dans une société non occidentale.

"Il faut tout de même être reconnaissant de la cohérence imparfaite du postmoderne. Dans le contexte postmoderne, comment justifier les appels à la tolérance (ce qui sous-entend vaguement l'amour/respect pour ceux dont les opinions ou comportements diffèrent de la majorité) si on rejette toute loi morale absolue ? Si le bien et le mal sont strictement des questions relatives, des questions que seul l'individu peut trancher, comment imposer même la tolérance dans une société ? Il y a là une question fondamentale. D'où peut venir au juste cette notion de la nécessité de la tolérance dans une société ? En d’autres termes, au nom de quel principe absolu peut-on exiger des intolérants qu'ils abandonnent leur intolérance ? On nage alors dans la contradiction.

La fuite de l'absolu, Editions Samizdat.

Indications de lecture:

Voir la leçon la déconsctruction de la morale.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z

Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes| Textes philosophiques| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations
 
philosophie.spiritualite@gmail.com