Textes philosophiques

F. Nietzsche     s'accrocher à des croyances


   On mesure la force d'un homme, ou, pour mieux dire, sa faiblesse, au degré de foi dont il a besoin pour se développer, au nombre des crampons qu'il ne veut pas qu'on touche parce qu'il s'y tient. Le christianisme, en notre vieille Europe, est encore nécessaire à la plupart des gens ; c'est pour cela qu'il trouve encore des adeptes. Car tel est l'homme qu'on lui réfuterait cent fois un article de sa croyance, s'il en a besoin, il ne cesse de le tenir encore pour vrai, conformément à la fameuse preuve de force de la Bible. Quelques-uns ont encore besoin de métaphysique ; mais ce furieux désir de certitude qui se décharge aujourd'hui par bataillons massifs dans la littérature scientifico-positiviste, ce désir de vouloir à tout prix posséder quelque chose de sûr (alors qu'on passe avec assez grande indulgence, dans la fièvre de ce désir, sur les preuves de cette sûreté), c'est encore un désir d'appui et de soutien, bref un désir de cet instinct de la faiblesse qui ne crée sans doute pas les religions, métaphysiques et convictions de toutes sortes, mais… les conserve cependant.

Le gai savoir. (traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte) Éditions Gallimard p. 178-179.

Indications de lecture:

 

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