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Pierre Rabhi     Agroécologie


Pierre Rabhi. Je crois qu’il y a beaucoup trop de théories dans ce monde et pas assez d’actions. La question de la famine dans le monde n’est pas réglée avec un enfant qui meurt de faim toutes les sept secondes. Quand j’étais ouvrier agricole, j’ai vécu de près l’impact des pesticides sur la santé et sur l’environnement. J’ai vu des collègues mourir, intoxiqués. C’est pourquoi je défends le modèle de l’agriculture écologique.

L’être humain peut parfaitement se nourrir sans dégrader la nature et même en l’améliorant, c’est ce que je fais dans ma ferme. Mais l’agriculture écologique ce n’est pas seulement une technique, c’est une philosophie, une déontologie. Elle s’accompagne forcément d’un changement humain.

Nous ne pouvons pas rester dans le processus "me nourrir en détruisant". Nous ne sommes pas sur cette terre pour servir un système injuste et inégalitaire. Un système où une minorité insatiable ruine et affame le reste. Dissiper les ressources, polluer les océans, détruire les forêts, tout cela rentre dans l’idée de croissance économique. On ne regarde que le résultat comptable sans prendre en compte les conséquences de cette économie. Nous sommes à côté de la plaque, dans l’obscurité la plus totale.  

 Novethic. Vous dites que le déclic pourrait venir d’une crise alimentaire…  

Pierre Rabhi. Une crise alimentaire pourrait en effet permettre de remettre les pendules à l’heure et de se rendre compte de ce qui est vraiment essentiel. Nous croyons être dans la certitude. Mais l’organisation même de la production de nourriture, la monoculture extensive, la standardisation font que le moindre grain de sable dans la machine  - sécheresses, virus, pluies extrêmes…- peut créer une pénurie de très grande ampleur, qui affectera en priorité les villes.

J’assiste avec beaucoup de tristesse à l’extinction du monde paysan. Près de chez moi, il n’y a plus aucune ferme, les agriculteurs ont disparu d’années en années, laissant leur place à des industriels de la terre. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont devenus la catégorie professionnelle qui se suicide le plus. Ils nourrissent les banques, les marchands d’engrais, les supermarchés tandis qu’eux n’ont cessé de s’appauvrir. 

Je pense qu’il faut revenir à des petites ou moyennes structures, de la polyculture, de l’élevage, tout cela à taille humaine. Ce serait plus rassurant, notamment dans le contexte de changement climatique que nous connaissons et avec les conséquences qu’il va avoir sur la production agricole.  

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