Textes philosophiques

Lilian Silburn      La conscience universelle demeure indifférenciée


"La Conscience universelle demeure indifférenciée. Elle ne comporte, en effet, aucun élément étranger à son essence étant libre elle ne dépend de nul autre pour agir et se révéler : "C'est elle-même, par elle-même et à partir d'elle-même qu'elle manifeste tout ce qui existe".

Comment est-il possible que le monde infiniment varié qui est essentiellement identique à la conscience apparaisse comme s'il en était différent et, plus encore, comme s'il était extérieur, alors qu'en réalité il ne peut s'en détacher, étant donné qu'il repose en elle ?

la Conscience ne fait que se voiler et s'obscurcir au moyen de son activité inhérente qui est une énergie recouvrante et différenciatrice, tirodhana ou apohana-sakti, une limitation de soi qui se trouve ainsi à la source de la multiplicité cosmique...Siva en raison de sa libre volonté crée la variété des formes en découpant les objets qui, identiques à son Soi, forment une seule masse solide, en se servant du ciseau de son Énergie différenciatrice. L'Univers se révèle donc en Siva comme les rêves chez le rêveur sans l'intermédiaire d'une cause matérielle. ..les choses en leur infinie variété ne se manifestent qu'en se détachant sur la paroi lumineuse de la Conscience universelle qui, reposant en elle-même, brille de son propre éclat, de même qu'une peinture ne peut apparaître que sur un mur ou un écran bien éclairé....

D'autre part ces manifestations variées qui sont projetées pour ainsi dire sur la conscience ne contredisent en rien son unité. comme il appert au cas du miroir qui reste le même en dépit des objets multiples qui s'y dessinent. Si le miroir est pur ou si l'eau dans lequel on se regarde est limpide et tranquille, l'image qui s'y reflétera paraîtra unique et stable. Mais que le miroir soit impur ou l'eau agitée et l'image sera multiple et mouvante. ....Ainsi le monde que la libre volonté du Seigneur manifeste comme s'il était extérieur à lui, en dépit des distinctions qu'il présente, forme une unité indivise, car il repose à l'intérieur de la Conscience absolue, son substrat. Il ne peut exister indépendamment d'elle non plus que les reflets hors du miroir ni les rêves sans le rêveur. Il s'ensuit que l'intériorité n'est jamais entachée d'extériorité, parce qu'elle est l'unité du Sujet suprême (aham) et cette unité est toujours présente puisqu'elle est identique à la lumière consciente. Le Je (aham) ou la subjectivité infinie (purnahanta) est la plénitude, car il n'y a rien d'extérieur à lui. Il est le Sujet, car s'il était un objet il serait pour un autre, c'est-à-dire une apparence et un reflet (abhasa).

...Tout comme des villes et des villages variés qui se reflètent dans le disque d'un miroir sont dépourvus de distinctions, bien qu'ils semblent doués de distinctions mutuelles et séparés du miroir également, de même, procédant de l'Intelligence absolument immaculée du suprême Bhairava, cet univers tout en étant lui aussi dénué de toute distinction apparaît comme fait de parties mutuellement distinctes et distinct également de cette Intelligence.

Abhinavagupta  -Institut de civilisation indienne- Diffusion de Boccard -

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